Hallelujah!
...Enfin! Se disait-on au moment de la sortie de Ninokuni, après cette longue traversée du désert J-RPGtal, nous, fanas du genre depuis l'époque 16 ou 32 bits et ces innénarables Final fantasy, Dragon Quest, Zelda, Vagrant Story, Breath of Fire et j'en passe, nous allions ENFIN pouvoir s'adonner à notre genre préféré à nouveau! Ooohh en attendant on avait eu droit à quelques perles vidéoludiques heureusement : Journey, Uncharted, the last of us et d'autres, mais quand même, le RPG à la sauce niponne, ça manquait...
Level 5 se faisait donc fort de combler ce trou béant dans la nouvelle génération (enfin...pas si nouvelle que ça maintenant du coup!) en sortant le fantasme ultime de tout les fans de RPGs et d'animation japonaise en s'associant à Ghibli pour nous raconter l'histoire merveilleuse d'un petit garçon : Oliver, partit à l'aventure dans un autre monde magique à la recherche de l'âme soeur de sa maman, hélas morte dans le sien (de monde)!
Tout commence merveilleusement bien...
Tout commençait sur des chapeaux de roue, et quand on enfourne Ninokuni dans sa console, effectivement on se laisse emporter par l'histoire, l'univers...On a vraiment l'impression de "jouer à un Ghibli", c'est beau, c'est magique, c'est frais, aaahhh! Comme ça fait du bien!
La bande son n'est pas en reste d'ailleurs, du pur Joe Hisaichi qui se déchaine, collant parfaitement à l'action, mention spécial au morceau accompagnant la mappemonde qui fait partie d'un des plus beaux qu'il m'ait été donné d'entendre! L'histoire est à la fois classique, naïve, mais avec un grain d'imagination comme seul Ghibli sait nous en sortir! Les premières villes parcourues fourmillent de détails et de vie, on se ballade rien que pour le plaisir de tout observer, détailler, les fleurs sur les rebords de fenêtres, les oiseaux qui se posent sur les toits, les gens qui vaquent à leur occupations...Il y a de l'humour, de l'action, de l'émotion et les 20 premières heures de jeu, on n'arrive pas à lâcher sa manette des mains tellement l'univers est beau, immersif et frais!
Et malgré le côté "naïf" de son histoire (qui a moi ne me pose absolument pas de soucis, étant une grande enfant!), Level 5 a pris soin d'intégrer des dialogues très drôles à travers les personnages notamment de Lumi (la petite fée au gros nez qui vous suit partout) et d'autres personnages assez cocasses, j'ai des fois ris ou souris comme il m'est rarement arrivé dans un jeu!
Le système de combat quant à lui, basé sur le même principe que les pokemons, est assez bien foutus dans un premier temps et agréable, pourtant à la base j'étais refractaire au système pokemons hein, je ne sais pas pourquoi mais ça m'a toujours gonflé de faire se battre mes animaux de compagnie à ma place...Mais là ça fonctionne bien, le design des bêbêttes est très sympathique, mignon et original, le système d'évolution rends le tout très addictif, avec des bonbons à filer à vis familiers pour qu'ils évoluent sous différentes formes à choisir vous-même. Bref, certains trouveront peut-être que ça ressemble un peu trop à Pokemon, mais de mon avis personnel de newbie en combats de familiers, ça marche bien!
Puis il y a tout ce background, tout cet univers retracé à travers l'almanach du magicien, petit bijoux jamais vus dans un RPG, un grimoire entier crée tout spécialement pour le jeu! Avec une description des différents royaumes, des recueils d'alchimie, des explications sur la magie, les sorts, les guerres runiques, les familiers, et des contes merveilleux, le tout illustré avec des gravures à l'ancienne, ce qui, pour une illustratrice comme moi, tient de la véritable friandise visuelle! On parcourt donc avec fébrilité l'almanach du magicien, on apprend les différents sorts qu'on pourra utiliser à travers le jeu, c'est très varié et original et on se régale à l'avance des situations qui pourront engendrer l'utilisation d'un sort tel que "Miaou-Garou" ou encore "Lilliput"!
...Et le soufflet retomba
A ceux qui n'y ont pas encore joués, un conseil : arrêtez-vous là de ma critique et jouez à Ninokuni! Car malgré tout ce que je vais dire plus bas, il en vaut la peine, et vous n'aurez peut-être pas le même avis que moi.
...Mais je me dois quand même de dire ce qui m'a réellement déçu dans Ninokuni, même si je n'ai pas identifié le sentiment comme tel au départ. En vérité il fait preuve d'un curieux nivellé du très haut vers le...moyen, mais qui descend tellement petit à petit que vous ne vous en rendez pas compte tout de suite.
Hélas après une vingtaine d'heures de jeu, Ninokuni commence à devenir de plus en plus...Routinesque pour ainsi dire, l'histoire suit son petit bonhomme de chemin et nous continuons à suivre l'aventure avec plaisir mais le petit brin de magie de départ n'y est plus, subsiste une curieuse impression de jeu finis à la va-vite sur lequel les géniteurs se sont lassés de travailler, car en effet TOUT les éléments du jeu suivent cette courbe descendante :
musiques (thèmes identiques d'une ville à l'autre, ou oubliables...), décors (ça continue à être joli imais on est plus autant impressionnés par la qualité des détails), il n'y a quasiment plus de séquences animés made in Ghibli alors que le jeu en était truffé au départ, le scénario comporte quant à lui son lot de jolies histoires mais elles se déroulent sans éclats et sans emphases scénaristiques ou visuelles, pas de musiques spéciales pour appuyer un évènnement ni de cinématique pour sublimer l'action, niet!
Quant au système de combat, il commence à montrer aussi des signes de faiblesse : surtout quand il s'agit de compter sur ses alliés (au nombre de 3), gérer par la machine et des notions de tactique ultra-basiques qui les amènent souvent à faire n'importe quoi...Comble : souvent je me retrouvais toute seul avec Oliver en contrôle et je m'en sortais mieux, mes deux alliés étant plus efficaces KOs que debouts...Quitte à faire des personnages gérés par AI, autant faire pareil que le système de gambit de FFXII, qui permettait de régler un certain nombre de paramètres pointus qui rendait les alliés efficaces...
Les mini-quêtes de coeurs à réparés, qui était intéressante et rafraichissante au début, se transforme en routine elle aussi, la faute à un principe par trop facile et mécanique...Et le comble du comble, ce sont ces sorts qu'on ne peut pas utiliser! C'est ce qui m'a le plus déçue et estomaqué je crois dans ce jeu, on nous sort une kyrielle de sorts alléchants car originaux, notre cervelle bouillonne à l'avance de ce qu'on va pouvoir en faire et...Rien! Et c'est impardonnable je trouve, de nous donner envie de quelque chose pour qu'on découvre finalement que ce n'était là que pour "faire jolie", c'est cruel même, Ninokuni tu n'es qu'une sale petite allumeuse sur ce coup!
Enfin pour clore le chapitre de ce qui ne va pas, (attention spoilers!) il y a le point final de l'histoire, il y a ce rallongement incompréhensible du scénario qui flingue la beauté de la conclusion qu'aurait pu avoir le jeu SI on s'était arrêté juste après avoir vaincus Shadar. Au lieu de ça, Level 5 nous offre un retournement de situation, un effet "fake end", qui aurait pû être vachement bien s'ils n'avaient pas totalement bâclé la vraie fin du jeu, qui nous laissent pantois de consternation tellement elle est fade et sans saveur et contraste avec le début pleins d'emphases et de magie...
Au final Ninokuni nous laisse ce goût un peu doux-amer d'un début exceptionnel et d'une seconde partie moyenne et bâclée, d'un jeu qui aurait pû être un chef d'oeuvre et ne se révèle être "qu'un" bon jeu. Mais j'ai l'impression d'être un peu sévère, car même si la seconde partie de l'aventure se révèle moins flamboyante que le début, on continue quand même à parcourir avec plaisir l'univers de Ninokuni et ses multiples petites quêtes annexes...J'aimerais bien que Level-5 nous ressorte un RPG un de ces jours, en prenant soin cette fois de maintenir le niveau du début à la fin de leur création!
