Nombreux sont les joueurs qui ont découvert le travail de Yoko Taro avec NieR : Automata, le volet le plus récent de la franchise. Mais avant lui, il y avait Drakengard et surtout NieR premier du nom. Paru en 2010 sur Xbox 360 et PS3, ce dernier avait obtenu les louanges d’un public restreint, de par son atmosphère particulière et son parti-pris narratif, mais cumulait trop de défauts structurels pour affoler le radar du grand public. Onze ans et une suite plus tard, tout a changé pour la franchise, au point de motiver Square Enix à donner une seconde chance au titre et commander sa refonte au studio Toylogic. Ce dépoussiérage s’avère-t-il suffisamment travaillé pour permettre aux retardataires de vivre l’épopée qui a mené aux événements d’Automata dans les meilleures conditions ?


Le monde d’après
L’histoire de NieR Replicant débute dans les ruines d’une Tokyo dévastée, en 2053. Malgré l’été, une épaisse couche de neige recouvre les gravats. Un silence morbide enveloppe les décombres du supermarché où un jeune homme, en quête désespérée de vivres, trouve refuge avec sa sœur gravement malade. Soudain, des créatures surnaturelles font leur apparition et passent à l’attaque sans préavis. Le garçon est à bout de forces, mais il n’a pas d’autre choix que lutter pour protéger sa cadette et, peut-être, survivre un jour de plus. Il ne peut qu’espérer que la magie que renferme l’étrange grimoire qu’il possède suffira à repousser les ombres. 1412 années plus tard, la nature a repris ses droits, mais le monde est en pleine déliquescence et l’humanité est désormais au bord de l’extinction. Non seulement les ombres sont devenues une menace quotidienne, mais une étrange maladie, la nécrose runique, se propage comme une traînée de poudre et provoque une véritable hécatombe. Rongée elle aussi par ce mal incurable, les jours de la jeune Yonah sont comptés. Mais loin de se résigner face à une issue pourtant évidente, son protagoniste de frère refuse de succomber au désespoir et jure de trouver un remède à tout prix. 


Replicantitatif
Petites précisions généralistes pour débuter : le “NieR” paru en 2010 sous nos latitudes était en fait “NieR Gestalt”, l’une des deux versions sorties au Japon. NieR Replicant ver.1.22474487139 est, logiquement, calqué sur “NieR Replicant”, inédit chez nous. Qui dit “seconde mouture” ne dit pour autant pas forcément “expériences complémentaires”, puisqu’à part un changement cosmétique de protagoniste (papa bourru ou frangin éphèbe) et les quelques nuances qui en découlent durant les dialogues, les deux jeux s’avéraient identiques dans leur déroulement. Mais revenons-en à cette fameuse itération 1.22474487139. Yoko Taro lui-même s’est bien gardé de prononcer le mot “remake” durant ses interviews, se contentant d’évoquer, comme l’indique le titre sur la jaquette, une relecture améliorée et enrichie. Ainsi, le résultat final reste extrêmement fidèle à son modèle sur sa structure. NieR Replicant reste un Action RPG mettant en scène les mêmes lieux, les mêmes personnages et les mêmes événements, avec quelques petits trucs en plus.


Émile et images
Pour autant, difficile de ne décrire NieR Replicant que comme un simple remaster, tant le travail fourni par Toylogic s’avère conséquent. Côté visuel, le studio ne s’est pas contenté d’un simple lissage, mais a plutôt préféré repartir de zéro au niveau des assets graphiques. Ainsi, si la géométrie du terrain de jeu reste rigoureusement identique à l’original, tout a été repensé de fond en comble afin de tirer parti d’une technique modernisée. Les textures et les éclairages s’en trouvent ainsi transfigurés. De plus, la colorimétrie et le character design ont été sensiblement retouchés afin d’établir une cohérence plus poussée avec Automata. Et petit miracle en soi, la direction artistique lumineuse et éthérée d’origine n’en pâtit aucunement. Même si le résultat peut paraître encore désuet en comparaison des normes actuelles, il suffit de lancer une vidéo Youtube d’époque pour constater un fossé manifeste. Côté gameplay, le titre fait là encore étalage de sa volonté de proximité avec sa fratrie. Sans atteindre la souplesse et la nervosité de la formule de Platinum Games, quelques ajustements ont été apportés aux combats, les débarrassant de leur rigidité et de leurs approximations passées. En résultent des affrontements vifs, aux chorégraphies bien plus brutales qu’auparavant. Enfin, l’ergonomie globale a été remaniée et même si elle fait encore montre d’un certain anachronisme, elle s’avère sensiblement plus agréable.


Le NieRvana
Côté contenu, Nier Replicant n’a finalement pas beaucoup changé, puisqu’à l’exception d’un court arc narratif intégré au beau milieu de l’aventure ainsi qu’un nouveau dénouement final faisant le pont avec sa suite, les vétérans navigueront en territoire connu. Notons tout de même que le titre a le tact d’embarquer d’office le contenu qui était d’origine uniquement accessible en DLC. Quelques cosmétiques et quelques arènes de combat supplémentaires, ce n’est pas grand chose, mais par les temps qui courent (*tousse*Atlus*tousse), ça fait toujours plaisir. En portant un regard nouveau sur l’aventure, on se rend compte que la quasi-totalité des éléments qui font le sel d’Automata y préfigurent. Le plus frappant reste la tonalité de l’univers dépeint, résolument sombre et dépressif, avec sa galerie de personnages aussi torturés que profondément humains (cœurs sur toi, Émile) et sa bande-son, déjà exceptionnelle à l’origine, encore magnifiée par les retouches fines et subtiles d’un Keiichi Okabe irréprochable. Un terreau hautement fertile permettant à Yoko Taro d’exprimer le talent de sa plume, avec une narration chargée de larmes, de douleur et de questionnements philosophiques, toute en fins multiples itératives et bris de quatrième mur. Les séquences de jeu hétérodoxes sont toujours de la partie, jonglant habilement avec les angles de caméra afin de varier les plaisirs et offrir un hommage appuyé au jeu vidéo. Tantôt Shooter, tantôt Hack n’ Slash, en se permettant quelques détours du côté du Survival Horror et du RPG textuel, le titre affichait déjà, sept ans avant son successeur, son amour du média.


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le 24 juin 2021

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