À sa sortie initiale sur Xbox One, le 11 mars 2015, Ori and the Blind Forest a immédiatement conquis le cœur de la critique et des joueur, pour une fois unanimes quant à l’emploi de superlatifs. Riche d’une direction artistique envoûtante, d’un gameplay bien rôdé et d’un level design aux petits oignons, le titre de Moon Studios est depuis considéré comme l’une des meilleures exclusivités de la machine. Comme autant de preuves de sa Success Story, quatre années et un rapprochement de Microsoft et Nintendo plus tard, la petite gemme du jeu de plateforme se paye le luxe d’une suite, prévue pour l’année prochaine, et d’une ouverture à la concurrence sous la forme d’un portage de sa Definitive Edition sur l’hybride du constructeur nippon. Fort de sa réputation et d’une demi-décennie de bouche à oreille, la petite boule de poils blanche fait un retour fracassant sous les feux des projecteurs, pour un portage qui a toutes les chances de rééquilibrer la Grande Balance Cosmique et permettre à ceux qui étaient passés à côté de lui prêter enfin l’attention qu’il mérite.
On laisse pas Ori dans un coin
En cette époque de profusion vidéoludique, nul ne peut malheureusement jouer à tout ce qu’il souhaiterait, ni même se renseigner sur tous les sujets. Commençons donc par répondre à la question la plus importante pour les retardataires : Ori and the Blind Forest, c’est quoi exactement ? Pour résumer dans les grandes lignes, il s’agit d’un jeu de plateforme au gamedesign très orienté Metroidvania dans lequel le joueur incarne Ori, jeune esprit qui devra sauver sa forêt mourante. On retrouve donc un terrain de jeu labyrinthique taillé d’un seul et même bloc, divisé en de multiples sections majoritairement hors d’atteinte en début d’aventure et accessibles uniquement à l’aide des nombreuses capacités glanées au compte-goutte tout au long de la progression du joueur. La formule paraît classique sur le papier, voire éculée, la faute à une scène indépendante particulièrement prolifique sur ce sujet. Il convient néanmoins de reconnaître qu’elle s’avère souvent d’une efficacité redoutable lorsqu’une équipe de développeurs se l’approprie avec brio et parvient à y injecter un petit supplément maison (coucou Hollow Knight). Et justement, Ori a tout du cas d’école en la matière.
Ori est magique
Inutile de s’étendre plus que de raison sur la première chose qui saute aux yeux quand on voit tourner Ori and the Blind Forest pour la première fois. Oui, le jeu est un sans-faute absolu sur le plan visuel, une véritable orgie du genre à relancer à elle seule et une fois de plus le débat sur le statut d’oeuvre d’art d’un jeu vidéo. Porté par une sublime direction artistique fortement inspirée de l’onirisme bucolique d’un Princesse Mononoké et les compositions musicales virtuoses de Gareth Coker, inconnu jusqu’en 2015 mais qui ne manquera assurément pas de travail à l’avenir, Ori a toutes les chances de faire fondre même les plus endurcis. D’autant que derrière son ramage qui se rapporte à son plumage, le titre dévoile rapidement un cœur plus proche des contes des frères Grimm, dénué de tout manichéisme, que des fables Disney. Sa seule introduction risque par ailleurs d’avoir en une poignée de minutes un certain effet sur les glandes lacrymales des plus sensibles. Prévoyez donc les kleenex si vous supportez mal les ambiances mélancoliques aigre-douces.
L’art d’envoyer du bois
Mais tout aussi resplendissante que soit une direction artistique, l’écrin ne saura jamais se substituer au joyau qu’il est supposé abriter. Et pour un jeu vidéo, un visuel à l’avenant ne saura jamais combler totalement les manquements d’un gameplay plat. Fort heureusement, si celui de Ori ne s’illustre pas particulièrement pour son originalité, il peut néanmoins s’enorgueillir d’une précision et d’une efficacité redoutables. Le maniement de notre hybride lapin-chat s’avère d’une souplesse et d’une légèreté exemplaires et répond au doigt et à l’oeil en toute circonstance. Metroidvania oblige, la palette de mouvements restreinte au début du périple s’enrichit rapidement, rendant le lémuriforme capable des acrobaties les plus aériennes. À noter que si ces capacités spéciales sont le plus souvent des grands classiques, comme les éternels sauts muraux et double sauts, une poignée d’entre elles s’avèrent plus surprenantes et permettent quelques excentricités de gamedesign des plus réjouissantes. À ce sujet, sachez par ailleurs que Ori n’est pas de ces jeux-promenades où la vie est une longue excursion champêtre entrecoupée de quelques boss à patterns. Si la grande majorité du jeu ne pose jamais réellement problème, quelques séquences assez retorses et clairement orientées Die and Retry pourront stopper net les élans fougueux des moins aguerris.
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