Paper Mario: Sticker Star
5.8
Paper Mario: Sticker Star

Jeu de Intelligent Systems, Vanpool et Nintendo (2012Nintendo 3DS)

Les Paper Mario se suivent et ne se ressemblent pas. On connait la série sous la forme d'un jeu de rôles loufoque, mais ce n'est finalement qu'une étiquette qu'elle se colle et se décolle à son bon gré.
Depuis La Porte du Millénaire, sur Gamecube, Paper Mario n'aura jamais réellement replongé dans le rpg. Ce qui n’est pas forcément un mal, mais n’est pas forcément un bien non plus.

Si les combats au tour par tour font leur retour, on déplore, comme pour l'opus précédent sur Wii, l'abolition des points d'expérience (ou plus précisément, d'un système de montée de niveau intéressant...). Les affrontements, dépourvus de carotte, s'en voient affadis, car tout ce qu'il sera possible de gagner en écrabouillant ses adversaires, c'est de l'argent.

Le système est d'ailleurs particulier (mais pas franchement désagréable), car toutes les actions du personnage sont représentées par les stickers (collants, en français) collés dans son album. Chaque utilisation d'un saut, d'un marteau, d'une fleur ou autre, détruit donc le sticker correspondant, que l'on trouve heureusement en abondance dans le décor, les magasins ou sur les ennemis.

L’argent servira tout de même à déclencher une roulette spéciale, qui permet d’agir plusieurs fois dans le même tour (ainsi qu’à acheter des stickers spéciaux, mais ça ne remplace pas vraiment l’intérêt de vrais points d’expérience…). Quant à la vie du personnage, il faudra trouver des cœurs cachés disséminés dans les niveaux pour augmenter sa valeur, et ça devient vite obligatoire de fouiner un peu.

Pour pallier le manque d'intérêt relatif des combats (qui ne servent donc qu'à accumuler du pécule), les environnements regorgent de secrets, et tâchent de se renouveler par un level-design attractif. Dans Paper Mario Sticker Star, on trouve toujours une foultitude de moyens d’interagir. Les décors sont emplis de stickers à décoller pour modifier l’environnement et avancer dans le niveau, et pour résoudre les énigmes semées sur son chemin, Mario se voit confier le pouvoir de d’arracher et de replacer certains éléments particuliers de l’environnement, que les méchants de l’histoire déplacent à tout-va pour vous empêcher de parvenir à vos fins.

Sur le papier, l’idée est sympathique. Il y a trois types de stickers que l’on peut coller.

Le premier, les éléments de décor. Vous arrivez devant un grand portail blanc, dont la porte a été remplacée par un grand espace vide nébuleux, et il va falloir retrouver l’objet enlevé dans un des niveaux du jeu afin d’avancer (ici, la porte). On ne les garde guère longtemps dans son album en général, et étant d’une catégorie à part, ils n’empiètent pas sur la place maximale allouée à vos stickers de combat.

Le second, les « choses » (nom officiel), qui sont des stickers cachés (des ciseaux, ventilateurs, robinets… des objets du commun en vérité), qu’il va falloir transformer en stickers de combat, pour débloquer une situation précise. Un passage dans un monde, ou un boss bien trop exagérément dopé pour être affronté normalement. L’usage de ces « choses », je le déplore, car très vite le jeu bascule dans un abyme de complexité. On se trouve dans un paysage, face à une petite souche qui indique qu’il faut employer une « chose », en sachant de moins en moins laquelle, alors qu’elles prennent énormément de place dans l’inventaire et que si on ne choisit pas la bonne, elle est perdue !

"Est-ce que je transforme ma cuvette de WC en sticker de combat pour essayer de la placer ici ? Non, non, je vais plutôt remplir l'inventaire avec un marteau-piqueur, une boule de billard et un radiateur bon marché... ça va marcher, c'est sûr !" Ou pas. Stickers-choses gaspillés, partie à recharger.

On se retrouve donc à essayer plusieurs possibilités, à recharger sa partie, puis à repartir battre la compagne en espérant trouver le bon machin… qui nous inspirera la solution malgré le manque flagrant d’indices. Bref, c’est pas jojo.

Le troisième type de sticker à coller est anodin, puisqu’il s’agit des objets de combat tout simples, comme un Saut ou un Marteau, dont on se sert pour bloquer des conduits, faire apparaître des blocs cachés et autres petits évènements de ce type.

Paper Mario oblige : l’humour est délicieux. Les dialogues sont soignés au possible, toujours pour provoquer le sourire, sans forcer, et avec même une certaine subtilité. Par contre, il n’y en a pas tant que ça. Beaucoup de l’aventure se passe à battre la campagne sans interlocuteur valable, à progresser dans les niveaux et à débloquer péniblement de nouvelles routes.

Dommage. Pour autant, même si les Game Over peuvent arriver facilement, ou qu’il n’est pas toujours facile de dénicher le bon sticker, le bon moyen de passer ou de battre un boss, Paper Mario n’est pas un jeu résolument difficile. Le Game Over (pouvant être fréquent, se laisser distraire pendant un combat peut vous sécher en un seul tour si vous ratez vos défenses, ou si vous vous laissez aspirer par les sables mouvants pour voir s’il n’y aurait pas un passage secret dans le coin…) force le joueur à refaire le niveau, qui prend rarement plus de vingt minutes à boucler.

Pour les boss, c’est plus désagréable. Sans les « choses » appropriées (exemple : une batte de baseball pour un monstre qui semble vaguement constitué de boules), les affrontements peuvent devenir extrêmement pénibles. Un jeu qui vous force à chercher le bon objet pour combattre (qui prennent de la place, donc il faut en essayer plusieurs, charger la partie si on se trompe, revenir…) au moment où on veut dérouiller un méchant coriace se montre un peu à côté de la plaque.

Comme souvent, la musique du jeu est plutôt agréable. Un tantinet rébarbative dans certains cas précis, mais en général, un air enjoué qui accompagne parfaitement l’aventure.

Le scénario ne vaut pas vraiment la peine d’être mentionné, malheureusement. Contrairement aux opus précédents qui tâchaient de rompre la monotonie, Sticker Star se veut beaucoup plus classique. Et plat. Un des quelques détails contribuant à diminuer la qualité globale du titre, et à ne faire de ce Paper Mario qu'un jeu sympa, mais sans plus.
Virevolte
7
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le 14 déc. 2012

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Virevolte

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