Prenez une île. Une île perdue au milieu de nulle part, avec sa propre mythologie difficile à décrypter, ses habitants hauts en couleur, et des mystères à tire-larigot. Le personnage que l'on incarne, aidé d'un ordinateur personnel, a pour mission de tirer tout cela au clair, épuisant ses semelles en courant d'un bout à l'autre de l'île.


Non, je ne parle pas de Paradise Killer, mais de Flower, Sun and Rain.


FSR est un OVNI (comme tous les jeux imaginés par Suda51), une bête curieuse qui presque 20 ans après sa sortie reste toujours intrigante et difficile à dépecer. Pour certains, c'est une expérience sans intérêt aucun ; pour d'autres, un chef d'œuvre de surréalisme. Et cela fait quelques temps qu'un remake est envisagé par son créateur.


Et voilà que débarque Paradise Killer. Prenez une île. Une île perdue au milieu de nulle part, avec sa propre mythologie difficile à décrypter, ses habitants hauts en couleur, et des mystères à tire-larigot. Le personnage que l'on incarne, aidé d'un ordinateur personnel, a pour mission de tirer tout cela au clair, épuisant ses semelles en courant d'un bout à l'autre de l'île.


Tiens, tiens.


Le jeu s'inspire sans honte de nombreuses curiosités vidéoludiques, notamment les jeux de Suda51 naturellement, mais également la franchise Danganronpa (pour n'en retirer que les meilleurs côtés, à savoir un character design qui a du peps et une esthétique globale très soignée) entre autres.


Ce qu'il faut dire, en fait, c'est que Paradise Killer est vraiment classe. La bande-son vaporwave que l'on peut contrôler via un jukebox (VA-11 HALL-A mais en mieux), l'interface aux couleurs vibrantes, la mise en scène captivante, tout contribue à faire des ~15h de jeu une expérience fort agréable.


Avec une monnaie propre à l'île, vous pouvez acheter de nouvelles musiques, vous téléporter, obtenir de nouveaux thèmes pour votre ordinateur personnel, obtenir des améliorations, et vous pouvez même recevoir quelques renseignements qui pourraient se révéler utiles…


La galerie de personnages est plus que marquante. Chaque suspect ment, dévie les arguments pour renforcer les soupçons sur quelqu'un d'autre, mais peut aussi se rapprocher de vous pour, qui sait, vous aider dans votre enquête.


Ce qui m'a frappé, c'est aussi à quel point la conclusion de mon enquête m'avait affecté. Avais-je trouvé le ou les bons coupables ? La sentence était-elle juste ? Car ces suspects deviennent plus que cela. On se lie à eux, et on en vient à espérer que notre raisonnement est faux. Le marteau de la justice s'abat, et le jeu prend enfin tout son sens.


Car si le jeu sait qui est coupable et qui ne l'est pas, vous n'aurez jamais que votre propre avis, votre propre vérité, et c'est celle-ci que vous devrez assumer. Vous pouvez choisir de démarrer le procès sans n'avoir récolté quelque indice que ce soit. Ou bien, vous pouvez prendre le temps de tout récupérer, de tout déduire, mais là encore, rien ne garantit que vous aurez raison.


C'est là la plus grande force de Paradise Killer. Vous enquêtez comme vous le souhaitez. Vous pouvez vous concentrer sur une paire de suspects, vous pouvez interroger tous les suspects à la chaîne, ou vous pouvez d'abord décider d'enquêter sur la scène de crime. Il n'y a pas de checklist absolue, pas de condition à remplir pour que le jeu vous laisse continuer. Le système est ingénieux, une vraie leçon en la matière, et c'est en cela qu'il fait de ce jeu l'un des meilleurs du genre.


On pourrait alors se demander si le jeu reste cohérent, puisqu'il laisse tant de liberté au joueur, et la réponse est oui. Les mystères sont finement imbriqués les uns dans les autres, chaque élément du jeu répond à un autre, ce qui lui donne un équilibre certain. Le script est soigné, et si les multiples références à la mythologie de l'univers laisseront le joueur confus un moment, il prendra vite le train en marche.


En résumé, Paradise Killer est un bijou, une mise au goût du jour de FSR, une référence du jeu d'enquête alors même que d'autres franchises sont paralysées par les mêmes poncifs qu'il est grand temps de changer.

Lautael
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le 19 sept. 2020

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Lautael

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