Imbriquez-les Tous !

Sur le papier, c’est très loin d’être une mauvaise idée : Pokemon Tetris se présente sous la forme d’un Tetris à première vue tout ce qu’il y a de plus normal, à ceci près que lorsqu’on réalise un tetris, c’est à dire lorsqu’on élimine quatre lignes d’un coup grâce au I, on capture le pokemon affiché à ce moment-là sur la droite de l’écran, pokemon qui change à intervalles réguliers (toutes les 20 secondes environ), et qu’il sera possible de transférer vers sa version Or / Argent / Cristal grâce à la connectivité Game Boy Color / Pokemon Mini…je trouve le principe tout simplement génial !

En plus, le truc est plutôt bien pensé : on aurait pu imaginer que les seuls pokemon capturables par ce biais soient des spécimens pourraves trouvables par paquets de 12 dans n’importe quelles hautes herbes de la map mais que nenni, plus on monte en level, plus les chances de choper un pokemon fort/rare augmentent ! Imaginez un peu si Nintendo poussait le concept à fond les ballons, en interconnectant toutes ses séries supercentenaires… Imaginez par exemple un donjon dans un futur Zelda, dans lequel Link découvrirait au détour d’un passage secret un coffre, contenant un "bien étrange artéfact de forme sphérique", qui serait en fait une pokeball renfermant un pokemon, récupérable au Poke Center du coin dans le futur jeu Pokemon… Perso, je vois ça comme une sorte de "easter egg 2.0" qui ne serait pas dénué d’intérêt (et pour le joueur, et pour Nintendo).

Mais alors, si c’est si génial, qu’est-ce qui ne va pas avec ce Pokemon Tetris ? En un mot : "pentamino". Celui qui a imaginé ce mélange (d)étonnant sensé séduire à la fois l’amateur du célèbre casse-tête soviétique et l’adepte de la collectionnite aiguë n’a visiblement pas compris ce qui faisait la puissance addictive du premier. Si Aleksei Pajitnov a préféré utiliser des tetraminos (pièces de 4 carrés) pour son jeu, plutôt que les pentaminos (pièces de 5 carrés) desquels il s’est très largement inspiré, ce n’est pas pour rien, et c’est d’ailleurs ce qui rend son équilibre si parfait. Un tetramino, c’est 7 possibilités de formes distinctes (en comptant les images miroir), ce qui n’est ni trop, ni pas assez. Un pentamino, c’est 18 possibilités, et c’est beaucoup trop. Les clones de Tetris qui pullulaient à sa sortie (big up à la Watara Supervision :p) l’ont d’ailleurs bien appris à leurs dépends…

Si Pokemon Tetris propose bien 3 modes de jeu distincts, l’un avec des tetraminos, le deuxième avec des pentaminos, et le dernier avec un mélange des deux, les pentaminos s’inviteront irrémédiablement à la fête passé un certain niveau dans le mode de jeu de base, ce qui compliquera logiquement la réalisation des tetris, puisqu’on finit par avoir 18+7 possibilités de formes distinctes, soit 25 en tout, ce qui est immensément trop. Je suppose que Nintendo craignait que les experts du jeu original (genre moi quoi) fassent péter les highscores et se constituent des team de fou furieux en à peine quelques heures de pratique, mais dans ce cas-là, ce sont les conditions d’obtention des pokemon qui auraient dû être mieux pensées… Après, n’ayant joué au jeu que sur émulateur, je n’ai donc pas transféré les pokemon gagnés sur une cartouche, et j’ignore totalement si les Ronflex, Arcanin et autres Ectoplasma obtenus sont d’un niveau proche de la Ligue ou sont plus proches du niveau d’un starter… :)

En bref, la seule présence des pentaminos fout en l’air toute la magie du concept bien rôdé de Tetris. À haut niveau, lorsque les pièces tombent très vite et qu’on a peu de temps pour réfléchir, il est très difficile de distinguer les tetraminos des pentaminos que le jeu s’amuse à distiller… Du coup, le titre du jeu est finalement un peu mensonger, mais bon, on lui pardonne pour cette fois, car Pokemon Pentis, très franchement, ça craint un max comme nom…