Vous avez vu la note, oui, je recommande ce jeu, vous savez donc à quoi vous attendre au niveau du contenu de la chronique. Le premier épisode présentait un concept novateur et du même coup un gameplay totalement unique. Le joueur, catapulté dans un univers totalement inconnu, passait de salle en salle armé d'un fusil qui ne tuait personne et permettait à l'héroïne taciturne d'aller partout, sauf à la surface. On apprenait lentement à utiliser son arme étrange en même temps qu'on apprenait à haïr GLaDOS.
Portal premier du nom s'achevait sur une myriade de question irrésolues et laissait le joueur passablement désemparé.
À mon sens, Portal 2 a fait exactement ce qu'il fallait pour surclasser le premier. Le concept étant connu, il fallait que Portal 2 brille par son scénario, par son ambiance, c'est chose faite.
Mais prenons les choses dans l'ordre.
Premièrement, les graphismes.
Valve joue ici un jeu intelligent. Celui de tirer le maximum d'un moteur, sans utiliser ces effets inutiles pour cacher la misère artistique d'un jeu. C'est très bien les tueries graphiques qui te font saigner les yeux, mais si c'est pour jouer en diapositives, je regrette. Je joue à un jeu, si j'ai envie de mettre mon PC à genoux, je lance un benchmark, et c'est réglé. Les graphismes doivent servir le gameplay, pas le contraire. Je pense que Valve montre qu'on peut faire des jeux amusants à jouer sans devoir changer son PC chaque semaine.
(Certains ont les sous pour le faire, pas tout le monde.)
Le moteur Source fait ce qu'on lui demande, et on peut jouer sans avoir une configuration du feu de Dieu, soulageant. Mais ne croyez pas que le jeu est moche. Certains décors sont réellement percutants (et immenses), à ce titre, l'ampleur des décors ne fait qu'ajouter à l'intense sensation de solitude qui nous suit tout au long du jeu.
Concernant la bande son, celle-ci est excellente, les musiques changent perpétuellement, entre morceaux ambiants discrets ou plus insistants, on sent que les musiques appuient la narration avec efficacité. De plus, de nombreux bruitages participent avec subtilité à renforcer l'ambiance. Par exemple, à chaque fois que le joueur effectue un saut particulièrement grand, on entend un cliquetis synthétique. Subtil, mais significatif. Un sens du détail qui fait plaisir.
Niveau gameplay, comme je l'ai dit, le concept est déjà connu, heureusement, Valve a bossé pour apporter suffisamment de nouveautés pour que celui qui a tâté le premier ne s'ennuie pas. Entre les "plaques de foi", les jeux de rayons lasers et les nombreux fluides aux effets variés, on a de quoi faire. On remarquera que les diverses nouveautés que le joueur rencontrera trouveront une explication dans le scénario, le tout sans rencontrer la moindre incohérence scénaristique.
D'ailleurs, ces nouveautés ont un peu changé le fonctionnement des salles de test. Si on avait l'habitude d'avancer dans les salles de test en résolvant une énigme après l'autre, un peu comme dans un couloir, les nouvelles salles de test marchent différemment. Ici, il nous arrivera fréquemment d'arriver dans une grande pièce avec un écoulement de fluide, des lasers, des puits de gravité, et le joueur devra réfléchir pour trouver comment tout cela s'articule, et par quoi commencer. Concernant la difficulté, contrairement à d'autres chroniqueurs, je la trouve très bien dosée, et ce pour une raison simple. S'il n'est pas forcément facile de trouver comment se sortir de la salle, une fois qu'on a trouvé comment faire, ça FONCTIONNE. Il n'y a donc pas de frustration. Quand on fait ce qu'il faut, ça fonctionne, point. Les joueurs de Portal Prelude (un mod fait par des amateurs), comprendront de quoi je parle, entre les sauts millimétrés et les fenêtres de 18 millisecondes pour créer le portail sur le mur d'en face... Si tu veux un jeu de skill, joue à Quake III. Concernant le mode coopération, certaines énigmes sont bien tordues, de quoi satisfaire ceux qui trouvent le jeu trop facile.
Mais la grosse force de ce Portal 2, c'est son scénario. Si Portal premier du nom installait une ambiance hyper glauque dès le départ, Portal 2 allégera parfois le ton, pour mieux vous frapper au visage ensuite. Je trouve que la relation que le joueur entretient avec GLaDOS prend encore en densité au fur et à mesure de l'aventure, alors qu'elle nous tend des pièges par dizaines (dans lesquels on tombera parfois, alors qu'on y croyait vraiment!). Le triptyque GLaDOS, Wheatley et Chell (l'héroïne que l'on incarne), évolue énormément au fur et à mesure du jeu, et les renversements de situations sont extrêmement crédibles, car chaque personnage a ses raisons d'agir comme il le fait.
S'il est vrai que Portal 2 donne énormément de réponses (comme l'a dit un autre chroniqueur), se plonger dans le passé mystérieux d'Aperture Science a été pour moi une des meilleures expériences vidéoludiques de ma vie. Après avoir inventé le FPS d'énigmes, Valve invente le FPS d'énigmes à background. On est constamment balloté entre émerveillement, humour caustique et absurde (les salles de test cachées sont hilarantes), et une sensation de profonde solitude, entouré de robots qui vous veulent rarement du bien, à des kilomètres de profondeur. Cette atmosphère d'enfermement est très bien rendue, (GLaDOS en joue même pour nous piéger parfois), alors qu'on évolue dans un centre immense!
On aimerait être celui qui, au milieu des chroniques dithyrambiques, a vu que Portal 2 n'était pas parfait. On voudrait être celui qui peut dire que Valve est un studio surestimé. Alors oui, le mode solo n'est pas super long, les graphismes ne sont pas à la pointe, que sais-je encore, mais si on replace le jeu dans le contexte actuel du monde du jeu vidéo, Portal 2 surclasse. Valve créée ici un monde passionnant, le scénario est complètement dingue, bien conçu, original (Pour une fois, pas d'histoires de zombies), je me suis donné du mal pour ne pas écrire le moindre spoil dans cette chronique, tellement on a envie de citer tel chapitre pour étayer notre thèse. Regardez les jeux qui sortent en ce moment, les FPS annuels (Call Of Duty et consorts), les Beat them all classiques, les jeux fades, qui répètent à l'envi des recettes éculées, seuls les petits studios indépendants font l'effort de l'originalité. Portal 2 est le seul jeu récent du top 10 sur SensCritique, et sa place me semble ô combien justifiée.
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