Amateur de macro-stratégie, sachez qu'il n'y a pas que la micro et Starcraft II dans la vie. Il y a R.U.S.E. aussi. Si vous pensez qu'une bonne petite embuscade en forêt avec dix hommes vaut bien plus que tous les chars du monde ou si vous pensez qu'un mauvais plan finit toujours en bain de sang, alors R.U.S.E. est fait pour vous. Quand l'issue d'un combat peut basculer grâce à une seule unité...
« Sous fond de seconde Guerre Mondiale »
Durant la campagne de R.U.S.E. et ses 23 missions sous fond de seconde Guerre Mondiale, vous incarnez le colonel Joe Sherridan, un jeune officier américain envoyé en Tunisie. Le conflit fait rage et votre armée souffre d'une importante fuite, un espion du nom de Prométhée est planqué dans vos rangs et divulguent vos plans à l'officier allemand Von Richter. Pourtant, votre aptitude à trouver un plan B toujours à temps va vous offrir une belle promotion et une visite de l'Europe. Italie, France, Hollande, Belgique et Allemagne seront le théâtre de vos opérations. Le tout ponctué de nombreuses cinématiques, parfois in-game, à l'excellente mise en scène si l'on fait abstraction de la synchronisation labiale déplorable en français. Malgré un scénario tellement vu et revu que l'on arrive même plus à savoir qui a copié sur l'autre et l'espion que l'on devine après trois missions, nous enchaînons les missions sans réticence.
Le véritable intérêt de cette campagne est qu'elle va permettre au joueur d'assimiler progressivement toutes les subtilités et les mécaniques du gameplay afin ensuite, de pouvoir se frotter sans honte au multi. Au premier abord, R.U.S.E. séduit, une interface minimaliste nous donne accès aux différentes ruses, aux bâtiments constructibles et les unités productibles via un menu déroulant. Un simple glissement sur la roulette et vous découvrez le zoom du jeu qui à l'instar d'un Supreme Commander affichera des unités parfaitement modélisées de près et des jetons de loin pour plus de visibilité. Vous avez accès à tout avec une simplicité déconcertante, un clic sur une unité et vous connaissez toutes ses caractéristiques, un survol sur un objectif et vous en avez les détails.
« Dix rangers bien planqués peuvent faire des ravages »
Partant de cette interface minimaliste et réussie, vous allez commencer à mettre en place votre stratégie. Une stratégie qui pourra s'étaler sur toute la carte et pas seulement quelques zones, plusieurs fronts devront être gérés, si bien que vous passerez le plus clair de votre temps en zoom le plus lointain. Sur cette immense carte, chaque troupe aura ses avantages et ses inconvénients qui dépendront du contexte. Ainsi, dix rangers bien planqués peuvent faire des ravages sur la place d'un village quand ils seront massacrés à découvert dans une vallée. Mais avec dix rangers, vous n'irez pas loin, il va falloir d'autres hommes, de l'artillerie, des blindés et un appui aérien. Il faut les bâtiments pour produire la vingtaine d'unités disponibles pour chaque nation. Pour arriver à vos fins, vous construirez ou capturerez ces bâtiments. La seconde solution sera nettement moins coûteuse et l'argent est le nerf de la guerre, vous en récolterez depuis les quelques dépôts de ravitaillement disséminés sur la carte.
Une bonne stratégie devra faire avec tous ces éléments, vous ne mettrez pas un terme à la partie seulement en envoyant vos plus gros chars sur l'ennemi. Sachez que vous parviendrez au même résultat grâce à une guérilla urbaine qui pourrira votre ennemi de l'intérieur en démolissant son économie fragile, ou grâce à une solide défense sur laquelle votre adversaire se cassera les dents. En outre, votre stratégie fera constamment appel aux différentes ruses que propose le jeu. Limitées dans le temps et dans l'espace, elles sont au nombre de 10. Vous pourrez en combiner deux sur chaque zone mais n'allez pas les gaspiller, les ruses s'engrangent à un rythme constant. Leur utilisation devra donc convenir à votre stratégie, la bonne idée sera de coupler sur une même zone un blitz qui accélère vos unités et de la propagande qui démoralisera les troupes adverses. Un silence radio à une base camouflée. Souvent, il suffira d'une seule ruse par zone, lancez la création d'une fausse base et préparez-y une embuscade qui ne fera qu'une bouchée de l'ennemi. D'autres ruses serviront à contrer celles que peuvent faire les autres joueurs, le fanatisme obligera vos hommes à combattre jusqu'au dernier tandis que l'envoi d'informations inversées lorsque l'ennemi espionne vos forces lui fera croire que vos unités légères sont des unités lourdes et inversement. Nous ne serons pas exhaustifs et nous nous limiteront seulement à ces quelques exemples mais notez néanmoins que le panel est suffisamment large pour permettre une multitude de stratégies différentes qui devront se baser sur le terrain, les troupes à dispositions, les ressources financières, la quantité de ruse à disposition et la stratégie de l'ennemi.
« Un multi bien plus palpitant que le solo »
La stratégie de l'ennemi, une notion qui prendra tout son sens en multi. Un multi bien plus palpitant que le solo. Pas que l'on s'ennuie durant la campagne mais l'IA suit surtout les scripts que les développeurs lui ont donné. Quelque soit le jeu de stratégie, il est toujours plus intéressant face à des humains, R.U.S.E. n'allez pas déroger à cette règle. Alors nous nous lançons et nous découvrons un unique mode de jeu qui se suffit à lui-même, le bon vieux combat contre des humains sans véritables objectifs, il n'y a que ça de vrai. Le multi dispose de 23 cartes mais n'y voyez pas un lien avec la campagne toute aussi dotée, les cartes sont conçues pour le multi et permettent de jouer de 2 à 8 joueurs. Trois périodes différentes qui influenceront les unités des six nations en conflit (USA, Grande-Bretagne, France, URSS, Italie et Allemagne) pourront être choisies, 1939, 1942 et 1945. Comme Starcraft II récemment sorti et d'autres jeux sorti avant lui, R.U.S.E. possède un système de points d'expérience qui permet de mettre face à face des joueurs de même niveau, promettant ainsi des combats équilibrés. Cependant, il faut un certain temps avant que chaque joueur obtienne le nombre de points qu'ils méritent et il ne faudra pas vous étonner de vous faire poutrer par un joueur dont le capital d'expérience est anormalement bas en comparaison de son skill.
Avec ces différents paramètres de départ, vous allez vivre des combats monumentaux qui pourront basculer dans un camp comme dans l'autre en quelques instants grâce à une ruse bien placée. L'atout majeur du multi sera l'objectif final, qui n'est pas d'anéantir l'ennemi sinon de gagner le plus de points, chaque unité a une valeur en points égales à sa valeur foncière. Ainsi, un blindé léger qui dévale une pente en mitraillant tous les hommes en stationnement dans la vallée pourrait bien vous éviter la défaite. C'est cet élément clé qui fait du multi de R.U.S.E. un bon multi, il ne suffit pas d'avoir la plus grande armée, il faut savoir s'en servir, dès lors, toutes vos troupes reçoivent de votre part toute l'attention qu'elles méritent. Car au fond, ce sont elles qui vous mèneront à la victoire.
« Un multi qui met en avant les défauts »
Si le multi met en exergue toutes les qualités de R.U.S.E., il met aussi en avant les défauts. En zoom lointain, les jetons sont rassemblés en un seul bloc qui vous obligera à sélectionner toutes les troupes de la zone, bien sûr, il sera possible ensuite de ne garder qu'un type d'unité, mais qu'en est-il si vous ne voulez qu'un canon anti-char sur les trois sélectionnés ? Aucune autre solution que de vous rapprocher du conflit et sélectionner exactement l'unité que vous voulez. Pour un jeu qui fait essentiellement appel à de la macro, devoir basculer en micro est gênant. Surtout qu'en termes de micro, le jeu est particulièrement vide, vous ne choisissez pas l'orientation de vos hommes, vous ne pouvez leur donner ni formation de combat ni ordre. En pleine forêt, il peut être utile de lancer l'embuscade seulement quand la moitié du convoi visé est passé car il sera plus facile de vous débarrasser de l'avant du convoi obligé d'aller vers votre base que l'arrière qui rentre chez elle. Dans R.U.S.E., le premier tir de roquette ira droit sur la tête du peloton. Les unités sont aussi trop rapides, les unités à pied se transformant en camion à chaque trajet, si bien que le nombre d'APM prendra parfois le pas sur votre stratégie de départ, surtout dans les parties à plus de 4 joueurs. Un jeu de micro-stratégie aurait mis en avant les différents comportements que peuvent avoir vos hommes, des ordres spécifiques ou de la gestion des transports plutôt que la transformation par magie.
« R.U.S.E. offre des parties courtes et intenses »
Alors clairement, il ne faut pas prendre R.U.S.E. comme on prendrait Starcraft ou C&C. Le p'tit bébé d'Eugen Systems va à contre-courant de ces jeux là en débarrassant le joueur du côté fastidieux du jeu de stratégie, sa micro qui vous oblige à aller d'un point à l'autre de la carte sans arrêt pour sélectionner à chaque fois deux bonhommes qui vont en combattre trois autres. Ici, vous voyez toute la carte et vous faites combattre plusieurs centaines d'hommes qui se gèrent eux-mêmes. Mais il ne faut pas croire que castré de cet aspect important du STR, R.U.S.E. est ennuyeux à mourir. Au contraire, il offre des parties courtes et intenses qui mettent en avant votre intellect et votre imagination plutôt que votre capacité à gérer individuellement les forces en présence.
