Oui, je sais, j'ai mis le temps...

Mais avec la PS3 (modèle "Fat") qui plante 2 fois (DD puis YLOD), et les jeux que j'ai achetés... J'avais fini par laisser John Marston un peu au placard. Puis, il y a quelques jours, j'ai repris, bien décidé à aller au bout. D'ailleurs, je n'ai joué qu'à ça.

RockStar avait déjà offert un bel hommage au western avec Red Dead Revolver (voir par ici > http://www.senscritique.com/jeuxvideo/red-dead-revolver/74123662415555/critique/lonewolf/ ), ils vont encore plus loin avec Red Dead Redemption.

Red Dead Revolver mettait en scène une vengeance directement inspirée de Nevada Smith (avec Steve McQueen) et de Sergio Leone. Red Dead Redemption mélange les influences (italiennes, américaines, fatalisme, vengeance, rédemption, Sergio Leone, John Ford, Sam Peckinpah...) et offre un condensé de ce que le western a pu offrir de meilleur depuis sa création, réutilsant ses codes et ses images connues.

John Marston est un héros purement à la fois Eastwoodien et Rockstarien. Un hors la loi qui a raccroché son fusil et n'aspire qu'à vivre en paix avec sa famille. Jusqu'au jour où son passé le rattrape et qu'il est obligé d'accepter de l'enterrer une bonne fois pour toutes pour pouvoir vivre enfin heureux et normalement. Mais peut-on vraiment atteindre la rédemption quand nos péchés nous écrasent de tout leur poids ?

C'est la question à laquelle John et le joueur tentent de répondre, traquant Bill Williamson (puis d'autres) à travers l'Ouest américain et le Mexique. Et quelle que soit la réponse, elle ne pourra s'inscrire que dans le sang et la violence.
Cette violence que John avait pourtant mise de côté, mais c'est comme s'il ne pouvait pas y échapper, finalement. Comme un certain Niko Bellic, tiens...

GTA IV et Red Dead Redemption partagent d'ailleurs le même cynisme, le même fatalisme, à ceci près que Red Dead Redemption va encore plus loin dans la moralité du personnage, avec des choix qui ont de réelles conséquences sur le gameplay, à terme.
A vous de choisir... Allez-vous permettre à John de tenter de se racheter ou allez-vous le faire replonger encore plus ?
C'est aussi là que se situe l'enjeu, notamment à travers le service "Je vous connais". Mais, peu importe le choix, l'issue sera obligatoirement la même, amenant à cette fin qui fait à nouveau office de tutorial (d'ailleurs, c'en est un, mais je ne peux guère expliquer pourquoi sans spoiler), à cette ultime mission qui offre une réponse claire et nette à la question de John, puis à cet ultime service qui signe la fin, non seulement du jeu, mais aussi d'une époque.

Red Dead Redemption, c'est un peu l'union de Il Etait une Fois dans l'Ouest et de L'Homme qui tua Liberty Valance, 2 chefs-d'œuvre du western.
L'Ouest sauvage l'est de moins en moins... Le train se développe vers l'ouest, le cheval est remplacé par l'automobile, les grandes villes remplacent lentement les villes des pionniers, cowboys et chercheurs d'or, et avec elles naissent les organisations de police fédérale, qui doivent, à terme, éliminer la loi du fusil au profit de la loi écrite.
John Marston, Landon Ricketts et d'autres personnages le soulignent bien. Ils sont déjà des reliques d'un passé révolu, des personnages en voie de disparition... Le passé et ce qui s'y est déroulé. On y revient, c'est le cœur de Red Dead Redemption.

Personne ne peut effacer son passé, il faut apprendre à vivre avec.

Bien sûr, Red Dead Redemption, ce n'est pas que ça.
C'est aussi un moteur graphique affiné qui nous ramène droit dans l'Espagne des années 60 (là où les Italiens tournaient leurs westerns), nous offre de grands moments qui sortent droit des films du genre (les longues balades à cheval dans le soleil couchant, ça n'a pas de prix), un casting vocal incroyable, des situations référentielles (ils ont récupéré la seule scène intéressante de Rio Lobo, quand même), du contenu annexe dans l'esprit western (chasse à la prime, chasse au trésor, dressage de chevaux, rencontres avec des étrangers, attaques de trains et de diligences, etc...), des personnages que n'aurait pas renié Sergio Leone, des musiques dignes du maestro Morricone...
Et on ne manquera pas de sourire face à ce qui avait cours à l'époque exploitée et qui est aujourd'hui bien infirmé ou daté (le tabac qui protège la santé, la vitesse dite excessive à un peu plus de 30 km/h, les "anthropologues" qui croyaient dur à la suprématie du Blanc sur l'Indien, même si toutes leurs études prouvaient que non... ).

Red Dead Redemption est l'un des plus vibrants hommages au western qui puisse exister. Tout ici est fait par et pour des amateurs du genre.
Il n'est pas un western, il est LE western, celui qui réunit tout ce qui définit le genre à travers ses différentes provenances.

Fond et forme en parfaite harmonie pour offrir un voyage marquant avec des influences claires et digérées. La marque du génie RockStar.

Lonewolf
10
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le 17 mai 2011

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Lonewolf

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