Resident Evil 2 fut mon premier jeu de la série en 1998, et j'en garde un souvenir assez intense bien que partiel. Je me souviens surtout de la scène du premier licker, mon père et ma sœur me disaient d'avancer dans le couloir, mais sachant ce qui m'attendait, j'ai mis le jeu en pause et je n'ai continué que plus tard.
Je ne me suis pas vraiment intéressé à ce remake avant que sorte la démo, il faut dire que RE4 fût le dernier à m'intéresser, même le 7 me semblant trop éloigné pour qui j'y joue. Et après avoir terminé la démo, j'ai fait une chose que je n'avais pas faite depuis des années : pré-commander le jeu, qui plus est dans une version collector bien trop chère.
Heureusement, le résultat est à la hauteur de mes attentes. Le jeu est beau, l'ambiance est parfaite, le game-design est soigné, la difficulté est équilibrée, la peur est présente. Je ne vais pas m'étendre sur les qualités, car ce n'est pas mon genre. Je vais plutôt me faire l'avocat du diable.
Car le jeu n'est pas parfait, loin s'en faut, et il ne s'agit pas là de petits problèmes insignifiants.
Tout d'abord le jeu est court, environ 8h en jouant tranquillement et en fouillant tout. Et je vois venir les petits malins qui me diront qu'il faut finir le scénario B pour "finir le jeu" : je vous arrête tout de suite, c'est un prétexte absolument bidon. Déjà, le scénario B est totalement incohérent avec le scénario A, on ne peut donc pas considérer que le scénario principal serait divisé en deux scénarios complémentaires. On va faire exactement les mêmes choses (énigmes, endroits visités, etc.) avec quelques variantes, surtout vers la fin, mais pas de quoi comptabiliser un temps de jeu additionnel. Alors les "20h de durée de vie", je me marre, dans ce cas comptez aussi les modes bonus, l'autre run A/B, ou les multiples parties que vous lancerez éventuellement pour tout débloquer en rang S+ - et pourquoi pas, après tout les plus acharnés y passeront le double pour tout débloquer. Mais la durée de vie d'une partie, c'est 8h en prenant son temps, point.
Et sur un jeu aussi court, certaines erreurs se voient beaucoup car elles sont moins diluées dans l'aventure. Je parle évidemment du boss alligator qui est une espèce de QTE cachée, complètement nulle, illisible, inutile (comme toutes les QTE, ce cancer du jeu vidéo). Mais je parle surtout de la plus grosse erreur de ce jeu : les phases avec les personnages secondaires. Le concept en lui-même est une énorme erreur dans un jeu de ce type, car le fait de changer de personnage change complètement les règles du jeu. L'erreur était très grossière dans The Witcher 3 avec Ciri, elle est moins dérangeante ici, mais bien présente. C'est une aberration en terme de jeu vidéo. On ne force pas un joueur à gérer un inventaire, apprendre son perso, connaître ses ennemis, pour ensuite lui filer une phase de gameplay dans laquelle il a l'impression de jouer à un autre jeu, dans laquelle les ennemis sont adaptés au nouveau personnage pour que ça reste faisable selon l'équipement imposé de ce personnage, dans laquelle son personnage a de nouveaux mouvements, etc.
On notera aussi une palette de mouvements assez frustrante : on ne peut pas écraser la tête d'un zombie qui nous attrape au sol, on ne peut pas bousculer ou mettre un coup de crosse, on ne peut pas faire d'esquive ou de sprint, ce qui donne des situations assez dérangeantes. Par exemple, quand il y a un ennemi au sol, le premier réflexe que vous aurez sera de mettre un coup de couteau pour voir s'il se relève, et auquel cas le finir. Mais sans couteau, il n'y a rien à faire, donc soit vous gâchez une balle, soit vous passez et vous priez. Alors qu'il suffirait de lui donner un coup de pied, c'est quand même con. De plus les zombies de base sont quand même sacrément résistants, pour moi un zombie ne peut pas survivre à dix balles dans la tête, en fait il ne devrait plus avoir de tête. Et puis il y a un système assez bizarre de coup critique qui fait que parfois, une balle suffit à exploser le cerveau d'un mort-vivant.
On peut aussi déplorer la disparition des documents à lire qui permettaient de bien se plonger dans l'horreur, et la disparition de quelques ennemis qui soit-disant ne colleraient pas avec un jeu d'horreur moderne (araignées et corbeaux). Reconnaissons aussi que la phase dans le commissariat est la plus réussie, et de loin.
Malgré ces problèmes, c'est un très bon jeu qui modernise avec succès le jeu culte de 1998, sans sombrer dans trop de travers, en gardant son âme, et que je conseille en mode Hardcore pour bien tout apprécier lors du scénario A, le reste n'étant que du bonus.