Tout compte fait, la série des Resident Evil (ou Bio Hazard) aura fini par propager la mutation génétique au sein même de sa propre histoire: Partant d'un genre qu'elle contribua à créer sous l'influence notable du cinéma d'horreur, la série de Shinji Mikami a ainsi élevé son rythme au fil du temps pour opérer un virage radical vers l'action, passant de l'angoisse à la panique, et du zombie au bourreau à la tronçonneuse (point d'orgue du 4, annoncé par la série des Gun Survivor, dont Revelations reprend le système de visée). En attendant un épisode 6 qui viendrait au vu du premier trailer poursuivre ce travail de mutation (jusqu'au beat em all?), Resident Evil Revelations effectue une petite synthèse, mineure et réussie de ce processus marquant ses épisodes passés. Selon la situation des personnages (une multitude de binômes dont on suit l'histoire) et la densité des ennemis qu'il faut soit éliminer, soit fuir sous la pression d'un compte à rebours éventuel, chaque chapitre de Revelations offre une petite variation que l'on mesure idéalement grâce au paquebot qui sert de décor principal au jeu, et dont on finit par connaître tous les recoins, à force d'aller et retours. Ce paquebot, alors que le scénario s'amuse à le doubler, voire même le tripler au gré de multiples rebondissements, le joueur le voit tour à tour en flammes, inondé puis chavirant, avant d'être réduit à l'état d'épave qu'il faut explorer. Bilan de l'aventure, on retiendra quelques belles scènes (l'ambiance de certaines salles qui rappellent le manoir du premier épisode, ou un combat avec un boss enfermé dans une cale digne du quatrième), tout comme on constatera à travers certains échecs l'irréversibilité de la mutation: Parce qu'il joint au joueur un équipier pour relever le rythme, que ce soit dans l'action ou le déroulement global du jeu (apport du 5), Revelations finit par sacrifier toute la dimension angoissante à l'oeuvre dans les premiers Resident Evil, fruit de la coïncidence entre la solitude du héros et celle du joueur. Qu'à cela ne tienne, on retrouve cette angoisse sublimée dans Dead Space, son plus grand héritier.