S.T.A.L.K.E.R. un incontournable de cette génération

Je viens de retrouver ce test que j'avais écris quelques mois après la sortie du jeu, l'occasion de mettre une nouvelle critique sur sens critique.

Si vous n’avez pas hiberné depuis 5 ans, vous avez forcément entendu parler de
Stalker. Le jeu était déjà prometteur en 2002. Il rappelera même à certains nostalgiques
un des derniers numéros de Gaming où le jeu, s’il était loin d’être finalisé,
semblait du moins bien avancé. L’ambition probablement un peu démesurée mais
tout à fait louable des auteurs pour leur bébé a failli en avoir raison. Finalement
personne n’y croyait vraiment plus à part quelques irréductibles, et le voilà enfin, en
2007, sauvé grâce à un délai rallongé par l’éditeur THQ, et quelques sacrifices des
développeurs ukrainiens GSC.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, je rassure ceux qui viennent de finir le paragraphe
ci-dessus : non, aucun developpeur n’a été exécuté. Par contre vous, au
commencement du jeu, peut-être l’avez vous été. Totalement amnésique, retrouvé
dans un corbillard traversant la zone, les seuls indices que vous possédez sont un
tatouage “S.T.A.L.K.E.R.” sur le bras, et une mission “tuer Strelok” dans votre PDA.
Peu importe si ce gars est le fils caché de Mère Thérèsa et de l’Abbé Pierre, c’est
tout ce qu’il vous reste, et vous partez à la chasse aux renseignements. De plus le
marchand qui vous a recueilli ne manquera pas de chercher à y gagner quelque
chose et vous refilera lui aussi des missions.
S.T.A.L.K.E.R. à l’ouvrage
Une fois dehors, vous ne tarderez pas à trouver une arme valable et à découvrir une
zone dangereuse, pleine de mystères, d’anomalies, de monstres, et surtout d’autres
stalkers attirés le plus souvent par la cupidité mais aussi par la fascination que la
zone déclenche. Le travail d’ambiance réalisé est incroyable. Chaque élément de
décors délabré semble renfermer toute une histoire à lui seul, vestiges d’une civilisation
inconsciente, où la nature semble reprendre ses droits d’une manière fort
étrange. Les Stalker qui discutent ou jouent de la guitare au coin du feu, les aventuriers
en vadrouille, les ennemis qui se battent entre eux et non uniquement contre
vous, le cycle jour/nuit et la météo changeante, tout est mis en oeuvre pour que vous
sentiez le monde vivre autour de vous.
Grâce aux grandes étendues à votre disposition au début, un sentiment de liberté
rarement connu dans un jeu de tir à la première personne s’empare de vous. Cela
fait que vous pouvez très bien jouer à S.T.A.L.K.E.R. en laissant de coté la quête
principale pour vous lancer dans l’exploration, comme dans un Oblivion par exemple,
mais n’espérez pas non plus pouvoir monter votre personnage à la manière des
RPG. Ce côté du gameplay se cantonne à l’existence de quêtes secondaires et à la
gestion de votre inventaire. Il faudra en effet faire des choix cruciaux sur les armes
que vous décidez de transporter, les trousses de soins et le nombre de munitions.
Fini le Rambo qui range dans la petite poche arrière de son pantalon 450 cartouches
de fusil, 4 roquettes, la mitraillette et le bazooka cachés dans ses manches, et qui
sort le couteau pour courir plus vite. Vous disposez de 50kg maximum avant d’être
fatigués par les premiers sprints. Vous devez en plus laisser de la place pour les
artefacts que vous trouverez en chemin, afin de les revendre (du fric du fric du fric !)
ou de les garder pour booster vos défenses grâce à leurs pouvoirs surnaturels.
S.T.A.L.K.E.R. bien accroché
Et c’est là que vous commencez à vous rendre compte que l’ambiance va virer
au glauque... Ces artefacts résultent de la rencontre entre d’innocents stalkers
gambadant joyeusement dans la zone, avec des anomalies radioactives. Le tout
provoquant généralement la mort des premiers. Et ça ne s’arrête pas là. Des vastes
étendues de la zone, vous entrez dans des complexes aux couloirs étriqués et oppressants,
peuplés de monstres, de soldats, de zombies. Comme si ça ne suffisait
pas, certains n’ont pas du payer leur facture d’électricité depuis longtemps et vous
remerciez le ciel d’avoir toujours cette bonne vieille lampe torche sur vous, que vous
pouvez tenir en même temps que votre arme contrairement à un certain DOOM 3.
Les monstres sont quant à eux bien imaginés, du classique zombie au manipulateur
avec ses hallucinations bien flippantes, mais moins variés qu’on ne l’aurait espéré.
Heureusement le jeu compte de nombreux autres ennemis, humains cette fois ci.
Les frêles bandits, les mercenaires, les agressifs militaires et les illuminés du monolithe.
Et si ça ne vous suffit toujours pas, rien ne vous empêche de liquider d’autres
stalker, afin de récupérer des munitions sur leur corps, des infos sur leur planque,
ou de remplir une mission pour l’une des deux principales factions : la liberté et le
devoir.
S.T.A.L.K.E.R. qui flanche
2 factions que l’on pensait pouvoir rejoindre. Hélas c’est un des nombreux sacrifices
qu’a du faire GSC pour sortir leur jeu. Toutefois elles donnent de nombreuses
quêtes et si vous n’en supportez pas une, rien ne vous empêche de la décimer. Ou
même les deux ! Le fameux A-life a lui aussi été revu à la baisse. Il provoquait trop
de problèmes dans les quêtes importantes : des PNJ cruciaux pouvait partir de leur
emplacement et se faire dévorer par des monstres, ou même finir le jeu avant vous.
Cela n’enlève finalement pas grand chose à l’impression de vie de l’ensemble et le
plaisir de jeu reste entier. Ce qui déçoit finalement le plus est la taille de la zone. On
s’attend en voyant la carte à un terrain de jeu gigantesque. En fait celui-ci est divisé
en plusieurs parties et quant l’on passe de l’une à l’autre on saute en réalité bon
nombre de kilomètres. La carte recelle beaucoup d’espaces inexplorés, peut-être
pour un futur add-on ou même pour les mods qui arriveront avec la communauté de
joueurs. Cela dit c’est tout de même très vaste comparé à un doom-like classique.
Enfin même si le jeu est prévu depuis de nombreuses années, ne vous attendez pas
non plus à le faire tourner facilement en qualité élevée avec une machine qui n’est
pas équipée du dernier cri technologique. Oui S.T.A.L.K.E.R. est gourmand, mais
il faut dire qu’il est plus beau encore que ce à quoi l’on s’attendait. Les effets sont
magnifiques, les couleurs superbes, les décors criants de vérité. Vous ne possédez
pas un monstre de guerre ? ne vous inquiétez pas trop non plus. Une fois en mode
d’éclairage statique le jeu reste tout de même très beau et est tout à fait fluide même
sur un matériel commençant à vieillir.
S.T.A.L.K.E.R. de lion !
Alors oui cela n’est pas parfait, mais en aucun cas ces quelques défauts ne sauraient
empêcher le titre d’être un des meilleurs du genre. Hormis l’ambiance exceptionnelle
déjà évoquée, le jeu est très réaliste dans ses détails balistiques et l’on sent
une réelle différence entre toutes les armes disponibles, qu’elles soient entre vos
mains ou celles d’un ennemi. Ces derniers se montre d’ailleurs fort intelligents. Ils
se battent rarement seuls, se planquent, s’accroupissent, changent d’endroit pour
mieux vous avoir, vous prennent à revers, bref c’est un réel plaisir de se battre contre
eux.
Le dernier point qui fait de S.T.A.L.K.E.R. un jeu d’exception est qu’il fait réfléchir
le joueur. La zone de Chernobyl et le scénario à fins multiples nous font prendre
conscience de la folie dont nous pouvons parfois être capables. Il rend de cette
façon honneur au film du même nom qui l’a inspiré, réalisé par le russe Tarkovsky,
bien avant la catastrophe de 1986. L’intelligence du traitement de S.T.A.L.K.E.R.,
son univers cohérent et détaillé, et son ambiance hors du commun permettent de le
placer sans honte, bien au contraire, aux cotés de DEUS EX dans l’espace restreint
des jeux marquants et incontournables.
9 - excellent
S.T.A.L.K.E.R. se sera fait attendre, mais le jeu en valait clairement la chandelle.
Malgré quelques sacrifices regrettables et son optimisation discutable, le jeu est
exceptionnel. Son ambiance, son intelligence, l’intensité de son action, son réalisme
et la sensation de liberté qu’il procure le rendent incontournable. Et c’est un investissement
sur le long terme : la quête principale n’est peut-être pas aussi longue que
prévu mais les quêtes secondaires, les 7 fins différentes et les futurs mods assurent
à ce jeu un fort potentiel de rejouabilité. La radioactivité de Chernobyl aura finalement
donné naissance à un jeu mutant, mi-RPG mi-FPS, et c’est un plaisir de se
laisser contaminer.
oyomastaz
9
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le 10 nov. 2013

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oyomastaz

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