Pour les vieux joueurs (comprenez, ceux qui ont connu le Commodore 64 ou la Coleco), le jeu "Shadow Warrior", sorti en 1997 et édité par 3D Realms, était bien amusant. Genre de spin-off asiatique du célèbre « Duke Nukem 3D », le joueur incarnait Lo Wang, un genre de ninja qui bien que d’un certain âge lui aussi, était quand même plutôt badass dans sa catégorie. Le principe du jeu était simple : on arrive quelque part, on tue tout le monde et on s’en va. Pour le coup (de nunchaku), l’histoire assez anémique nous parlait d’un certain Zilla, riche industriel versé dans les sciences occultes qui pour accroître son pouvoir sur le monde avait fait copain copain avec une bande de démons sortis tout droit des enfers ancestraux japonais.
En 2013, Devolver Digital et Flying High Hog remettent le couvert avec un reboot, comme au cinéma. Cette fois, Lo Wang a rajeuni d’un demi-siècle, conduit à tombeau ouvert (c’est cas de le dire) une voiture puissante pas du tout typée et s’exprime dans un langage contemporain catégorie cool/grossier/je ne me prends pas la tête.
Evidemment, on retrouve toutes les recettes de 1997 : on arrive quelque part, on tue tout le monde et on s’en va. Et Zilla est bien évidemment de la partie. Comme vous, il veut une super épée qui découpe n’importe quoi, même à distance, et, histoire de vous embêter sur votre trajet, vous envoie des hordes de créatures particulièrement inamicales avec lesquelles les seules interactions possibles consistent à les couper en morceaux avec un sabre plutôt affûté, de passer à travers ce qui reste et, accessoirement, de terminer le travail sur les plus gros avec quelques volées de roquettes et quelques carreaux d’arbalète.
On y retrouve l’humour assez potache, comme son grand frère Duke à l’époque. On peut récupérer des petits biscuits (chinois) qui vous prophétisent n’importe quoi, des commentaires en voix off bien idiots alors que vous êtes en train de trancher la tête d’un démon vindicatif ou encore des dialogues complètement décalés avec l’esprit d’un ancien dieu qui vous accompagne partout.
Ce qui change, ce sont les graphismes et le rythme. Les décors sont, par moments, absolument somptueux. Et, plus d’une fois, je me suis laissé aller à un peu de contemplation, entouré des viscères tremblotants de mes pauvres ennemis, les pieds dans un lac de sang (guerrier et poète absolument. Je ne vois pas où est le problème). Le rythme, assez rapide dans la version de 1997, est encore plus rapide ici, surtout dans les moments de combat à un point qu’on ne sait plus où donner du sabre. Il est quelques moments épiques où des hordes en rafale vous assiègent de tous les côtés à une vitesse effarante. Ça part dans tous les sens et vous voilà entouré par une nuée de projectiles (saleté de shurikens, va) qu’il vous faut éviter (ou encaisser le plus souvent) alors que vous traversez vos ennemis en commentant tous ces moments sympathiques d’une voix où perce un certain ton sarcastique.
Cette fois, signe de modernité, il y a même une vraie histoire. Derrière la quête du sabre ultime, vous découvrez un sinistre complot ourdi par ce gredin de Zilla ainsi que le destin assez agité d’anciens dieux millénaires qui, eux aussi, se mettent la pâtée d’une façon plus ou moins subtile. D’ailleurs, on finit par s’attacher à cet esprit ange gardien qui vous accompagne. Les séquences de jeu sont séparées par des cinématiques ma foi assez belles, très graphiques et dynamiques inspirées d’anciennes estampes japonaises. Toujours dans une logique de jeu contemporain, il y a même une composante RPG pour accroître vos capacités au fur et à mesure de votre progression. Il vous faudra looter et découvrir quelques secrets pour améliorer votre Ki et votre Karma. Et ce ne sera pas du luxe, je peux vous l’assurer.
Pour les vieux, il y a même quelques secrets, avec les graphismes de la version 1997 qui sont autant de clins d’œil rigolos qui, en ce qui me concerne, m’ont vraiment fait sourire bêtement (nostalgie, nostalgie).
La finale, apocalyptique évidemment, soutenue par un boss catégorie « je suis grand et j’en suis fier et maintenant je casse tout », est aussi très belle et, étonnamment, touchante.
Un bon gros FPS des familles, donc. De fait, à ma grande surprise, un reboot assez réussi finalement.
Vous avez eu une journée fatigante ? Il fait mauvais dehors pour un jogging de quelques kilomètres ? Une petite envie de se défouler ? Allez trancher sans complexe au rayon boucherie… presque comme au bon vieux temps.