Humour noir, potache, cynisme, satire, South Park est tout ça à la fois. Après 17 ans d’existence, la série animée de Trey Parker et Matt Stone s’apprête à offrir une aventure mémorable aux joueurs avec Le Bâton de la Vérité.


Des jeux vidéo dérivés de South Park, on en a connu quelques-uns, je parie même qu’instinctivement vous ne vous rappelez que d’un seul jeu. Il y en a eu cinq, dont un tower defense sorti en dématérialisé, un clone de Mario Kart et un FPS basé sur le moteur de Turok 2 dans lequel le joueur choisit parmi les quatre héros de la série et part dégommer des dindes mutantes dans la ville armé de boules de neige ou de bowling. Marrant mais plus proche de la bouse que du vrai hit vidéoludique. Récemment, le studio Obsidian Entertainment, à qui l’on doit Star Wars: KOTOR 2, Neverwinter Nights 2 ou encore Fallout: New Vegas et son mode hardcore décide d’adapter la série dans un jeu vidéo se voulant le plus fidèle possible afin de satisfaire même les plus assidus. Le projet est supervisé par les créateurs Trey Parker et Matt Stone et connaîtra quelques difficultés découlant des gros problèmes financiers de l’éditeur de l’époque, THQ. Ubisoft a repris le flambeau, flairant la bonne affaire et investit pour permettre à Obsidian (les mecs ne roulent pas sur l’or, ils ont fait du crowdfunding pour Pillars of Eternity) de terminer South Park: Le Bâton de la Vérité comme il se doit.


Le joueur incarne un enfant de neuf ans venant tout juste d’arriver en ville. Ses parents lui demandent de sortir se faire des amis pour s’intégrer. Ça tombe plutôt bien, South Park ne manque pas d’enfants et le bled est assez grand pour ne pas avoir la sensation de tourner en rond. Comme dans beaucoup de RPG, le jeu débute par la création de son avatar, très inspirée et permettant déjà quelques folies, dans l’accoutrement personnalisable ou les petites touches de maquillage. Le jeu se prend en main très rapidement, on se saurait que vous conseiller d’y jouer au pad, c’est parfaitement adapté. La première rencontre avec Eric Cartman permet de rentrer réellement dans l’aventure du Bâton de la Vérité. Sorcier auto-proclamé et protecteur de ce Bâton garant de la paix dans le monde, l’insolent gamin est en guerre contre les elfes venus lui subtiliser. Depuis sa base secrète installée dans le jardin de sa maison, il supervise et se fait son armée. Butters, grouillot du sorcier repère notre petit nouveau et le ramène auprès de Cartman pour l’enrôler. Notre petit nouveau se présente, il se nomme Johnley Known, mais le Sorcier pense que Connard lui va mieux. Il faut ensuite choisir sa classe entre Guerrier, Mage, Voleur et Juif. Comme je sortais d’une difficile expérience sur Thief 4, j’ai décidé d’être voleur, car adepte de la discrétion et de la fourberie.



Les jeux vidéo, c’est mal, m’voyez?!



South Park: Le Bâton de la Vérité est un RPG plutôt classique, il permet le levelling, le loot à outrance, on peut acheter et vendre des babioles, on suit des quêtes principales et secondaires, sans oublier la carte du monde. Ces fonctionnalités classiques et répandues, adaptées à la sauce South Park ne donnent pas l’impression de déjà-vu parfois ressentie dans certains jeux. Johnley Known se fait des amis Facebook, les armes, objets, items ou éléments de personnalisation transpirent la dérision et la moquerie gratuite. La personnalisation permet de modifier la coiffe de son personnage, sa coiffure, son maquillage, sa pilosité, ses lunettes et changer la couleur de son armure. Une barbe de hipster, un maquillage de pute, un monocle et la coiffure de Justin Bieber? C’est possible, et le pire c’est que ça rend bien. Chaque élément d’apparence trouvé permettra de rendre votre héros le plus ridicule possible, et c’est tout ce qui compte. N’oublions pas le chirurgien esthétique qui vous donnera le visage de David Hasselhooff. Les consommables n’ont rien à envier à tout ça, on peut jeter des boules de neige ou son propre étron que l’on aura récupéré dans les toilettes. Les bouteilles d’eau soignent les mauvais effets, les chips soignent la santé, etc. Bien sûr, pour renforcer davantage votre immersion, les objets inutiles trouvés ici ou là correspondent parfaitement à l’univers de la série on s’attardera à lire quelques descriptions savoureuses. Par exemple, la chambre à coucher de la mère de Cartman regorge d’objets phalliques en caoutchouc tandis que celle des parents de Kenny est remplie d’ordures.


La zone de jeu est plutôt vaste, elle comprend la ville de South Park et quelques aires voisines, comme la frontière avec ces bouseux de canadiens. Les afficionados de la série ne se sentiront pas perdus, on reconnaît les maisons des personnages principaux, on croise aussi les figures mythiques comme M. Mackey, l’Officier de police Barbrady, le maire McDaniels, la sœur de Stan ou David Hasselhoff. C’est simple, l’immersion est telle qu’on a la sensation d’être dans un épisode interactif, plus long et dans lequel on fait ce que l’on veut. Les adeptes du 100% auront de quoi faire, les trésors cachés sont nombreux, chaque maison ou presque peut être visitée, les quêtes secondaires ne manquent pas, on peut même capturer des Chinpokomon, jouer à cache-cache avec des maternelles, se faire 120 amis ou réussir un avortement. Pour explorer les lieux et agir sur son environnement, Johnley Known peut casser les obstacles avec son épée, déloger des oiseaux ou casser des ampoules avec son arc ou encore utiliser le cri du dragon, un pet puissant qui déménage tout droit inspiré de Skyrim.



Shoote dans le bébé!



Accomplir des quêtes permet d’engranger des points et de monter en niveau, mais les combats en rapportent également. Ils se jouent au tour par tour, avec différentes actions possibles par les personnages. Il est ainsi possible dans le même tour de se soigner pour ensuite lancer une attaque à distance ou au corps à corps sur l’adversaire. Certaines aptitudes spéciales consomment du mana et causent davantage de dégâts. Butters peut utiliser son marteau tel Thor et foudroyer les ennemis, le voleur passe par derrière, frappe en douce et vole un objet. En appuyant sur le bon bouton au moment où l’arme scintille, l’attaque cause davantage de dommages. Au fur et à mesure de l’avancée dans le jeu, on peut invoquer des amis pour botter le cul des méchants. Ces amis, ce sont Jésus, Maître Esclave ou Tuong Lu Kim. Ces alliés invoqués restent de lâches personnes et refuseront de vous prêter main forte contre un boss, ça fait trop mal sinon.


Il est difficile de trouver des défauts à South Park, l’ADN de la série est présent, il est totalement impertinent et provocateur, la bande-son qui nous met les voix en VO et des musiques à la Seigneur des Anneaux est admirable, l’écriture est un délice, les quêtes secondaires sont nombreuses et les mini-jeux absolument débiles. La réalisation globale s’avère irréprochable, on apprécie de jouer à un RPG aux mécaniques plutôt classiques mais bien habillées. Le jeu balance pas mal, se moque de tout un tas de choses et de modes ridicules, on se plonge dans cette histoire inventée par un enfant grassouillet qui se proclame sorcier ultime. Toutefois, pour chipoter, on peut se plaindre de quelques bugs, d’une aventure trop facile malgré la durée de vie honorable et d’une interface parfois agaçante, mais ces défauts sont vite oubliés pour laisser la place au fun que procure l’aventure.


Pour résumer, l’ambiance de South Park est parfaitement retranscrite, ce qui fait la force de la série fait la force du jeu vidéo, très bon RPG, très complet. N’oublions pas le savoir-faire d’Obsidian derrière tout ça. Parfaitement supervisé par ses créateurs, South Park: Le Bâton de la Vérité est tout bonnement excellent, addictif et très drôle, à condition d’adhérer à la série, bien évidemment. Ça troue l’cul!

RobinBeaugendre
7
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Créée

le 17 juin 2016

Critique lue 116 fois

Robin Masters

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