Suikoden II
8.4
Suikoden II

Jeu de KCET et Konami (1998PlayStation)

Cela faisait des années que la série Suikoden m’intriguait, notamment parce qu’elle semblait traiter de sujets m’intéressant (notamment la guerre et ses conséquences), tout en ayant un concept qui me paraissait accrocheur (le fait d’avoir une armée de 108 personnages tous jouables tout en ayant son propre château).


J’ai donc commencé par le premier Suikoden, que j’ai bien aimé car il a globalement une belle musique, un assez bon casting même s’il manque de développement pour une bonne partie, un rythme accrocheur qui est à la fois une qualité (il permet de ne pas s’ennuyer en jouant) et un défaut (il est trop rapide, et l’histoire paraît donc sous-exploité) tout en possédant un certain charme.
J’ai ensuite poursuivi l’aventure Suikoden en commençant le 2, en ayant pas mal d’attentes vu que je décrirais le premier comme ayant tous les éléments pour être un grand jeu, mais échoue à l’être pour les raisons que j’évoque précédemment.


Une des qualités de Suikoden 2 est son rythme très soutenu, il se passe constamment quelque chose, on se sent presque tout le temps sous pression. Et pourtant, le jeu fait un coup de force, c’est qu’il est haletant sans trop l’être, il met en place un certain build-up tout en restant rythmé, et prend soin de suffisamment présenter ses enjeux. Il ne faut néanmoins pas s’attendre à une géopolitique très poussée, peut-être que celle-ci est plus poussée dans les suites (notamment les 3 et 5) mais elle sert avant tout à rythmer le récit dans Suikoden 2, ainsi qu’à poser le cadre et à justifier les guerres se produisant.
Il ne faut pas jouer à Suikoden pour sa géopolitique, d’autant plus que le principal aspect est la guerre et non la géopolitique. Mais si le jeu est aussi haletant dans son histoire, c’est également grâce à son méchant principal qu’est Luca Blight. Disons-le d’emblée, ce n’est clairement pas l’antagoniste le plus subtil/profond de l’histoire des JRPG, mais la force du personnage est qu’il est très convaincant dans son rôle de grand méchant vu que ses paroles sont accompagnés d’actes très durs pour un JRPG. Puis il a également un gros charisme et un physique qui fait qu’il est crédible dans son rôle de grand méchant.


C’est quelque chose que j’ai beaucoup apprécié et que j’ai trouvé ça assez rafraîchissant, d’autant plus que la narration n’essaye pas de le rendre sympathique. On pourrait dire que c’est un méchant assez manichéen (ce qui ne serait pas faux) mais ce n’est pas quelque chose qui me dérange quand il est assumé et crédible. C’est néanmoins un personnage qui a tout de même sa profondeur et son sens dans les thèmes du jeu vu qu’il est avant tout le résultat de la guerre et ses méfaits (sans spoiler un certain point le concernant).
Outre Luca Blight, le jeu est porté par son trio de personnages principaux, et notamment Nanami et Jowy (vu que notre personnage principal est muet, et a donc plus une fonction de self-insert qu’autre chose).
Nanami est très stéréotypée aux premiers abords, dans le sens où elle incarne un trope de JRPG très commun, c’est à dire la grande soeur bruyante, enjouée, assez masculine tout en étant forte, mais elle se révèle être très vite attachante de par la relation qu’elle noue avec le héros et Jowy, et comment elle cherche à les protéger tous les deux.


Quant à Jowy, dur à décrire sans spoiler le jeu, mais c’est incontestablement le personnage le plus profond/développé du jeu dans le sens où il est très ambigu et tiraillé par la guerre et sa position par rapport à celle-ci. D’autant plus que sa nature de garçon doux et très sensible est bouleversée par les évènements du jeu et le rendent très intéressant et touchant. D’autant plus qu’il a étonnamment beaucoup de charisme tout en étant beau gosse.
Quelque chose qui m’a beaucoup touché dans la relation avec ses trois personnages, c’est finalement à quel point ce trio d’amis qui était très fusionnel durant son enfance finit par être séparé en raison de la guerre, quelque chose de simple mais de vraiment efficace et qui s’insère bien dans les thèmes de la guerre que le jeu traite, vu que la guerre est montrée comme quelque chose d’inévitable à la nature humaine et qu’il est dur de l’interrompre (quelque chose d’assez réaliste quand on regarde l’état de notre monde).


En dehors de ces personnages, nous retrouvons certains qui étaient déjà présents dans Suikoden 1 vu qu’ils font leur retour dans le 2, tout en ayant un rôle important pour certains..
Et c’est un des aspects très forts de Suikoden, dans le sens où on sent une réelle continuité par rapport au 1 vu que les intrigues des personnages du 1 sont également réutilisées dans le 2. Je pense notamment au personnage de Victor, le couple Tengaar/Hix (qui est très drôle dans la relation qu’ils entretiennent), ou encore Futch. Il y en a probablement d’autres mais je n’ai pas recruté tous les personnages du jeu.


Une autre force de Suikoden 2 et qu’on retrouve également dans le 1, et qui me paraît assez unique comme concept au sein des JRPG, c’est le fait d’avoir son propre château, et surtout le sentiment d’accomplissement en le voyant s’agrandir en terme de taille et de population. On se sent vraiment chef d’une armée, d’autant plus que tous les personnages ont leur personnalité propre et leur petit charme. Il ne faut néanmoins pas s’attendre à ce qu’ils aient des dialogues très variés/riches, ça aurait été trop compliqué pour le studio en terme de budget.
C’est un détail qui ne touchera pas forcément tout le monde, mais j’ai beaucoup aimé le fait qu’ils soient assez variés dans le chara design, vu que les personnages appartiennent à pas mal d’ethnies différentes. Ces personnages à recruter sont d’ailleurs nombreux à avoir leurs propres compétences et peuvent apporter de la qualité de vie (repos, téléportation, magasins, forge, carte, courir, etc…). Ces personnages sont tous jouables, ce qui fait donc qu’il peut y en avoir pour tous les goûts au niveau du style des personnages.


Concernant l’aspect visuel, le jeu est très épuré visuellement (visuellement c’est d’ailleurs plus proche de la Super NES que d’autres JRPG PS1 comme les FF) mais dégage pas mal de charme, il y a une certaine variété visuelle entre les différents lieux du jeu, et l’univers est assez terre-à-terre avec un aspect fantasy qui reste assez discret, ce qui est assez rafraichissant. Les personnages ont également un chara design varié, c’est néanmoins dommage qu’ils n’aient qu’une seule sprite tout le long du jeu en dehors de Jowy qui doit en avoir 2 ou 3.


Il n’y a pas énormément à dire sur le gameplay, il est assez simple et classique, des runes à équiper qui détermine les sorts que nos personnages peuvent utiliser (avec une limite dans le nombre d’utilisations pour éviter que ce soit beaucoup trop broken) des unite attack vu que 2 voire 3 personnages peuvent avoir une attaque groupée, des runes à équiper, ainsi que des attaques simples. Le gameplay n’est pas des plus passionnants mais il est fonctionnel, et certains combats restent assez intenses.
Comme dans le 1, il y a également des passages tactical-RPG durant certaines batailles. Ils ont néanmoins été modifiés par rapport au 1 vu qu’il suffisait juste de confirmer des actions dans ce dernier (magie, attaque, flèches, et d’autres, mes souvenirs sont vagues), là il faut déplacer des unités, déterminer laquelle va attaquer quelle unité adverse, et de quelle manière (magie, flèches ou attaque au cac), tout en prenant en compte les statistiques de nos unités ainsi que de celles des adversaires.
Personnellement, dans l’idée je trouve que c’était une bonne chose, mais les phases TRPG peinent à être intéressantes vu qu’elles sont beaucoup trop simples, elles sont plus là pour accompagner certains passages narratifs mais je trouve qu’elles étaient assez dispensables, j’aurais préféré avoir des passages purement narratifs. Elles ont au moins l’avantage d’être assez courtes et d’éviter donc d’être une plaie.


Les donjons ne sont également pas des plus passionnants (coucou les ruines de Sindar) vu que leur level design n’est pas très inspiré (c’est étonnamment un point où j’ai préféré le 1 qui avait quelques idées un peu originales pour rendre les donjons un peu plus intéressants), d’autant plus que vu que c’est un JRPG old-school, c’est parfois facile de se perdre vu que les pièces de donjons se ressemblent, d’autant plus que le taux de rencontres aléatoires peut parfois être très élevé peut faire en sorte (si on a un mauvais sens de l’orientation 2D comme moi) qu’on ne sait plus dans quelle direction on se dirigeait, et ça peut être un peu frustrant. Néanmoins, pour les plus anxieux, rassurez-vous, on est loin de la purge des donjons de Xenogears pour citer un autre grand JRPG de la PS1.


Un autre défaut de Suikoden 2 (et beaucoup ne seront pas d’accord avec moi), c’est qu’un des arcs en rapport avec Suikoden 1 (qui n’est pas le plus long heureusement) s’insère difficilement dans la narration d’ensemble du jeu, ce qui donne un peu l’impression d’avoir un arc filler. D’autant plus qu’il tombe après le plus gros climax du jeu, donc j’ai personnellement eu du mal à vraiment rentrer dedans. J’aurais aimé qu’il soit plus intéressant/cohérent par rapport à la structure d’ensemble du jeu, même s’il a au moins l’avantage d’avoir donné une des meilleures musiques du jeu.

Je pense avoir dit l’essentiel de ce que je voulais dire, je vais éviter d’en dire trop pour laisser des gens qui voudraient s’y lancer découvrir la série. Pour résumer, je dirais que Suikoden 2 est selon moi un incontournable des JRPG période PS1 et un de mes JPPG préférés, et probablement un des plus matures que j’ai fait dans son aspect thématique et la nuance de sa trame principale. Il n’est pas absolument pas parfait mais reste excellent, et c’est selon moi un jeu à découvrir tant qu’on aime un minimum les JPRG et qu’on est pas réfractaire aux anciens JRPG.

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le 21 juil. 2021

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Hannibalmick

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