Le metroidvania-like a connu une recrudescence intense ces derniers temps, Hollow Knight étant clairement l’un des plus beaux fleurons du genre, mais tout de même, il demeure assez classique bien que très maîtrisé. Et c’est là que Super Daryl Deluxe intervient, car il est tout sauf conventionnel. Bon, pour être totalement honnête, il s’agit plutôt d’un rpg/action/aventure où la touche Metroidvania intervient seulement dans un second temps. Sinon, la progression est plutôt linéaire, dont l’avancée est dictée par le scénario et les quêtes annexes, avec de nombreux aller-retours. Mais n’allons pas trop vite. Si je dois citer le point fort du jeu, c’est bien la qualité de son univers et son humour omniprésent et bien perché. Sous le prétexte d’une histoire à base d’univers parallèles, le jeu nous fait côtoyer des personnages issus aussi bien de l’histoire que de la pop-culture, avec en prime des références internes au jeu. Alors le soucis, c’est que c'est totalement en anglais, mais cela ne pose aucun problème pour terminer le jeu, par contre cela peut être un soucis pour capter ses multiples références qui sont toutes plus barrées les unes que les autres.
Mais contrairement à Crossing Souls, le jeu nous offre plus qu’un univers et des références qui nous brossent dans le sens du poil de la nostalgie, grâce à des mécaniques très solides et familières pour quiconque aurait touché à du rpg. À l’exception faite de la possibilité d’assigner des compétences aux boutons de notre choix que l’on peut acheter à la carte avec des items spéciaux, chaque coup est catégorisé selon sa classe (mêlée, dash, projectiles). Ce qui me fait beaucoup pensé à Hollow Knight, encore une fois, d’autant plus qu’il faut un certain temps d’attente avant de déclencher les coups (ce qui requiert donc du timing). L’équipement, lui, est plus classique, nous offrant des bonus en attaque ou en défense, ou bien des compétences passives. Dommage par ailleurs que le build ne soit pas affiché sur le personnage en action, car il y aurait de quoi se taper des barres de rire, car de bout en bout, le jeu fonce tête la première dans le décalage, voire le troll.
Autre point fort, la direction artistique, qui sert parfaitement l’univers barré dépeint. Ça part dans tous les sens, et c’est ça qui est bon. On se croirait parfois dans un Monthy Python combiné à l’ambiance des shows de MTV. Je ne spoile rien pour vous laisser la surprise, mais même si l’humour ne fonctionne pas toujours (le fait que le jeu soit en anglais n’aide pas, et c’est très bavard), il est pratiquement impossible de lui laisser indifférent tant ça brasse large dans les références invoquées.
Toutefois, pour y revenir et le dire franchement, Super Daryl Deluxe abuse bien souvent des aller-retours pour accomplir les missions, principales comme secondaires (heureusement qu’elles sont très habilement répertoriées dans le menu), un défaut récurrent du Metroidvania. Mais au moins ça soutient efficacement le grind nécessaire sans qu’on y pense trop. Par contre, plus regrettables sont quelques soucis de game design dont j’ai été témoin, comme le fait que certains objets soient très visibles tandis que d’autres se fondent dans le décor, ce qui rallonge artificiellement la durée de vie, déjà balèze à la base (environ 130 missions si on vise le 100% pour plus de 30h).
Mais au final, j’ai beaucoup aimé l’expérience, car Super Daryl Deluxe possède une identité assez unique, soutenue en plus par des mécaniques solides, malgré ses scories. Certes un peu répétitif à la longue (ça reste de la baston avec des allers-retours entre des niveaux qui ne brillent pas d'abord par leur level design, c'est du rpg/action avant tout encore une fois), mais il récompense le joueur de sa persévérance grâce à un background décapant qui ne cesse de s’épaissir. Bref, une petite pépite indé qu'il serait dommage de passer à côté.