Le jeu de plateau digital dont vous êtes le héros

Talisman est un peu le jeu par lequel j’ai redécouvert, récemment, le genre du Digital Board Game, qui semble actuellement en pleine expansion, en particulier sur les plate-formes mobiles et autres tablettes.

Talisman, c’est avant tout un jeu qui sent bon les années 80. Et c’est normal, puisque – si je ne dis pas de bêtises – le jeu de plateau original date de 1983. A une époque où le jeu de rôle était encore un genre très méconnu, confidentiel, et très souvent associé à des jeunes gens en perdition, s’habillant avec des casques de gladiateurs dans leurs chambres et même susceptibles de se suicider sur un lancé de dés malheureux. L’époque de l’obscurantisme, quoi …

Sur le principe, Talisman tente donc pour l’époque le pari un peu fou de retranscrire dans un jeu de plateau finalement assez simple d’aspect une aventure un peu générique d’un jeu de rôle papier. Sur un plateau divisé en 3 grandes régions, des aventuriers aux caractéristiques différentes (avec plusieurs personnages bénéficiant de capacités et de statistiques distinctes, comme sur les jeux papier) doivent parcourir plusieurs lieux pour obtenir un talisman et augmenter leurs caractéristiques, dans le but de parvenir à l’Anneau de Pouv… non pardon, à la Couronne de Commandement, artafact suprême permettant – comme son nom l’indique – de commander aux autres joueurs et, finalité ultime, de les tuer pour emporter la partie.

Pour cela et en fonction des cases d’arrivée de nos personnages, les différents joueurs tirent des cartes « Aventures » qui sont autant d’occasion de rencontrer des monstres et ennemis, de collecter des objets renforçant vos capacités, de faire la connaissance de suivants (d’autres personnages qui se joindront à vous pour vous offrir également des bonus de compétences), …

Dans cette version de base, Talisman s’avère être un jeu plutôt sympathique, improbable symbiose entre le jeu de l’oie (avec plus de liberté) et le jeu de rôle plateau, mais il s’avère également assez limité et répétitif. En effet, on en revient régulièrement à faire exactement les mêmes actions et à rencontrer les mêmes cartes aventures. Le nombre de personnages étant honnête mais quand même limité et l’objectif du jeu unique, on finit par vivre plusieurs fois la même aventure.

Néanmoins, tout change pour qui aura l’audace d’investir dans le Season Pass qui accompagne la Digital Edition de Talisman. En effet, ce Pass vous donnera accès à l’ensemble des extensions disponibles pour le jeu, ainsi qu’aux différents personnages bonus créés pour l’occasion (à noter que des nouveaux personnages dont disponibles par et hors les extensions mentionnées). Précisons que ces extensions et personnages sont également directement tirés du jeu de plateau initial.

Et là, Talisman prend une autre dimension ! Quelques exemples. La première extension disponible, The Reaper, fera apparaître un nouveau PNJ sur le plateau, la Mort, que les joueurs pourront déplacer à certaines occasions et qui pourra occasionner de gros dégats pour qui la rencontrera. Mais cette extension permet également d’ajouter de nombreuses cartes Aventure afin de diversifier les évènements du jeu. L’extension The City rajoutera carrément un morceau de plateau au jeu et vous permettra de vous balader en ville, récupérer des primes pour certains monstres battus ou encore faire vos emplettes dans les nombreux magasins du coin. Dernier exemple, l’extension Blood Moon incorporera un cycle jour / nuit dans le jeu et vous mettra au prise avec un loup garou.

Au-delà de ces quelques exemples, c’est une petite dizaine d’extensions qui seront disponibles et que vous pourrez activer, seules ou à plusieurs, au gré de vos parties pour varier les plaisirs et apporter une vraie touche stratégique et tactique. Cerise sur le gateau : ces extensions débloquent le principe des fins alternatives, qui viendront complètement chambouler l’objectif du jeu, avec la possibilité de dévoiler cet objectif dès le début de l’aventure, ou de le dévoiler seulement au moment où le plus téméraire des joueurs atteindra la Couronne de Commandement.

J’avoue avoir trouvé en Talisman un jeu (imparfait) que j’ai l’impression d’avoir attendu pendant longtemps. Pas en tant que joueur de jeu vidéo, mais en tant qu’ex-enfant. Une espèce de jeu de plateau à la fois simple (dans ses principes de base) et compliqué (avec toutes ses extensions), avec un univers à lui et où l’on vit, au gré du hasard, des aventures différentes.

Bien que particulièrement bienveillant avec Talisman, je n’en oublie pas ses défauts et lacunes. Déjà, il ne faut pas oublier qu’à la base, c’est un jeu de l’oie amélioré, avec tout ce que cela implique de rapport au hasard. L’ensemble de l’aventure est structuré autour de jets de dé qui peuvent se révéler autant de coup de couteaux dans vos stratégies, votre audace ou vos choix. Par ailleurs, une partie de Talisman, c’est sympa, mais c’est également long. A 3 ou 4 joueurs, les parties pourront rapidement durer entre 1h30 et 2h, voire plus en fonction du déroulé.

N’ayant pas joué au jeu de plateau, la comparaison ne m’est pas aisée, mais cette version digitale me semble fidèle au jeu de base, avec des illustrations toutes tirées du jeu. Les puristes diront vraisemblablement (et ils auront sûrement raison) qu’on ne retrouve pas dans cette version digitale l’ambiance et la convivialité du jeu de plateau.

Personnellement, j’ai été assez conquis. Toutes mes parties n’ont pas été des réussites. Certaines ont même été abandonnées car trop longues (et quand on joue en ligne, on ne peut pas sauvegarder bien sur et laisser à plus tard …). Mais, globalement, Talisman, comme on disait dans les années 80, c’est bat !