Terranigma
7.9
Terranigma

Jeu de Quintet et Enix (1996Super Nintendo)

J'aime beaucoup l'esthétique des jeux Enix comme Illusion of Time, mais je trouve souvent la conception des niveaux poussives et assez peu imaginatives. Or ici, non seulement on a un jeu très abouti esthétiquement, mais on a des niveaux très bien pensés. Terranigman, c'est un peu Zelda : a Link to the past + Secret of Mana.

Il n'y a que l'histoire qui est toujours aussi mièvre et tirée par les cheveux, mais partons du principe que l'histoire ne compte pas dans les RPG. En gros, un jeune garçon ouvre une boîte de Pandore. Pour ramener les habitants du village à la vie, il doit passer cinq donjons. Mais le monde dans lequel vit Ark est en réalité un monde souterrain, et en réactivant ces donjons, il détruit toute vie sur Terre, en surface. Pour se racheter, il entame une quête qui va ramener à la vie successivement la végétation, les oiseaux, les animaux terrestres, les hommes, puis le génie humain. Ramenant pour une raison qui m'échappe un scientifique démiurge à la vie, Ark l'affronte pour ramener la paix. Mais ce faisant, il détruit la face souterraine de Gaïa, condamnant son monde à la destruction.

La grosse originalité du jeu, c'est que la carte du monde en mode set est une planisphère terrestre : le héros visitera donc l'Afrique, le Tibet, l'Europe (la seule mal dessinée), etc... De plus la quête du héros reconstitue l'évolution de la planète, des débuts de la vie jusqu'au progrès technique des XIXe-XXe siècles : on aide Edisson et Bell à créer leurs inventions, du coup ensuite les maisons sont équipées d'ampoules électriques et de téléphones.

Le jeu est ce qu'on fait de meilleur en matière d'action-RPG. La palette de mouvements d'Ark est variée : attaque plongeante, piqué, roulade, bouclier, équilibre sur une corde, chute du haut d'un précipice. Surtout, les donjons reposent sur des énigmes qui demandent un peu de réflexion, sans être infaisable (sauf la ville zombie, où j'ai dû consulter une Faq, étant pressé). Les boss ne sont en général pas dur, même si quelques-uns, un peu plus corsés, demanderont un peu de levelling (mais rien de bien fastidieux).

Le jeu repose sur l'exploration, qui est ici un véritable bonheur. Si l'intrigue est linéaire, on trouve un certain nombre de quêtes optionnelles, comme participer au développement des échanges entre villes en apportant de nouveaux matériaux aux artisans ou en s'improvisant représentant de commerce. Certaines villes peuvent ainsi évoluer deux fois de suite, leur carte s'agrandissant et les maisons devenant plus confortables. On peut juste reprocher une vision assez biaisée, puisque le Japon est présenté comme un pays naturellement développé, tandis qu'il est impossible de faire se développer le Brésil ou encore la Chine (où les habitants parlent petit nègre). Très bonne idée, aussi : Nirlake, la ville qui végète. Détruite par un incendie, elle est reconstruite avec l'aide de philanthropes et devient un centre moderne. C'est vraiment bien pensé. J'aime aussi qu'on trouve pas mal de ruines, sans autre explication, un peu partout sur la carte. Encore une vision historique aussi profonde que le permet ce genre de RPG 16-bits.

Il y a aussi beaucoup d'éléments complètement gratuits, comme cette maison très vaste avec une mère et sa fille, laquelle explique que depuis la mort de la grand-mère, la maison semble vide. Chaque ville propose aussi d'essayer des spécialités locales, ce qui est complètement gratuit. Il y a aussi la quête des photos à faire pour développer le tourisme, un certain nombre de minijeux pas durs. C'est presque aussi varié qu'un "Earthbound". Et il y a plus d'animations, comme ce personnage qui tremble de peur. Les programmeurs sont même allés jusqu'à se représenter dans le jeu : on les trouve à Neo Tokyo dans le bâtiment intitulé "Quintet". Ils demandent au joueur s'il aime la musique, les graphismes, etc...

La musique, justement, est très réussie. Epique, mais pas seulement. Le thème du laboratoire du savant est celui que je préfère, il a quelque chose de dépaysant qui rappelle un Star Ocean (sorti la même année).

Le menu, quoique pas des plus ergonomiques, est très beau ; j'aime bien cette idée de la boîte dans laquelle on peut se réfugier loin du monde. Seul petit défaut, le système de magie, qui ne m'a servi que face à un boss (l'horrible Bloody Mary) : on achète des bagues à usage unique, que l'on peut créer en collectant des magirocs qui sont en nombre limité dans le jeu.

Enfin, la séquence finale est originale et touchante : Ark, sachant que son monde va disparaître à minuit, fait le tour de son village d'origine, où tout est redevenu normal, comme si rien ne s'était passé. On finit le jeu en se mettant au lit (un peu morbide mais original). Le générique de fin est un rêve d'Ark, qui se voit en oiseau survolant la carte, de jour, mais aussi de nuit (superbe réalisation). Dernière scène : sa fiancée entend frapper à la porte juste avant minuit, vient répondre, puis le mot fin apparaît (seul regret, que ce soit à ce moment-là le thème du village qui revienne, mais bon...).
zardoz6704
10
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le 20 mai 2013

Modifiée

le 20 mai 2013

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zardoz6704

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