TEST THE LAST OF US


Contrairement à certains homologues ayant cédé à la suite facile pour remplir les calendriers de fin de génération, le studio roi de chez Sony Naughty Dog, qui s’est distingué sur cette génération avec la trilogie Uncharted, a choisi de se lancer dans une nouvelle licence qui, tout en reprenant certains codes de leur désormais nouvelle série phare, emprunte également des chemins restés jusque là inédits pour les développeurs californiens.


LES FILS DE L’HOMME 2.0


Oubliez Le John Mclane des aventuriers et ses blagues comico-gentillettes, The Last Of Us met en scène l’épopée de Joel, adulte meurtri que la vie n’a pas épargné, et Ellie, adolescente pas comme les autres contrainte de voyager à ses cotés dans un monde dévasté par une épidémie transformant non pas la populace en zombies, mais en champignons particulièrement agressifs, comme dans une version destroy du royaume Champignon de ce bon vieux plombier à moustaches. Ici, l’heure n’est vraiment pas à la vanne : on rigole en effet rarement dans le dernier né de ND, et le jeu ne manquera jamais une occasion de nous le rappeler, que ce soit dans le ton particulièrement premier degré de l’aventure ou les différentes péripéties/tragédies/coups du sort qui viendront frapper les deux héros.


MELANGE DETONNANT


Si le jeu a pour objectif d’offrir une expérience et une ambiance résolument mature, il propose également d’un strict point de vue gameplay un mélange des genres permettant d’offrir une certaine variété tout au long de votre progression.
En effet, si Tonton Joel n’est pas le plus frileux pour fracasser des cranes et mater de la racaille post apo en mode justicier de minuit, le jeu adopte le parti prit d’une approche de type couteau suisse, vous laissant souvent le choix dans la façon d’aborder une situation.
Vous aurez donc régulièrement la possibilité de vous la jouer furtif en tentant d’éliminer silencieusement les menaces qui se présenteront devant vous, en vous infiltrant dans le dos de vos ennemis pour les faire taire définitivement, de simplement les esquiver, ou d’y aller en frontal en décidant de flinguer/éliminer tout ce qui bouge. Attention cependant à cette dernière approche, car d’une, le nombre de munitions disponibles sera souvent en nombre limité, et de deux, certain types d’ennemis infectés et ne réagissant qu’au bruit auront la fâcheuse capacité de vous « oneshoter » dès lors qu’ils vous agrippent. C’est en effet là la particularité du jeu, qui adopte régulièrement une coloration survival horror, tant dans la gestion de vos balles que dans la capacité de certaines menaces à pouvoir vous tuer instantanément sans sommation, vous obligeant parfois par la force des choses à vous la jouer discret. Sans compter les humains de base qui se baladeront très souvent en bande, vous incitant aussi à tenter de vous débarrasser au moins d’une partie d’entre eux tout en finesse pour ne pas vous retrouver à court dans les moments critiques.
Pour autant, les éliminations furtives et les armes à feu ne constituent pas les seuls outils à votre disposition. The last Of Us propose également un système de craft, vous permettant de ramasser divers matériaux ici et là afin de vous constituer une panoplie de pièges et armes de jet en tout genre : surins pouvant être utilisés pour l’ouverture de serrures ou l’élimination furtive, grenades artisanales et autres substituts de mines pourront ainsi être créées afin de vous offrir un éventail de moyens de défense à la hauteur des menaces rencontrées.


Entre ces séquences dopées à l’adrénaline, sont intercalées des phases plus contemplatives, qui seront à la fois autant d’occasion d’approfondir les relations entre les personnages, que de livrer à une exploration (soft) des lieux traversés afin de récolter les fameux matériaux de craft. Le jeu adopte ainsi un rythme qui se veut volontairement plus lent que ce que le studio a pu livrer avec ses précédentes productions. Et c’est peut-être bien là qu’est aussi le problème.


28 (LONGUES) HEURES PLUS TARD


Si le parti prit de proposer une ambiance plus mature, avec un ton et un rythme davantage contemplatif et mélancolique était tout à fait louable, le problème de cette orientation est qu’elle se heurte vite à ses limites.
En effet, l’ADN du studio et de sa licence phare restent bel et bien présents et la nouvelle production des californiens adopte une structure relativement identique à leur précédent travail ; on retrouve donc une alternance séquences infiltration/bourrinage- séquences ballade/ramassage craft qui révèle une mécanique dont on fait bien vite le tour, avec certains gimmicks donnant l’impression de se répéter en boucle.


Ne soyez par conséquent pas étonné de voir Joel et compagnie taper tranquillement la discute à quelques mètres d’une zone ou la consigne était de faire le moins de bruit possible sous peine de rameuter tous les champignons du coin, marquant l’arrivée d’un endroit pépère, ou de revoir à intervalles réguliers cette foutue échelle/planche/poubelle à récupérer dans les environs afin de vous permettre de franchir un énième obstacle. Quand on a à le faire une ou deux fois dans tout le jeu, cela passe encore, mais quand cela revient sans arrêt à de multiples moments, on se dit que les développeurs se reposent un peu trop sur les mêmes artifices.


Mais au-delà de ce copier-coller, c’est la présence d’un relatif ennui qui fini par pointer un peu le bout de son nez. Comme dit plus haut, le jeu adoptant dans sa construction une structure relativement similaire à Uncharted, mais proposant moins de variété et de rythme, on fait finalement très vite le tour de ce que le jeu a à proposer, le versant narratif se montrant lui aussi finalement assez peu surprenant, et ne permettant malheureusement pas de compenser les soucis de tempo.
Il n’aura sans doute pas échappé à la majorité des joueurs ayant visionné une seule vidéo du jeu que la relation entre Joel et Elie est au centre de l’intrigue. Je ne spoilera rien dessus, mais la principale problématique est que l’évolution de celle-ci se révèlera extrêmement prévisible pour toute personne ayant vu ne serait-ce qu’un ou deux buddy movie dans sa vie.


Néanmoins, il faut tout de même reconnaître aux équipes de Naughty Dog cette capacité à faire preuve d’une habileté certaine dans le dosage de l’émotion, avec bon nombre de séquences qui, à défaut de se montrer surprenantes, ont à chaque fois le bon gout de ne pas tomber dans le piège de la surenchère, en donnant plus que de raison dans le larmoyant.
C’est peut être là la plus grande réussite du jeu : avoir finalement réussi à provoquer à l’égard de ses personnages l’empathie sans chercher à « forcer » l’émotion, l’empathie du joueur. Les scénaristes ont en quelque sorte réussi là où un David Cage avait par exemple échoué dans Heavy Rain.
Je ne pouvais par ailleurs pas terminer le test sans évoquer la partie graphique du titre.


Oui, The last Of us est sans doute l’un des jeux les plus beaux de la génération précédente de consoles. Entre les décors post apo du plus bel effet, les paysages de désolation, la variété des zones visités, la modélisation bluffante des visages et les animations des personnages, le studio star de Sony a sans nul doute réalisé un travail d’orfèvre. Au-delà des graphismes, c’est la capacité du jeu à donner une personnalité à chaque endroit visité qui force le respect, comme cette chambre parsemée de détails qui font qu’elle ne ressemblera à aucune autre.


On ne peut de ce fait que s’incliner devant le travail abattu.


The Last Of us est un bon jeu, ça ne fait aucun doute. Le choix d’avoir proposé une sorte de survival horror plutôt accessible car sanctionnant très peu les morts (à l’instar d’un Uncharted, les check-point sont nombreux) et la variété d’approches dans le gameplay, couplées à une mise en scène et une réalisation très réussie, ne suffisent cependant pas à compenser le coté très mécanique du jeu et le relatif ennui dans lequel on fini par plonger du fait d’une narration qui peine finalement à surprendre, et ne peut soutenir efficacement le rythme finalement assez lancinant. Facteur malheureusement problématique dans un jeu se voulant très cinématographique.

Termina2501
7
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Créée

le 30 mars 2017

Critique lue 179 fois

Termina2501

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