Pourquoi les jeux vidéos ne peuvent ils se hisser au niveau du cinéma et de la littérature?

Parce qu'ils peinent à transmettre des émotions aux travers de leurs histoires.
Soit on a un découpage scène de jeux/cinématique d'explication, qui assassine littéralement toute tentative d'immersion.
Soit on a des jeux qui ne sont que des films hollywoodien (en moins bien) avec comme seule notion de gameplay : "Push X to win" (Coucou David Cage).
Certains ont tenté de briser les codes (Les créations de Fumito Ueda, Journey... ), mais franchement on était quand même parfois pas loin de la branlette auteuristico-autistique.

Puis vinrent les studios "Naughty Dog" avec The Last of Us.

Le pitch est simple, pour ne pas dire simpliste. 20 ans après une épidémie fongique ayant ravagée la moitié de l'humanité, Joël, la cinquantaine, renfermé sur lui-même, doit traverser les Etats-Unis flanqué d'Ellie, gamine de 14 ans, insouciante, voir inconsciente, en mal de figure paternelle ou juste de quelqu'un à qui parler.
Un monde post-apocalyptique featuring zombie, deux personnages que tout oppose qui finiront par s'apprivoiser. J'entends déjà les turbo-débiles du fond : "pffff c Dja vu 1000 fois. C kom dan Wolking dède..."

Ta. Gueule.

Tout d'abord, on est ici bien plus proche de "La Route" ou des "Fils de l'Homme" en termes de trame et d'ambiance. Et quand bien même, et alors?
Peu importe qu'on nous raconte 100 fois la même histoire si celle-ci est BIEN raconté. Et elle l'est ici. Merveilleusement.
Visiblement conscient de la connaissance des joueurs pour les environnement infectés (avec tout ce que cela comporte comme choix moraux, passages crados, etc...), les dévellopeurs prennent un malin plaisir à désamorcer toutes tentatives d'anticipation scénaristique du joueur en livrant les cartes de leur univers très en amont. Plaisant de ne pas être pris pour un pigeon avec de faux coups de théâtre...
Le tour de force de Naughty Dog a été de ne pas faire de choix en terme de jeux ou de narration, mais de faire en sorte que les deux s'alimentent constamment entre eux. Le monde de "The Last of Us" est dangereux et impitoyable pour ses protagonistes, le jeux est dur et punitif pour le joueur. Vous allez transpirer en mode "Survivant". Littéralement transpirer.
Le jeux est violent, les combats brutaux, les morts se comptent par centaine? Le scénario incorporera cette notion et vous invitera à être discret, sournois, voir sans morale. Dans ma vie de joueur, j'ai du exterminer virtuellement, en terme de quantité, plus de la moitié de la population de l'Europe entière, mais seul ce jeu m'aura donné l'impression de me salir les mains.
Les phases d'action ou d'exploration vous font constamment éprouver de l'empathie pour les personnages, au point que l'on ne distingue plus les cinématique des scènes d'action, puisque chaque instant de jeux sert au déroulement de l'histoire et au développement des protagonistes.

Alors bien sur, il y a les questions traditionnelles quand on parle de jeux vidéo :
- Est ce que c'est beau? La PS3 à son max. A deux doigts de prendre feux et de décoller. Si, si.
- Comment ça se joue? Avec une manette.
- Combien de temps ça dure?.... Non en fait, j'ai jamais vu l'intérêt ce cette question. C'est pour savoir si ça vaut le coup au niveau du rapport temps/argent. Beh ça dure plus longtemps que ta mise à jour de Call Of, et ses 6 heures de jeux (avec les bras plâtrés), que tu raques plein pot 60 boules chaque année. Stop le sketch. Merci.

Rien n'est parfait, et bien entendu le jeux à ses défauts. Difficile d'en parler sans spoiler. Et ça ne doit jamais être le but d'une critique. Peut être que cela manque un peu de liberté parfois, mais est ce que vous avez renvoyé l'intégrale blue ray de "Breaking Bad" à la FNAC parce qu'il n'y avait pas 8 fin différentes? Moi oui, mais c'est un autre débat.

Pour conclure, Last of Us fera date dans l'histoire du jeux vidéo (qui a dit "comme FIFA?"). Car il apporte de vrais émotions. Vous n'avez pas besoin d'aimer les jeux vidéos, ou les univers post-apo pour apprécier ce jeu. Il faut juste aimer entendre de belles histoires magnifiquement racontée. Celle d'Ellie et Joël est la plus poignante, tout support confondu, qui m'ai été donné de voir en 2013.
A la fin du jeu, vous n'aurez qu'une envie, passer la manette à quelqu'un pour lui prouver qu'il n'y a pas que les séries, le cinéma ou la littérature qui a ses grands récits. Désormais, le jeu vidéo aussi. Bienvenue dans la cours des grands.

Mais ce n'est que mon avis.
Thibault_Merle
9
Écrit par

Créée

le 13 déc. 2013

Critique lue 415 fois

Thibault_Merle

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