The Last of Us c'est de la survie. C'est une autopsie analytique de l'âme. C'est un examen curieux et détaillé du genre humain. On s'est amusés à chercher qu'est ce que l'Homme en le déconstruisant partie par partie. On s'est dit qu'en enlevant le superflu et un peu plus, il ne resterait que le vrai.
L'apocalypse, c'est une tentative de se trouver soi même.
Le laboratoire de Naughty Dog a donné des résultats. The Last of Us en a dans le ventre.
The Last of Us a des choses à dire.


Au début je crois que je n'avais pas trop saisi, la fin surtout. Ça m'a pas frappé, du moins pas autant que ce que j'entendais dire, j'ai du passer à côté. Tant pis. Sauf que l'horreur concoctée avec brio a su me rappeler à mon insu. Cette introspection universelle, le voyage dans la noirceur mais en gris. Sans le savoir j'étais séduit, intrigué, stupéfait.
Finalement j'y suis revenu, et bam, ça m'a frappé. L'apocalypse, la survie, tout ça. Le viscéral... J'ai compris le décalage. Je ne sais pas comment on réagirait à la fin du monde, mais le jeu m'a semblé vraisemblable. J'ai compris qu'on est ce qu'on est, et que ça nous pose problème. La nature reprend ses droits, l'Homme perd les repères qu'il s'est bâti. On lui arrache des parties et on se rend compte que peut être qu'il vaut mieux ne pas savoir. Au fond, on trouve l'adaptabilité. Le fondement humain. L'Histoire a su nous le prouver, l'homme s'adapte à tout. L'instinct de survie c'est ça, c'est savoir s'adapter. Continuer à avancer, surpasser les événements du passé. Une adaptation constante pour continuer à vivre, tout simplement. C'est ce qui est censé rester de l'homme dans les conditions apocalyptiques.
L'homme c'est aussi du jugement, envers les autres et envers soi même. Et c'est là qu'on revient au décalage. Cet écart c'est ce qu'il y a de plus important. Il y a conflit entre ce que l'on est et ce que l'on cherche à être. Nous sommes des êtres éminemment changeants qui aspirent à cesser de l'être. On essaye de s'atteler à des principes et à des convictions de façon à qu'on puisse mener nos vies. C'est ce qui donne le contentement de soi, la fierté, la recherche du perfectionnement. Impossible de vivre sans ego.
Mais justement, comment concilier ces deux monstres grandissants ? Quand tu ne te supportes plus toi même ? L'homme s'adapte, il survit, même quand il doit sacrifier son Humanité. Perte de repères, on ne sait plus à quoi aspirer. Comment surpasser certaines douleurs, certains traumatismes ? Devrait on seulement essayer de les surpasser ?


C'est ça que j'ai vu dans la fin de The Last of Us. Peut être le plus beau refus de la vérité qu'il m'ait été donné de vivre. Ellie ne veut plus continuer, mais dans le réconfort que Joel lui apporte, il ne fait qu'avouer sa futilité. Parce qu'à force de s'adapter, lui, survivant aguerri, il ne reste plus grand chose d'Humain chez lui. Il n'est plus qu'une pile de mensonge sur mensonge, hypocrite envers lui même, seul moyen pour aller de l'avant. Parce que la seule Humanité qui lui reste, c'est cette sincérité des sentiments envers Ellie. What is a man ? A miserable little pile of secrets.
Finalement qui a été le plus humain, Joel ou Marlene ?


Si The Last of Us ne paraît pas grandiose, il reste grand en puissance. Ce plongeon dans l'abysse qui finalement nous invite à marcher sur du bitume en nous prenant la main. Je suis Joel et je suis Ellie. The Last of Us, je m'adresse désormais directement à toi. Tu m'as montré tout ce que j'abhorre mais tu m'as fait y poser un regard empli de tendresse. Et je ne sais plus quoi en penser.

Créée

le 8 août 2014

Modifiée

le 9 août 2014

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