[Pas de véritable SPOIL dans cette critique ; juste quelques vagues éléments]


Je voulais vraiment l’aimer ce Zelda. Mais après plusieurs dizaines d’heures de jeu, j’en suis arrivé à me dire que non, ce n’est pas possible. J’oserai même dire qu’à mon avis, pas mal de personnes ont dû juger ce Zelda avec moins d’une quinzaine d’heures au compteur, parce que sinon, je pense qu’il n’aurait pas forcément bénéficié des mêmes louanges.


Ok, je vous l’accorde : je ne suis un pas un gros fan de la licence. Hormis Zelda premier du nom sur NES et l’inévitable Zelda 3 de la SNES, je n’ai pas accroché aux épisodes suivants.


Pourtant, dès les premiers instants, la magie opère : on ressent tout de suite une agréable sensation de liberté à arpenter ce monde sauvage, que l’on devine immense, et le soin apporté à la direction artistique, à la gestion des éléments physiques ou à l’environnement saute aux yeux.
En plus, les combats ont du peps, et je n’ai même pas été gêné par les potentielles limitations techniques de la Switch évoquées par-ci ou par-là, alors que je suis en général très sensible aux ralentissements en tout genre.


Mais alors, qu’est-ce qui ne va pas ?


Et bien je vais vous le dire : déjà, l’écriture générale des dialogues, des personnages ou du scénario est non seulement très convenue, niaise, mais surtout, tous ces éléments semblent venir d’un autre âge.
Que ce soit puéril et enfantin, passe encore (les enfants aussi ont le droit de s’amuser), mais quand on m’implore d’aller ramasser des poules échappées et pourtant encore présentes à 10 mètres, ou de ne pas marcher sur des fleurs parce qu’une psychorigide les a plantées justement tout autour d’un sanctuaire où je dois entrer, je n’adhère pas. Surtout quand on sort d’un The Witcher 3, autrement mieux écrit de ce côté-là (oui je sais, ce n’est pas le même univers, mais quand même, on peut écrire des trucs intéressants dans un univers enfantin).


Mais qu’importe, ça n’est pas le plus embêtant. En fait, je pense que le jeu arrive à un véritable tournant à partir de la cité des Zoras et de la première créature divine, pour ceux qui connaissent (en gros, au bout de quinze/vingt heures de jeu).
Pour moi, là, patatra : la façade péniblement entretenue de jeu intelligent, vaste et varié s’est fissurée et tout s’est effondré, faisant remonter à la surface toutes les petites choses crispantes pour lesquelles j’avais réussi à fermer les yeux.


Déjà, les sanctuaires sont trop nombreux, bien trop identiques, avec très peu de surprise et ça devient vite lassant. Manque de bol, il va falloir s’en taper un très grand nombre. Passé l’émerveillement des premiers, j’ai compris qu’on allait globalement avoir toujours un peu la même chose.


Ensuite, les boss sont affreux : on reste dans un schéma toujours identique, avec le même genre de phases et c’est pénible à jouer. D’une manière générale, d’ailleurs, mourir dans Zelda est pénible, avec des Game Over crispants et un fondu au noir.


Tiens, au passage, le système de sauvegarde est très mal fichu. En fait, le jeu ne sauvegarde pas un état précis. Exemple : vous êtes caché, on vous découvre, vous vous battez et vous sauvegardez dans l’action. Et bien dès le reload effectué, les ennemis vous auront oublié, ceux que vous avez tué ou combattus ne seront plus au même endroit, ou votre torche pourtant allumée sera éteinte et rangée… ce qui peut avoir de lourdes conséquences si vous comptiez sur elle pour allumer quelque chose d’autre… Vous voyez le genre. Sans parler des sanctuaires, où la sauvegarde est inutile puisque en cas de mort, vous retournez au début (et pourtant, vous pouvez continuer de sauvegarder sans savoir que cela ne sert à rien). Je déteste ça.


Les musiques, elles, sont quasiment inexistantes, sauf pour devenir crispantes : toujours les mêmes sons, les mêmes notes de piano, les mêmes onomatopées des PNJ, et au bout d’un moment, ça porte sur les nerfs.


Le bestiaire, lui, est finalement très limité et vite répétitif. Des Gobelins, encore des gobelins, des lézards, encore des lézards, ha tiens, là il est jaune, là il est bleu… c’est un peu déprimant.


Je me dois aussi d’évoquer des situations complètement nazes, à l’image du passage d’infiltration obligatoire, où il faut lâcher des bananes sur des gardes sous peine de mort immédiate et de recommencer le niveau. Bien sûr, les gardes ne s’interrogent pas sur la provenance d’une banane qui tombe du plafond, non, ils sont contents et ça vous permet de passer. C’est raté, c’est gonflant et ce n’est ni drôle, ni amusant.
Autre exemple : impossible d’entrer dans un certain endroit si on n’est pas déguisé. Même si on essaye de grimper le long d’un mur lointain où absolument aucun garde ne peut vous voir, hop, on est quand même pris la main dans le sac, comme par magie. Mais si on se change devant le garde, même avec nos grosses armes apparentes, ça passe sans poser de problème à qui que ce soit. Et qu’on ne vienne pas me dire « ouais mais tu pinailles, c’est Zelda quoi ». Non, à notre époque, ce genre de chose, moi, ça me sors complètement d’un jeu, surtout quand il se veut par ailleurs crédible et cohérent.


Évidemment, tout n’est pas à jeter, loin de là.
Comme je l’ai évoqué, les vingt premières heures de jeu sont très bonnes. La gestion de la physique est étonnante, l’ambiance est là, la vie sauvage, la survie, la découverte, tout cela fonctionne.
Mais une sensation de remplissage et de répétitivité s’installe, avec des systèmes éternellement redondants. Passé un certain cap, on comprend que le jeu n’aura plus grand-chose à proposer pour nous étonner dans son déroulé ou ses mécaniques datées, sans parler de l’écriture niaise et des quêtes peu excitantes.


Encore une fois, un The Witcher 3 est à des années lumières, que ce soit dans la gestion de son open world ou évidemment, de son écriture.


C’est dommage, avec une ambition revue un peu à la baisse, avec un jeu plus concentré ou une écriture bien plus soignée, j’aurais vraiment renoué avec les sensations des Zelda de mon enfance.


En bref :


Positif :
'+ L’univers et son ambiance
'+ La gestion de la physique
'+ Le côté vie sauvage et survie des premières heures


Négatif :
'- Des mécaniques globales très répétitives passé un certain cap
'- Une écriture niaise
'- Des mécaniques datées
'- Des quêtes peu excitantes

Matclane
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le 3 avr. 2018

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