Que dire de plus sur ce monument du jeu vidéo ? Que dire de plus car tout a déjà été dit. D'autant plus que j'arrive plus d'un an après sa sortie, mais cela m'a justement permis de prendre le temps d'y jouer (environ 250 heures au compteur) sans rusher et en l'appréciant, en le savourant.
Dans un premier temps je pense que je me dois de restituer le contexte de mon achat et me présenter brièvement en tant que gamer. Je suis un geek de la première heure, geek tendance console de salon ou portable, mais pas PC. J'ai eu la NES, la super NES, la Game Boy, la 3DS, la playstation 1, la Wii, actuellement je possède la ps4 et la switch. J'ai fait quasiment tous les Zelda, exceptés Wind Waker (sacrilège, je sais) , Oracle of seasons et Oracle of ages, et a link between worlds. Ils m'ont tous procuré des moments de jeu uniques, mais ce Breath of the wild surpasse tout, c'est pour moi un des meilleurs jeux de tous les temps. Alors oui, c'est un fan qui parle et j'assume totalement ma part de subjectivité. Mais justement, en tant que fan, je suis devenu très exigeant avec la licence. Par exemple, je trouve que Skyward Sword, le précédent épisode, est un mauvais Zelda. Un assez bon jeu vidéo, mais un Zelda raté. Je n'entrerais pas dans les détails, mais c'est précisément pour cela que j'ai attendu un an avant de me procurer Breath of the wild. Je n'avais pas envie de vivre la même déception, de m'acheter et une console et le jeu pour une belle carotte au final. J'ai donc attendu et observé. Et en attendant, j'ai acheté une ps4 mais ça on s'en branle.
J'ai lu cette presse dithyrambique, vu quelques Let's Play sur Youtube et finalement j'ai craqué. Et après quelques dizaines d'heures de jeu, j'ai compris que je vivais la meilleure expérience vidéoludique de ma vie de gamer... jusqu'à la prochaine. BOTW n'a pas inventé l'open world, tout comme Mario 64 n'avait pas inventé le jeu en 3D. Cependant, à l'instar de Mario 64 pour la 3D, BOTW a montré une nouvelle manière d'appréhender l'open world. C'est comme si Nintendo avait envoyé un message a tous les développeurs de triple A du moment, un message qui dirait en substance : "Votre copie est intéressante, mais bien exploitée, ça donne ça". En fait, depuis plus de trente ans maintenant, depuis l'apparition des jeux vidéos, on a l'impression que Nintendo montre la voie à suivre en posant les bases, sans jamais perdre de vue l'essence même du jeu vidéo (le fun, le plaisir), obligeant presque la concurrence à s'aligner. Ce Zelda en est encore et toujours l'illustration parfaite. Preuve de la maestria de Miyamoto (parce que c'est bien lui qui est derrière tout ce phénomène) : chaque défaut de BOTW est transformé en qualité. Les montagnes ont trop d'aliasing ? Ce ne sont que des aspérités qui permettent de mieux appréhender leur escalade, élément essentiel du gameplay. La map paraît vide ? Ce n'est que pour mieux mettre en valeur les points d'intérêt. Le bestiaire n'est pas trop varié ? C'est pour qu'on prête plus attention aux armes des monstres, car on n'affronte pas de la même façon un bokoblin bleu armé d'une branche d'arbre et le même bokoblin armé d'une baguette de fulguration. Je pourrais continuer comme cela longtemps. Chaque défaut , chaque contrainte technique est contournée de la manière la plus habile qui soit, toujours dans l'intérêt du joueur.
On a souvent comparé ce Zelda au premier épisode sur NES, Aonuma lui-même s'en revendique. C'est vrai qu'il y a de ça. Il lui ressemble pour une raison précise. Lorsque j'y jouais dans mon enfance avec mon frère (seul moment où on ne se disputait pas, comme quoi le jeu vidéo crée du lien social ???), on était parfois tellement perdus dans cette map qui nous semblait gigantesque pour l'époque, qu'on la cartographiait à la main munis d'une feuille et d'un crayon, déterminés que l'on était à dénicher cet énième donjon. Dans BOTW, j'ai retrouvé cette sensation, chose qui s'était complètement perdue depuis. Je n'ai pas dessiné des bouts de carte, évidemment, mais à plusieurs reprises, j'ai sorti mon crayon... euh, mon iPhone, pardon, pour prendre des notes sur certaines énigmes. Les énigmes, justement, elles sont enfin à la hauteur du challenge, comme dans a link to the past (Zelda 3). Après cet épisode, je trouvais qu'elles s'étaient trop casualisées. Dans BOTW, enfin, je retrouvais tout le sel des énigmes "à la Zelda". Je ne vais pas vous spoiler, mais après en avoir résolu certaines, vous sentirez ce frisson si particulier qui vous traversait dans les premiers épisodes (oui, je m'adresse aux anciens joueurs).
Personnellement, je trouve que ce nouveau volet est très proche d'a link to the past, ne serait-ce que le style graphique qui semble être passé de la 2D à la 3D sans rien perdre de son charme. Mais à y bien regarder, ce Zelda est une synthèse de tous les Zelda. A l'instar de Ready Player One, il ne cesse de puiser dans l'héritage pop-culturel de la licence, titillant la mémoire sensorielle du joueur et parvenant à tisser avec lui un lien émotionnel très fort. Miyamoto honore sa réputation de Spielberg du jeu vidéo. Je pense qu'il y aura un avant et un après Zelda Breath of the Wild, mais seule l'Histoire nous le dira. J'ai joué à Assassin's creed origins après avoir terminé BOTW, histoire de me sevrer comme avec une pilule de Subutex, mais malgré toutes ses qualités techniques, il demeurait sans odeur, sans saveur. Des pastilles et icônes dans tous les sens, des missions ultra-dirigistes et répétitives, bref aucune magie. Car c'est bien de cela dont il est question. Dans ce dernier Zelda, il y a des moments de grâce, des parenthèses enchantées qui surpassent le plus gros processeur du moment. Comme quoi, tout ce qui brille n'est pas d'or. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'ai pleuré à certains moments du jeu ( parce que bon, je suis un bonhomme, quand même !) mais je reconnais que parfois, la larme n'était pas loin.
Pour finir, et puisque je parlais plus haut de lien émotionnel, la princesse a été baptisée ainsi en hommage à Zelda Fitzgerald ( la femme de Scott), romancière fantasque du début 20ème. Quelques années plus tard, un certain Robin Williams ( l'acteur, pas le chanteur) nomma sa fille Zelda, en référence au jeu vidéo qu'il appréciait. Quand la boucle est bouclée.

underground
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le 9 avr. 2018

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