L'attrape-rêve

D'aussi loin que je me souvienne, The Legend of Zelda : Link's Awakening est le deuxième épisode de la saga à s'être retrouvé entre mes mains juvéniles après Ocarina of Time. Je devais avoir entre douze et quinze ans et je jouais à l'époque au volet DX sur Gameboy Color. Il me semble que je n'étais pas parvenu au terme de l'aventure car mine de rien, ce n'était pas si simple et les solutions de jeux vidéo se trouvaient à l'époque uniquement dans les magazines. Pas de magazine, pas de soluce. Je me souviens d'un jeu au scénario onirique et étrange que ma mémoire ne parvient pas à effacer même après vingt années. En démarrant le jeu, j'ai tout de suite compris d'où venait ce sentiment de rêve ou cauchemar car cette refonte reprend à la lettre l'ambiance du jeu original. Sans surprise, Nintendo maîtrise l'art absolu de l'évocation nostalgique et parvient même, pour une fois, à retravailler superbement son jeu pour lui donner l'aspect mignon et enfantin que voici. On a l'impression de jouer avec des figurines dans un monde en plastique façon Playmobil. A titre personnel je trouve cela remarquable et rend plutôt bien notamment grâce aux couleurs chatoyantes. L'aventure s'avère pas si difficile que cela lorsqu'on a trente-trois ans, au final il suffit de suivre plus ou moins les indications données par le vénérable hiboux et d'écouter les desiderata des PNJ. Cependant certains passages dans les donjons finaux peuvent être retors. Pour en venir à bout, il vous suffira d'une dizaine d'heures environ ce qui est largement suffisant pour ce type de jeu à mon sens. J'ai pas mal pesté avec la maniabilité en particulier l'obligation d'utiliser la plume pour sauter et l'imprécision atroce du sprint précédé du saut pour passer par dessus les trous. Parce que nous sommes perfectionnistes, on reprochera aussi les baisses de performance de la console lors de certains passages (rares) particulièrement chargés en décors ou en ennemis... La Nintendo Switch ne devrait pas avoir de difficulté à faire tourner un jeu pareil, l'optimisation n'est pas au point. C'est dommage.

Hormis ces quelques tracas, Link's Awakening n'a pas de défaut particulier. Il offre une aventure à la fois classique et singulière dans l'univers de la saga que je laisse découvrir aux néophytes. Attachant serait le mot qui décrirait le plus cet épisode selon moi, de par un scénario onirique, une refonte graphique du plus bel effet, des musiques retravaillées entêtantes et une manière limpide de dérouler un jeu d'aventure devenu canon. Au dénouement final, après avoir vaincu l'ultime boss, c'est une page restée en suspend près de vingt ans qui s'est refermée. Je recommande.