Le titre de cette critique s’adresse aux développeurs du nouvel opus de la saga de l’elfe en collant.

En effet, nombre de passages et d’items de ce jeu ne peuvent être qu’issus de l’esprit d’un cerveau malade. Lorsque l’on enchaîne OoT avec TP, on ne peut qu’être surpris par l’apparition d’une paire de bottes de plomb dans un temple qui n’est rien de plus qu’un énorme cratère en fusion (le bain de lave n’est pas encore un phénomène à la mode). Et pourtant, il va vous falloir sauter d’une hauteur d’un immeuble de cinq étages, avec les bottes aux pieds, droit dans un énorme bassin rougeoyant. Il y a cependant une astuce qui servira le joueur tout le long de l’exploration de ce niveau et qui relève du génie. Certes, le déplacement est effroyablement lent mais ça ne m’a pas empêché d’avoir une banane incroyable en me baladant ainsi, cisaillant les limaces flambées qui essayaient d’attenter à ma vie.

Si le délire s’arrêtait là, il n’y aurait pas de quoi s’extasier. Mais les fous sont coriaces et insistent bien pour faire entendre leurs idées. Par conséquent, on enchaîne avec d’autres outils tout aussi surprenant et jamais vu auparavant comme, par ex : l’aérouage et « l’énorme boulet plein de pics qui pèse cinq fois plus lourd que Link ». Le premier vous permettra de vous déplacer sur les murs à toute berzingue et d’activer des systèmes complexes de monte-charge et de tremplins, tandis que le second vous donnera l’occasion de tout péter autour de vous (notamment ces petits blocs de glace monoculaires particulièrement pénibles). Certes, ces objets n’ont plus de réelles fonctions une fois sortis de l’endroit où vous les aurez dénichés, mais il faut tout de même avouer que c’est de l’inédit qui fait plaisir à voir.

Et puis il y a tout ces passages bien loufoques, si plaisants dans une ambiance aussi sombre que celle de TP. On vous demandera tout de même d’arrêter des yacks à mains nues, de vous faire passer pour Gregor Clegane mais avec des bras de fillette, de vous prendre pour Solid Snake au Far-West et de vous préparer pour les championnats du monde de half-pipe. Et la plupart des épreuves évoquées précédemment ne sont pas des quêtes annexes. Là dessus, je pense que tout le monde sera d’accord pour dire que quelques uns se sont amusés comme des petits fous. Et je n’évoque même pas l’interminable défi de la grotte du Désert (y’a-t-il seulement quelque chose à gagner au bout ?) ou le principe même de cette armure d’invincibilité payante.

Les développeurs ont réussi ici à nous plonger dans une ambiance très lourde et nostalgique, où même les plus belles scènes ont quelque chose de triste. La mort n’est peut-être pas aussi omniprésente que dans M’sM (de ce que j’ai lu puisque je n’y ai pas joué), mais elle est tout de même là : sous sa forme animale, Link peut voir et entendre les esprits des morts ; chez les Zoras ou encore dans le Temple du Désert, elle est loin de se faire oublier. Les civilisations disparues côtoient celles qui disparaissent, les visages sont pâles, les couleurs éthérées, la musique lointaine et pesante. Au point que l’on a envie de voir arriver cette fin qui redonnera de la vie à tout ce petit monde, même si ce final ne se fera pas sans un arrière-goût amer au fond de la bouche.

Ce jeu est si surprenant qu’il a été jusqu’à me faire sursauter, par deux fois. La première, ce fut lors de ma partie sur GC (qui, au demeurant, est nettement plus agréable que la version Wii), où j’ai découvert à mon corps défendant que les créatures du monde des ombres ne se limitaient pas à des insectes et des esprits faucheurs. La seconde, sur Wii, ce fut en apprenant que le masque de visée n’était pas adapté à la vision de près (et voir un Moblin débouler en gros plan dans son dos quand on ne s’y attend pas, ça a de quoi activer son cerveau reptilien).

Pour ce qui est de l’histoire, rien de bien folichon à dire vrai puisque Link doit toujours sauver les miches de tout le monde, et celles de Zelda par la même occasion. L’originalité viendra plutôt du fait que Link se retrouve ici affublé d’une malédiction qui le condamne à errer, par instant, sous la forme d’un loup considéré par tous comme une créature du Royaume des Ombres (et donc mauvaise). Royaume qui s’étend peu à peu sur celui de la Lumière suite à une machination d’un intriguant, Xanto, qui a fait s’exiler le véritable chef de ce peuple miroir à celui de Link et Zelda. Au final, le joueur devra jongler entre les deux formes – humaine et animale – qui ont chacune leurs avantages et leurs défauts, afin de rétablir l’équilibre premier entre les deux nations.

TP a une très bonne durée de vie, que l’on fasse les quêtes annexes ou pas. Niveau maniabilité, aucun souci sur la version GC mais il n’est pas impossible que vous vous arrachiez quelques cheveux sur la version Wii (pêcher et nager y est très désagréable). Beaucoup de bonnes idées mais quelques « oublis » qui auraient facilité la circulation dans la plaine (je pense notamment à cette flûte pour appeler Epona que l’on obtient à la toute fin du jeu… donc quand on n’en a plus vraiment besoin). Le jeu est très sombre également (niveau luminosité, j’entends) ce qui peut le rendre oppressant et laborieux (ne pas voir où l’on va, ça n’aide pas vraiment pour se repérer). Et puis enfin, le système de chant est particulièrement ardu (appuyer sur des boutons, comme dans OoT, n’aurait pas été un mal).

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le 29 oct. 2014

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NicodemusLily

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