Mort qui tue ne tuera plus

The Slater est un jeu dont l'inspiration directe est si claire qu'on peut pratiquement le considérer comme un hommage. Sorti en 2018, œuvre d'un unique développeur, il nous propose de se replonger dans le début des années 2000 quand la franchise Hitman marquait l'histoire de l'infiltration.

Personnage chauve, flingue à la main qui finalement est bien plus décoratif qu'autre chose, tendance à l'étranglement et maître en déguisement, l'agent 47 a ici affaire à un copycat qui se cachera derrière une vue fps pour faire semblant de se différencier.

6 niveaux : un premier trop sommaire pour vraiment compter, deux autres assez réduit, et finalement trois niveaux plus riches et solides pour conclure le jeu. C'est court, mais bien suffisant au regard du prix, de son statut de jeu indépendant, et également quand on considère le manque complet d'innovation par rapport au monument qu'il singe.

Au contraire, on ne peut que noter ce qu'il fait moins bien que l'agent 47 du début du siècle, à commencer absence de jauge de méfiance. Les gardes auront ici un comportement binaire et le manque de nuance est regrettable.

On peut aussi noter l'impossibilité totale d'incarner un héros meurtrier sanguinaire. D'une part, le système de combat n'est pas pensé pour qu'un joueur assez habile vienne à bout d'ennemis supérieurs en nombre (là où Hitman offrait l'opportunité au joueur de transformer chaque niveau en zone de guerre s'il le voulait, quitte à se salir les mains, oublier l'existence du mot infiltration. C'était d'une difficulté souvent extrême par cette approche, mais envisageable avec un peu de travail). D'autre part le système d'alerte global est trop punitif sur l'idée même. En effet, l'ensemble des gardes est mis en alerte si une cible est témoin d'un meurtre. Mais non seulement ils sont en alerte, non seulement aucun changement de déguisement ne saurait les faire changer d'avis, mais surtout ils connaissent désormais votre position exacte où que vous tentiez de vous cacher ou de fuir.

Dès lors deux approches sont possibles. Celle standard. On tue les gardes isolés, on leur vole leurs vêtements, leurs clés, on cache les corps, ce qui nous permet d'approcher de la cible et de réussir la mission. Celle "silent assassin" rebranded en "maître de l'infiltration". Seules les cibles meurent dans cette option et l'on doit ici trouver l'unique chemin qui permet d'agir comme une ombre insaisissable et ne laissant aucun trace. Cette option est évidemment très plaisante à choisir et découvrir à travers les différents niveaux.

Ma critique ira plus à l'encontre de l'approche standard qui malheureusement laisse en fait très peu de latitude. Qu'il n'y ait qu'un chemin pour l'approche "silent assassin" je peux comprendre, mais que l'alternative soit tout autant contraignante a tendance a plus m'agacer et limiter cruellement l'intérêt quant à relancer le jeu ou explorer dans le détail chaque niveau.

Très sympathique, hommage réussi, mais un jeu qui fait plus office d'add-on non officielle à la première trilogie Hitman qu'autre chose. La classe du protagoniste en moins...