Voilà un jeu que, comme d'autres, j'ai beaucoup attendu. J'ai refait le premier et le deuxième, prêt à me lancer dans ce qui s'annonçait être un des meilleurs jeux au monde. Après l'avoir terminé, mon avis général est en demi-teinte.


Je n'ai pas spécialement envie de me lancer dans une rédaction recherchée, j'irai donc droit au but et de manière pragmatique pour exprimer mon ressenti, et je vais même faire quelque chose d'horrible : je n'évoquerai pas les qualités du jeu, que tout le monde a déjà exprimées, et je me concentrerai sur ce qui m'a vraiment déçu.


Tout d'abord, en terme de gameplay, il y a pour moi quelques problèmes fondamentaux. Sachant qu'on peut ouvrir l'inventaire en plein combat, quel est le but recherché dans le fait de ne pouvoir équiper que deux bombes dans la roue rapide ? De même, pourquoi limiter l'utilisation des huiles à un certain nombre de coups ? Cela ne rend pas le jeu plus tactique, ça le rend juste plus lourd, car comme je l'ai dit, on peut ouvrir l'inventaire durant un combat et changer de bombes ou réappliquer l'huile.


En terme d'équipement, si on sent que le jeu est généreux et donne enfin aux joueurs un vrai système, dans les faits cela semble complètement inutile. Je crois que j'ai dû crafter un seul truc en début de partie, et ensuite j'ai crafté l'équipement des écoles pour le plaisir, mais il est inutile tant qu'on ne peut pas avoir les effets du set. Tout cet aspect du jeu s'écroule donc.


La carte et les objectifs secondaires, maintenant. Aïe. Quelle erreur. J'ai eu des visions de Far Cry 3 quand j'ai vu qu'il fallait examiner un panneau d'affichage pour faire apparaître les points d'intérêt alentours. Toute l'exploration est réduite à néant, ce qui est dommage quand on voit la beauté des environnements. Là où il n'y a pas de point d'interrogation, il n'y a rien à faire, inutile d'aller se promener. On tombe rapidement dans le piège de l'exploration mécanique, à aller d'un point à l'autre pour en finir. Sauf à Skellige où les dév ont complètement craqué en foutant dix mille caches de contrebandiers dans les mers, pour y trouver du loot random sans intérêt étant donné que le craft est inutile. Un beau gâchis.


Le gameplay dans la peau de Ciri est également une hérésie en terme de jeu vidéo, nous faire un jouer un personnage secondaire qui ne peut avoir ni inventaire ni rien d'autre, c'est un peu du même niveau que de la QTE.


Passons maintenant à des problématiques touchant plus à l'univers, l'histoire, les personnages. Et c'est peut-être là mon plus gros reproche au jeu. Mon attachement pour les personnages de The Witcher 1 et 2 était fort, ces deux premiers opus s'enchaînaient parfaitement, c'était la même aventure. Et là, j'ai eu l'impression d'avoir loupé un jeu entre le 2 et le 3. Le gros problème vient du fait que Geralt retrouve la mémoire à la fin du 2 et que six mois séparent ce moment du début du 3.


Résultat, le joueur n'en est plus du tout au même niveau de connaissance que Geralt. Rappelons que dans les deux premiers opus, le personnage principal avait perdu la mémoire. Cela permettait de découvrir en même temps que lui de vieilles connaissances. On apprenait à retrouver ces personnes oubliées en même temps que Geralt et on s'en faisait une opinion en même temps que lui.


Dans The Witcher 3, la plupart des personnages que Geralt rencontre et connaît déjà, ne sont jamais apparus dans les deux opus précédents ! On assiste du coup à des conversations dont on se sent complètement exclu, où Geralt discute du bon vieux temps avec un type qui ne signifie rien pour nous. Si cela restait exceptionnel, mais non, c'est la majorité des personnages. Et d'ailleurs, il y a aussi le corollaire de ce problème : dès qu'on rencontre un personnage dans un coin paumé et qu'on se dit "ah tiens, qui est cet étrange inconnu qui..." - "Hey, Geralt ! Tu te souviens de moi ?" - "Mais bien sûr Jean-Paul !". Oui, Geralt connaît absolument toute la planète.


Ce sentiment est particulièrement détestable quand il concerne la trame principale, et c'est là LE problème du scénario de ce jeu : à la fin de The Witcher 2 on ne sait même pas que Ciri existe et on ne sait pas grand chose sur Yennefer, mais au début de The Witcher 3, on cherche désespéramment cette fille adoptive et cet amour perdu. La fracture est terrible pour le joueur. Triss, Zoltan et Jaskier ne sont plus rien. Le pire étant que les retrouvailles, même avec Yennefer, sont insignifiantes. C'est presque un sentiment de trahison pour le joueur. On demande souvent si on peut jouer à ce jeu sans avoir fait les deux autres, ma réponse est : surtout si tu n'as pas fait les deux autres.


Parlons donc de Yennefer : le jeu force le scénario pour faire de ce personnage l'amour de Geralt, mais le joueur, lui, il s'en carre, car c'est Triss ou même Shani qu'il veut. Du coup, on se retrouve à devoir choisir des réponses de dialogues qui ne nous parlent absolument pas, et on se détache complètement de Geralt.


Mais parlons d'autre chose. J'étais déjà bien sceptique après tout ça, mais voilà que je débarque à Skellige. Nouveau coup de massue : The Witcher avait toujours su trouver son originalité, malgré une base héroic fantasy, et voilà qu'il nous balance du "viking". Et que ça parle de Freya, et que le Ragnarok arrive, et que je te balance tout le design à base d'épées vikings et de bateaux vikings, et les géants de glace, et blablabla, ça dégueule de "vikinguerie". Alors j'aime bien cette culture mais pitié, pas dans The Witcher.


Bon et puis le scénario principal avec la Chasse Sauvage, qui est passée d'un truc fantomatique à un truc bien réel sans vraie explication, et puis les facilités scénaristiques liées à la magie et au voyage dimensionnel, bref on est bien en-dessous des deux premiers opus en terme de scénario (surtout du deuxième).


Finalement le plus sympa dans ce jeu ce sont les quêtes secondaires, avec des protagonistes tertiaires et des petites histoires parfois bien malsaines, qui nous permettent de nous éloigner de la trahison que constitue la trame principale.

Destal
7
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le 7 mai 2018

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