N'ayant jamais pratiqué cette franchise avant ce reboot, je partais probablement avec l'avantage de l'ignorant: pas de comparaison possible pour moi entre cet opus et les précédents. Ce Tomb Raider-là serait joué pour lui-même, et non pour renouer avec une icône de mon adolescence vidéoludique.

La bande-annonce, en revanche, m'avait beaucoup séduit. Des séquences de jeu avec en alternance des joueurs égrenant les qualités de la damoiselle pas si en détresse que ça qu'ils incarnent, ça m'avait bien plu.

Là, je viens de finir le mode solo.

J'en sors mitigé.

Mettons que c'est un peu comme LOST. Au début, on débarque. On est désarçonné par ce qui arrive. (Lorsque l'héroïne reprend conscience après avoir été assommée sur la plage, j'étais largement aussi surpris qu'elle par le spectacle.) Ma scène préférée à cet égard reste ce réveil en forêt au son d'une mélopée japonaise qui s'avère finalement venir d'un tourne-disque dans un bunker reconverti en boucherie. C'est étrange, presque absurde et on a envie d'en savoir plus. Du coup, on avance. On suit le couloir. Pas le choix, d'ailleurs, avec les portes qui se referment derrière nous. Mais on s'en fiche: on veut comprendre. Ou être encore un peu plus perdu (aha!) et avoir du grain à moudre.

Et puis, la petite Lara, on la trouve plutôt sympathique et on la plaint un peu. On sait bien qu'elle va devoir passer du gloss aux gros flingues. On veut bien l'accompagner dans le processus, parce que c'est après tout tout l'intérêt de la chose: savoir comment de Lara Croft est née Tomb Raider.

Mais bon.

Il faut bien admettre que tout ça n'est pas très convainquant.

Tout d'abord, le secret est vite éventé et la pauvre Lara est bien la dernière à comprendre de quoi il retourne.

Ensuite, le jeu fait beaucoup pour vous convaincre que tout ça, c'est pour de faux. Certes, la jeune fille (très jolie, au demeurant) geint beaucoup. Elle remplit son quota de "Mon Dieu!", "Laissez-moi tranquille!", et "Qu'ai-je fait?". Mais ces jérémiades semblent être là pour la galerie et le seul moment qui sonne juste, c'est celui où elle dit à Roth que tuer quelqu'un a été beaucoup trop facile. Et en effet, le premier cerf passé, elle vous massacrera ses cinquante Solarii quotidiens sans y regarder à deux fois, pataugera (littéralement) dans les tripes et les ossements paraître autrement dégoutée. Loin de s'arrêter en si bon chemin, elle en remontrera à Terminator pour ce qui est de la résistance à la douleur et de la régénération et pratiquera au besoin des opérations sur elle-même avec un sang-froid qui ferait pâlir d'envie le Dr Kane. (C'est d'ailleurs durant cette fameuse scène de la cautérisation que j'ai compris que, quelque part, cette jeune fille innocente était un Rambo qui s'ignorait (pas tant que ça). Ca n'a fait que se confirmer par la suite, lorsque Lara a achevé son petit arsenal personnel.)

Et puis, soyons sérieux, pourquoi diable les Solarii, si timbrés et fanatisés soient-ils, vivraient-ils au milieu de la charogne? Pas un mètre carré de leurs installations qui ne soit garni d'un chapelet d'intestins ou d'un bouquet de cadavres en décomposition. Passé un stade, cela ne provoque plus de répulsion, Messieurs les concepteurs: cela fait juste lever les yeux au ciel.

Alors certes, les environnements du jeu sont superbes (pas toujours judicieux, mais superbes). Les combats sont sympathiques et les commandes faciles à prendre en main. On peut améliorer son matériel, acheter des compétences. Il y a un peu de survie, ce qui est toujours sympa. Et puis de temps en temps, on tombe dans un piège et on a notre petite décharge d'adrénaline. L'infiltration, possible par endroits (encore qu'un peu facile), produit elle aussi son petit effet. Mais cela ne suffit pas à faire de ce jeu la réussite que j'en attendais.

Un jeu sympathique à faire, une fois. Pas vraiment mauvais... assez agréable à jouer, en fait. Mais doté d'une écriture trop médiocre pour qu'on y revienne ou qu'on le conseille. A moins que le multijoueur ne rattrape le coup.

J'ai des doutes.
NotQuiteDead
7
Écrit par

Créée

le 14 déc. 2013

Critique lue 335 fois

3 j'aime

NotQuiteDead

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