Quand on apprécie le cinéma d’aventure, difficile de ne pas apprécier la saga Indiana Jones. D’un certain irréalisme certes, mais doté d’une aura toute particulière, au héros charismatique et enjôleur, séducteur et toujours ouvert à des aventures nouvelles et propices à la découverte de nouvelles ruines et sanctuaires millénaires. Nul besoin de revenir dans le passé et de faire un long résumé des aventures de Lara Croft ou même encore de Pitfall, étant donné qu’avec Uncharted, nous sommes en 2007 et que celui-ci s’en inspire à la fois fortement et essaie d’imposer un style plus percutant, plus dans l’air du temps si l’on peut dire.

Nouveau registre, habitude de la part de Naughty Dog à chaque nouvelle console, la volonté du studio de s’inscrire en tant que nouveau fleuron du jeu d’aventure se situait bien loin de ce qu’il à pu développer par le passé. Réaliste, hollywoodien, et aux atours plus “mature”, leur nouvelle licence semblait s’inscrire dans une nouvelle manière de vivre le jeu d’aventure là ou une série comme Tomb Raider déjà rebootée deux fois semblait déjà peiner à trouver sa voie, chose qu’elle ne fera qu’en 2013. Un pari a moitié voire pas du tout réussi qui soulève justement l’incompréhension quand on connait à la fois le talent du studio, et sa capacité à toujours s’adapter sur une nouvelle plate-forme. Quand Core Design et son Tomb Raider décidait de se restreindre dans les années 90 pour une vision plus solitaire et psychologique de l’aventure, entourée d’une vision très mystique, les capacités technologiques actuelles, et même déjà en 2007, suscitaient un intérêt tout particulier dans la possibilité d’offrir une véritable appropriation des codes du cinéma d’aventure et donc proposer une version vidéo-ludique d’Indiana Jones. Pourquoi donc ce premier volet d’une saga qui à pourtant remportée un franc succès est-il alors un échec cuisant ?

La réponse est assez simple et en même temps assez vaste car les défauts majeurs de ce titre sont multiples. Allant aussi bien du gameplay, à son game design ou encore pire, sa narration, Drake’s Fortune empile un à un les pires atours du genre. Pourtant, et sûrement développé avec une véritable honnêteté, Naughty Dog nous ment quand il dit nous servir une aventure d’un nouveau genre, aboutie et proche du cinéma. Les intentions sont bel et bien présentes, comme en atteste la réalisation très propre et ses doublages fantastiques, tant qu’il ne s’agit pas ensuite de vouloir nous faire jubiler face à un scénario désastreux aux situations plus surréalistes que jamais. Incohérences, facilités et clichés se multiplient sur les épaules de personnages tout autant ratés qu’ils ne semblent aucunement avoir l’intention d’être crédibles. Comme si Indiana Jones souhaitait ressortir les codes du genre des cartons poussiéreux pour nous proposer un catastrophique nouvel épisode… Car c’est bien là que se situe le souci : comment un jeu aux volontés cinématographiques peut-il nous surprendre si il n’arrive même pas lui-même à jouer avec ces règles de cinéma ? Savoir cadrer deux personnages et faire un champ-contrechamp n’est sûrement pas suffisant pour offrir une nouvelle vision vidéo-ludique du genre. Pas plus qu’installer la caméra dans des endroits impossibles, brisant le rythme du jeu et avec lui, l’immersion du joueur.

Car bien que le projet semble avoir été élaboré pour les mauvaises raisons, et même si son piteux scénario ne surprend jamais, il serait resté suffisamment prenant si toute la partie divertissante en elle-même était à la hauteur. Soucis d’équilibrages, problèmes de rythme, séquences punitives ou juste insupportables sont bien là pour nous faire prendre conscience du manque de finition du produit, et finir de nous achever devant un jeu pourtant si prometteur. Au final ce premier opus semble avoir été conçu dans la précipitation, sans réelle direction de ce vers quoi les développeurs voulaient se diriger. Il n’y a qu’à regarder l’épilogue et l’enchaînement de clichés pour se rendre compte du manque total de connaissances des développeurs sur leur sujet, qu’il soit culturel ou technique. En espérant bien évidemment que ce dérapage incontrôlable amène le studio à se poser quelques questions pour la suite.
Florian_Bodin
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le 5 avr. 2014

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