A priori, tout me laisse penser que je ne devrais pas aimer ce jeu. Et pourtant... Xenogears, malgré ses défauts, possède un charme imparable.
Le gameplay JRPG au tour par tour ne m'a, par exemple, jamais plu. Encore que cette mouture donne lieu à des combats passablement moins simplistes, insipides et ennuyeux que ceux qu'on peut trouver chez Final Fantasy. De même, la présence d'une mascotte devrait m'être détestable. La majorité des personnages n'ont pas le développement qu'ils méritent et la narration pâtit d'une conclusion plus que précipitée... La faute à un développement chaotique qui a forcé l'équipe à sortir un jeu à moitié fini.
Malgré tout le jeu présente bien. Les graphismes tiennent la route encore aujourd'hui, les personnages sont attachants, les designs cools et la musique de Yasunori Mitsuda, particulièrement les pistes atmosphériques, contient quelques perles. L'univers est présenté au compte goute de façon intelligente et l'on se prend à toujours vouloir en savoir plus, mais aussi à spéculer à propos de ce qui n'est pas énoncé explicitement. J'y ai joué assez jeune et avais été très impressionné par cette histoire qui a sans doute grandement participé à l'établissement de mes goûts en matière de fiction. La religion, le "crépuscule des idoles", l'obsession, le déni, l'illusion, le sexe ou encore l'identité sont autant de thèmes qui me sont chers. De manière similaire, si les théories psychanalytiques (Lacan fait littéralement partie du jeu) sont, pour rester poli, éminemment contestables sur le plan thérapeutique, elles constituent à mon sens un excellent ressort narratif qui est ici parfaitement exploité. Cela étant il est probable que mon appréciation de ce jeu vienne précisément du fait qu'il n'a jamais été terminé.
Il est tout à fait possible que Xenogears ne soit pas aussi bon que dans mes souvenirs. J'aurais alors projeté mes espérances sur le jeu, espérances à la hauteur de ses ambitions, de sa réputation mais aussi des références qu'il arbore assez clairement. C'est pour cette raison que je n'ai jamais osé y rejouer, et il se maintient tranquillement sur son piédestal.