Ys VIII: Lacrimosa of Dana
7.7
Ys VIII: Lacrimosa of Dana

Jeu de Falcom et NIS America (2016PlayStation 4)

Avec Ys VIII, Falcom nous a offert quelque chose d'assez difficile à cerner, mais qu'on peut classer dans la catégorie des jeux moyens qui ne révolutionnent rien mais qui réussissent tout ce qu'ils font.


Ys VIII est effectivement moyen pour plusieurs raisons, à commencer par son aspect visuel. Graphiquement, c'est "bienvenue sur la PS2" aussi simplement que ça. Tant dans les textures, que dans l’agencement des éléments, en passant par les animations, le dernier né Falcom à la bonne odeur d'un jeu de 2002, la HD en plus. Ça ne sera pas vu comme une gène pour la plupart des gens, mais il faut quand même souligner ce point, d'autant plus que ce moteur graphique dépassé accompagne une direction artistique agréable à regarder certes, mais qui reste le niveau entrée de gamme du JRPG; des personnages qu'on connait déjà tous très bien, avec un Adol qui ressemble à tous les héros de Star Ocean par exemple, ou une Dana "guerrière mais féminine" vue et revue, en passant par le gros costaud balaise doux comme un CGTiste un jour de grève.


La qualité sonore du titre est là, mais loin d'atteindre les standards auxquels les JRPG nous ont habitués. Les musiques sont trop proches les unes des autres, se répètent trop vite, et deviennent de ce fait rapidement lourdingues, en dépit pourtant de leur qualité artistique. Les bruitages quant à eux accompagnent bien les nombreuses attaques de nos personnages, mais desservent la crédibilité de la plupart des monstres.


C'est d'ailleurs par le bestiaire que se terminera cette première partie. Les ennemies sont au choix : moches, grotesques, clichés, inintéressants. Parfois le tout en même temps, parfois se composants seulement de quelques uns de ces sobriquets. Du crabe tout droit sorti davantage de Tchernobyl que de la mer, de l'escargot qui se semble se préparer à chanter le "Petit bonhomme en mousse" en passant par la gros poisson en forme d'endive démoniaque qui dévorent des canards transgenres, on est pas passé loin du bigorneaux qui s'adonne du break dance pour oublier sa vie de crustacé en bas de la chaîne alimentaire. Perdu ! On y aura aussi droit, une sorte de bigorneaux-toupie qui vous fonce dessus sans trop qu'on sache pourquoi. Pour le reste, je rassure, le bestiaire se tient passablement bien, mais toujours en nous offrant les clichés et autres poncifs du genre.


Ceci étant posé, vous êtes prévenu : oui en Ys est un jeu moyen. Mais dans cette catégorie, il figure au sommet : c'est le plus réussi des jeux moyens, aussi simplement que ça.


D'abord, le rythme général du jeu est incroyable. Mes 70 heures et 95% de complétion au compteur se sont fait sans temps mort et sans jamais se lasser. On explore les différentes régions (semi-Open World à la FFXII) avec une fluidité déconcertante. Le but principal (ou secondaire, mais je ne spoilerais rien) consiste, à la suite du naufrage du Lombardie à bord duquel le héros et ses amis voyageaient, à rechercher les survivants dudit naufrage à travers toute l'île. Pour accroître notre camp, qui fait office de hub central, il va vous falloir ramener un maximum de naufragés pour débloquer tout ce qui vous aidera à parcourir l'île : et c'est là la seconde force du titre.


En plus d'avancer dans le récit avec un rythme palpitant, tout ce que vous ferez servira tôt ou tard à quelque chose, sans jamais tomber dans le superflu inutile présent que pour meubler le vide d'un jeu qui n'a rien à proposer. Sur Ys VIII, la moindre région explorée répond à une fonction bien précise : sur ce volcan, vous trouverez tel survivant, qui aura tel rôle, pour débloquer tel objet, vous permettant de revenir sur une région déjà explorée mais dans laquelle il vous manquait ceci pour accéder à la dernière zone. Tout ce tient et s'enchaîne avec une efficacité diabolique, en raison d'un savant dosage entre level design, ergonomie générale et gameplay travaillé, pour une addiction totale.


La dimension RPG se veut classique mais (très) efficace; les différents skills sont globalement très jouissifs, et changer de personnage en cours de jeu se fait très intuitivement en appuyant simplement sur la touche carré. Le jeu offre un panel de six personnages jouables, étant tous très différents, bien que fonctionnant par paire de "type" : deux personnages de types "dégâts tranchants", deux autres "dégâts estocs" et les deux derniers en "dégâts lourds", une donnée à prendre en compte pendant les combats, puisque la plupart des ennemis auront une résistance et une faiblesse à un type ou à un autre.


Concluant en disant que 2017 a été une année riche pour le jeu japonais et que Ys VIII est l'un des derniers "gros" titre venu du pays du soleil levant (oui, je sais, Mario Odyssey...) et qu'il a derrière lui du Persona 5, du Zelda, ou du Nier Automata. Il faut alors l'admettre et se l'avouer : oui Ys est un cran en dessous de tout ça, car Ys est un jeu moyen. Mais dans la catégorie dans laquelle il boxe, il mène le combat avec un rythme et une prestance suffisamment brillante pour qu'on lui donne son titre de champion de sa catégorie.

Aelphasy
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le 7 oct. 2017

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