NieR: Automata
8.1
NieR: Automata

Jeu de Platinum Games, Yoko Taro et Square Enix (2017PlayStation 4)

[H]eart versus [B]rain


7B est rationnel. Il sait prendre une décision rapidement, évite d'être trop subjectif et ne s'enferme pas dans des dogmes pour appréhender le réel. Il aime la logique et la cohérence, et il sait détecter les failles là où elles le sont; c'est à ce titre qu'il n'a pas tout apprécié de son combat sur Terre.


D'abord, le périple a été malmené par un ennemi plus embêtant que les machines : les aller-retours sans fin et l'ennui qui en a découlé. Quoi de mieux pour briser le rythme d'un jeu et perdre le joueur du fil conducteur de l'aventure que de l'amener d'un point A à un point B pour des quêtes pas toujours passionnante (bien qu'au dessus de la plupart des autres RPG pour certaines) ? Pas grand chose, et Nier Automata est malheureusement tombé dans cet écueil.


Ensuite, vient le savoir faire de Platinum Games, pour un gameplay qui tranche radicalement avec le premier opus, à savoir le dynamisme de combats qui relèvent parfois presque de l'élégance d'une dance endiablée et une grande fluidité -presque- toujours constante à 60 fps. Malheureusement, pour pleinement apprécier ce système qui fait de Nier Automata un quasi BTA-RPG (l'évolution naturelle du A-RPG ?), le bestiaire aurait du suivre. S'ils sont convaincants dans leurs designs, la relative similitude des patterns d'un ennemi à l'autre interdit en réalité de faire briller le système de combat, en imposant au joueur non pas une évolution par l'apprentissage et donc une évolution du skill, mais une évolution d'un RPG classique, c'est à dire par du farm et de la récupération d'objet et surtout de puces, sortent de matérias à la FFVII, qu'on place dans des slots pour gagner des bonus parfois exagérément conséquents.


Enfin, et comme aveux de cette faiblesse, ce système de combat n'est finalement qu'une (importante) partie de la façon dont on vient à bout des machines, puisque pendant les phases d'un des protagonistes (pas moins de 40% du jeu approximativement) le jeu vous invitera clairement à opter pour le piratage, une fonctionnalité qui vient compléter votre façon de combattre et s'inscrivant d'ailleurs parfaitement dans la cohérence du récit mais qui pourra en rebuter plus d'un : en appuyant sur triangle, vous mettez "fin" au combat pour laisser place à un mini-jeu de type twin-stick shooter/variante du shmup avec en cas de réussite, la destruction assurée de la plupart des machines, et pas de malus insurmontables en cas d'échec (ce qui devrait arriver rarement) sauf une perte de quelques points de vie. Rien de catastrophique, mais cela peut en dérouter plus d'un, et j'ai malheureusement fait parti de ces gens, du moins dans les premières approches de ce renouvellement de gameplay.


Ceci conclu [B]rain, et cette première fin peut se suffire à elle-même. 7.


9H est émotionnel. Il fonctionne davantage à l'instinct, l'instinct guidé par ses sentiments les plus profonds. Il regarde les choses globalement; il aime voir la beauté dans ce qui peut paraître laid, et il voit la laideur dans ce qui semble beau. Il a l'intelligence du vrai et la certitude de l'excellence. Il sait détecter le sublime là où il est; c'est à ce titre qu'il a considéré son combat sur Terre comme le témoignage du génie absolu.


Ça commence par une esthétique épurée, et une vision artistique qui reflète la psyché d'un(e) androïde avec l'objectif du néant, un but qui n'en n'est pas un, mais une volonté certaine d'accomplir quelque chose de fort, plus grand que lui-même. Du désert qui ne sera pas sans rappeler celui de Journey ou du parc d'attractions où il n'y a plus âmes qui vivent, tout sera fait pour vous faire douter de l'authenticité des lieux. Trop sublimes pour être vrai, trop vides et mélancoliques pour être faux, mais suffisamment riche pour donner au voyage ses premières teintes d'excellence.


Moins grandiloquentes que celles de Nier, la musique participe bien évidemment à la qualité générale du titre, puisqu'elle s'inscrit sans trop d'efforts dans le panthéon des œuvres musicales de ces dernières années. Toujours discrète quand il faut qu'elle le soit, toujours envahissante quand il faut qu'elle le soit, elle donne le plus souvent à l'action toute son intensité, rend épique la plupart des cinématiques, nous plonge dans un abyme de perplexité quand les révélations liées à l'intrigue arrivent à notre esprit.


Et c'est d'ailleurs sur son scénario que doit se terminer cet écrit, puisqu'il rivalise sans problème avec les ténors du RPG et du jeux vidéo de manière globale. Qu'en dire ? Par où commencer ? Comment l'appréhender ? Il est difficile de s'aventurer à en faire le résumé et la synthèse, le mieux reste donc de le découvrir par soi-même, tant la forme est aussi importante que le fond. Alors, je vais vous donner une image et le ressenti qui en a découlé. Imaginons que votre voisin vienne s'accaparer de votre lieu de vie. Mais il ne peut pas directement vous combattre, et vous non plus. Vous décidez alors de mener un combat interposé, vous créez des androïdes, lui des machines (la distinction est importante). Les androïdes comme les machines ont un but précis, implacable, inéluctable. revenir ici une fois le jeu fini, mais pas nécessairement, le spoil raconte l'un des points clés de l'intrigue, mais qui pourra peut-être vous aider à mieux comprendre d'entrer de jeu si vous le lisez maintenant


Imaginons maintenant que la source de ce but disparaisse, en l’occurrence vous et votre voisin, mais que le but, quelque part dans l’algorithme d'une programmation complexe, reste.


Pendant 1 an, 100 ans, 10000 ans. Que pourrait-il bien se passer ?


Nier Automata vous apportera une réponse, et même des réponses. Vous allez pleurer, souffrir, rire, sourire et remercier le jeu de vous avoir offert de si beaux moments.


A vous de voir qui des deux gagnera le combat.


[H]eart, 9. Fin de la transmission.

Aelphasy
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le 19 mars 2017

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