Airblade
6.3
Airblade

Jeu de Criterion Games et Namco (2001PlayStation 2)

En 1999, le succès du génial jeu de skate Tony Hawk’s Pro Skater sur Playstation entraîne une série de jeux qui vont tenter du profiter du succès du jeu de Neversoft. Mais la PS2 déjà se profile, son existence a été officialisée en mars de cette année. L’engouement pour le genre ne faiblissant pas, cette nouvelle console pouvant être l’occasion de mettre en avant une nouvelle licence capable de rivaliser avec l’étalon à roulettes, Criterion Games tenta sa chance avec AirBlade.


Le studio anglais Criterion Games n'a pas encore dix ans, il existe depuis 1993. Il commence en se spécialisant dans les moteurs 3D, puis va progressivement se mettre au développement de jeux video pour mettre en valeur leur technologie. Au fil de ses différentes versions en plus de 15 ans, son moteur Renderware a ainsi été utilisé pour plus d’une centaine de jeux, parmi lesquels les Grand Theft Auto sur PS2 ou Tony Hawk’s Pro Skater 3 à Tony Hawk’s Pro Skater Underground 2. Et oui, Neversoft a utilisé un moteur appartenant à un studio qui a tenté de lui faire concurrence.


Pour ce qui est de ses jeux, Criterion signe son premier titre en 1996 avec Scorched Planet, un shooter en 3D futuriste sur PC. Le studio va enchaîner tout au long de son existence entre des jeux plus portés sur l’action et sur la course. C’est ainsi que la première console sur laquelle vont travailler les développeurs sera la Dreamcast, avec notamment Trickstyle, qui préfigure AirBlade. Leur premier jeu sur PS2 sort seulement une semaine après son lancement aux États-Unis et il est l’instigateur d’une longue série qui a rendu célèbre le studio, il s’agit du jeu de courses survitaminées Burnout.


AirBlade sort peu de temps après, en novembre 2001, d’abord en Europe et édité par Sony Europe. Le jeu n'intéressa pas grand monde. Les attentes vont alors vers Tony Hawk’s Pro Skater 3, qui sort presqu’en même temps tandis que le succès de Burnout éclipse les ventes d’Aitblade.


Mais il y a certainement une autre raison à cet insuccès, c’est que AirBlade, plutôt que de s’inscrire comme bête copie des jeux de Neversoft a tenté de suivre sa voie, alors que les fans n’étaient pas encore repus de la formule des Tony Hawk’s Pro Skater. Une originalité que le jeu a pu mettre en avant lors de sa sortie mais qui s'est égarée dans des choix discutables.


La principale caractéristique du jeu est le moyen de déplacement du joueur, puisqu'il s'agit d'un hoverboard, tel qu’on peut le voir dans Retour vers le futur II ou III, c’est-à-dire, pour les générations plus récentes d’une planche qui flotte sur le sol, pas d’un gadget ridicule. Ce n’est pas le premier jeu de Criterion à utiliser ce moyen de locomotion original, puisque Trickstyle en 1999 le proposait. Mais il s’agissait alors d’un jeu de courses et le design futuriste de ce jeu n’avait pas grand-chose à voir avec l’atmosphère urbaine d’Airblade.


Cet hoverboard est ainsi le prétexte central d’un scénario. Baptisé AirBlade, il a été crée par Oscar, pour le compte de la GSP Corporation. Mais alors que le projet est stoppé, son inventeur décide de ramener le prototype chez lui. Se ravisant, la corporation décide de kidnapper Oscar pour qu’il leur rende l’objet. Ethan, son colocataire, retrouve l’AirBlade, et avec l’aide de Kat, une copine, va tenter d’échapper aux griffes de la corporation et libérer leur ami.


Si le scénario est terriblement cliché, avec sa méchante compagnie contre les rebelles et courageux jeunes, il permet de lier non seulement les différents niveaux entre eux mais aussi de justifier les différents objectifs demandés de ceux-ci. Ils utilisent les différentes possibilités du jeu, telles que faire des figures ou aller à tel endroit pour les besoins du scénario. Mais pour les réussir Criterion a choisi un système assez contraignant.


Tout comme pour les THPS, chaque niveau est chronométré, mais le temps de départ n’est pas fixé à 2 minutes pile et peut varier. Car dans le mode scénario, il est impératif de réussir tous les objectifs d’un coup pour espérer passer au niveau suivant. Il est donc très fréquent de refaire les mêmes actions jusqu’à la réussite tant attendue. Le jeu laisse toutefois une marge de progression au joueur en proposant des objectifs qui peuvent être accomplis dans l’ordre que l’on souhaite. Il ne faut pas avoir peur de tenter différentes approches, pour ne pas perdre trop de temps et ainsi se voir récompensé de quelques secondes supplémentaires. Chaque découverte d’un nouveau niveau est un peu fastidieuse, mais sa connaissance progressive et l’optimisation de sa méthode sont plutôt grisants pour le joueur qui s’en donne l’effort.


Cet effort, le joueur devra le faire aussi par l’apprentissage du maniement de l’hoverboard, plus complexe que celle d’un simple skate. Son comportement flottant rend la maniabilité beaucoup plus imprécise, et il faut un peu de temps pour bien appréhender ses possibilités. Les gamelles seront nombreuses. Comme la plupart des titres du genre, il est évidemment possible de grinder les éléments du décor et faire des figures dans le jeu de Criterion. Mais AirBlade se permet aussi quelques nouveautés fort appréciables.


Même si la planche est plus difficilement domptable et moins précise que dans les jeux de Neversoft, le jeu autorise, lui, des demi-tours rapides, indispensables pour ne pas perdre trop de temps. Le jeu propose aussi un système de boost, qui permet d’accélérer ou bien de sauter plus loin/haut. L’hoverboard se déplace assez lentement, mais heureusement cette barre se remplit très rapidement, et certaines figures peuvent se faire au sol, en se déplaçant. Il est par contre regrettable que les possibilités de scorer soient assez limitées. Pour les modes à points, il suffit de trouver le meilleur endroit dans chaque niveau pour faire des points et de le répéter jusqu’à épuisement, là où le manual introduit par THPS2 puis le revers de THPS3 ont permis un peu plus de folies.


Malheureusement, si l’hoverboard du jeu permet d’introduire un scénario et quelques nouveautés de gameplay, l’univers du jeu ne se distingue que très peu de Tony Hawk’s Pro Skater. C’est très urbain, très terne, et l’on retrouve des stages bien trop classiques comme une ville, une usine ou une base militaire cachée, l’humour des jeux de Neversoft en moins. Sans tomber dans les travers fluos de Trickstyle, un peu plus de couleurs et de détails auraient pu donner un peu d’âme au jeu. Un peu trop sérieux, un peu trop déjà-vu, l’univers du jeu est tout simplement terme, au moins pour les quatre premiers niveaux. Les deux derniers niveaux, pourtant, révèlent que Criterion avait des idées pour se démarquer notamment avec une variante entre la course et la plateforme plutôt convaincante. On aurait apprécié avoir un aperçu de l'imagination des développeurs bien avant.


Tout cela ne fait que six niveaux. Peut-être pour souffler la priorité à son concurrent THPS 3, AirBlade a du se contenter d’un contenu assez chiche en niveaux et en personnages. Ces derniers peuvent être habillés d’une tenue supplémentaire en plus à débloquer, mais vu le peu de charisme des uns et des autres, difficile de vouloir s’y atteler. En contrepartie, le jeu propose trois modes de jeux, dont un à débloquer et qui reprend en gros les objectifs habituels de THPS (points, combos, insignes à trouver, etc.), ce qui est tout de même un aveu d'impuissance face à la concurrence. Pour prétendre avoir essoré le jeu, il faudra finir de la meilleure façon possible ces différents modes, mais vu le peu de carottes intéressantes proposées, des personnages sans charisme et des tenues sans grande originalité, difficile de vouloir s’opposer à la difficulté du jeu dans ces modes, assez relevée.


Criterion a cherché à se démarquer des Tony Hawk’s Pro Skater et du reste de la concurrence. Le studio avait des idées et les a mises en œuvre, bien que parfois trop timidement. Certaines se retrouveront même chez les séries rivales, comme l’introduction d’un mode scénarisé. Mais ce qui manque à AirBlade, c’est avant tout un univers qui sort du lot, une maniabilité moins imprécise et un contenu plus étoffé. Il y avait une base solide à développer dans une suite. Mais le jeu ne s’est pas assez imposé tandis que Burnout allait se décliner pendant dix ans et mobiliser le studio. Une nouvelle version de l’antique Skate or Die faillit se faire à la même époque, pour concurrencer de plus près l’indétronable Tony Hawk, avant d’être annulé. AirBlade est donc un jeu méconnu, qui ne possède pas assez d’atouts pour mériter pleinement d’être redécouvert.

SimplySmackkk
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le 12 juin 2019

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