AW : Amazing Walk ou Anarchical Weakeness ?

Beaucoup de choses ont déjà été dites sur Alan Wake. Beaucoup de choses pertinentes, et d’autres un peu moins. Mais je n’ai rien trouvé qui s’approche vraiment de mon ressenti, ressenti que je vais donc tenter de partager via cette critique.

Alan Wake, c’est tout d’abord une histoire. Intrigante, mystérieuse, prenante. Portée par de nombreuses références évidentes, et l’écriture encore une fois incroyable de Sam Lake, on est transposé par la narration. En fait, on ne joue presque que pour ça, pour connaitre la suite des évènements.

Alan Wake, c’est ensuite une ambiance. Bien foutue, assez viscérale des fois, qui sait faire son petit effet au sein des décors parfois immenses de la contrée de Brightfall.

Alan Wake c’est enfin un gameplay… Qui recèle de bonnes idées. On retrouve quelques fameuses scènes narratives (à l’image des cauchemars de Max Payne), selon moi parmi les meilleurs passages du jeu. Et à côté on a tout ce gameplay porté sur la connivence entre l’ombre et la lumière, qui recèle de bonnes intentions. Malheureusement, cela en reste au stade de bonnes intentions…

Car Alan Wake, c’est aussi un gameplay mortellement répétitif, où on fait absolument toujours la même chose. Vous me direz que dans Max Payne on faisait toujours la même chose aussi, et c’est bien vrai. Mais la quasi-perfection du gameplay couplée à la variété des situations et au level design un minimum recherché faisait qu’on ne s’ennuyait jamais. Ici, on se retrouve 95% du temps en forêt, la nuit, à effectuer la même suite de combos lumière/shoot sur les mêmes ennemis. J’adore la forêt, je kiffais l’idée de pouvoir se balader librement à Brightfall ainsi. Mais trop, c’est trop. Comme je l’ai dit, on ne joue que pour l’histoire. Or, quand l’histoire ne progresse pas, avancer dans le jeu peut devenir un supplice. A ce petit jeu, l’épisode 3 est particulièrement atroce. Le début est très bon, puis on part pour 3-4h de footing en forêt. Lassant, incroyablement lassant. Et quand on atteint enfin notre objectif, c’en est forcément décevant. « Tout ça pour ça » qu’on se dit. Le jeu accuse donc régulièrement de grosses longueurs, voulant s’étirer, pour le meilleur mais surtout pour le pire.

Car oui, comme dit précédemment on ne joue principalement que pour l’histoire (vous le dites si je me répète), et ses multiples effets narratifs excellents et bien trouvés. Malheureusement, tout n’est pas rose ici non plus. Certains personnages clés de l’histoire sont complètement sous-exploités, et c’est un euphémisme de le dire. Pire que ça même, ils sont méga-mystérieux, placés au centre de l’intrigue… et disparaissent du jeu sans avoir dévoilé le moindre de leur secret !! Nightingale, notamment, est ma plus grosse déception du jeu. Mais il y en a d’autres, comme Hartman… Peut-être que les DLC éclairciront un peu tout cela, mais j’en doute fortement…

Enfin, pour revenir sur l’ambiance, elle a indéniablement un certain cachet, mais ce-dernier est cruellement terni : le jeu se veut avoir un air de survival, mais on est toujours (ou presque) blindé de munitions, et les apparitions d’ennemis deviennent tellement répétitives et prévisibles que vous n’aurez jamais peur, mais que vous pourrez en revanche souvent être agacé. Au final, on se retrouve trop souvent donc à avancer et à shooter comme dans un TPS lambda, et ce en dépit de tout le travail effectué sur l’ambiance.

Mais surtout, Alan Wake, et c’est là que je voulais en venir, aborde un sujet complètement inexploité dans le JV, mais que je trouve fascinant : les artistes torturés.
Si les inspirations évidentes que tout le monde ressort à tour de bras sont Stephen King ou Lovecraft, que je connais assez mal personnellement, Alan Wake m’a fait penser à un tout autre auteur, Français qui plus est : Brussolo. Quiconque connait Brussolo sait que ce type est torturé, et pas qu’un peu. Il est génial, mais ses romans sont tous plus dingues les uns que les autres, complètement fous, souvent glauques, mais toujours fascinants. Or, ce type est extrêmement productif, et écrit plusieurs romans par an, toujours originaux, toujours débordant d’imagination, et toujours complètement maladifs. Donc, même si je l’adore, ce type est quelque part forcément torturé, une partie de son esprit étant indéniablement insane. Il est d’ailleurs réputé pour être insomniaque, ça complète bien le tableau.
Bref, pour moi Alan Wake nous plonge dans le psyché de ces écrivains géniaux, mais complètement fous : à force de décrire des univers malades, des histoires habilement horribles, des ambiances oppressantes et venimeuses, que deviennent-ils ? Au bout de plusieurs dizaines d’années à vivre ainsi, chaque jour, quelle est la frontière entre leurs mondes intérieurs et la réalité ? Alan Wake m’a extrêmement fait penser à tout cela, à tous ces génies perturbés perturbants.

Et c’est ici que se situe son tour de force, selon moi. Prendre une histoire qui est à priori des plus classiques, et réussir à la transformer en se plaçant du point de vue de l’écrivain, réussir à faire douter. En l’occurrence, tout n’est pas parfaitement exécuté, et les trous dans la narration ou les longueurs couplées au gameplay répétitif empêchent Alan Wake d’atteindre complètement son objectif. Il nous manque des éléments, il nous manque des réponses. En cela, j’attends beaucoup des deux DLCs et de l’extension, mais vu qu’ils ont la réputation d’être très moyen, je sens qu’on va avoir besoin d’un Alan Wake 2… Et un AW2 qui gommerait les défauts du premier, tout en approfondissant la couche narrative, je dois avouer que c’est particulièrement tentant.

PS hors-sujet : le début du jeu : un homme, un phare, une ville. Si on couple ça à la première émission de Night Springs qu’on trouve, ça m’a fait bizarre quand même.
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le 14 mai 2013

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