https://youtu.be/9l3_e9Lh9Ws
Un renard passe, la neige crisse. Derrière, deux silhouettes s’effacent : une kunoichi d’Iga et un samouraï venu d’ailleurs. C’est Assassin’s Creed: Shadows, 2025, et c’est plus une peinture mouvante qu’un simple jeu vidéo. Le Japon féodal s’y déplie comme un origami, précis, dangereux, un peu froid. Ubisoft Québec dégaine sa lame dans le silence — mais pas sans éclaboussures.
Les attentes ? Folles. Le retour de la hype. Après des années à courir après son ombre, la saga revient avec promesse d’un gameplay renouvelé. Deux héros, deux visions. On y croit. Mais pas trop. Parce que les fans ont la mémoire longue — et Mirage avait laissé un goût de thé trop infusé.
Le gameplay tranche net : infiltration chirurgicale avec Naoe, sabre à la main avec Yasuke. On change à la volée, on assassine, on tranche. Oui. Mais l’illusion de liberté s’effiloche vite. Trop guidé, trop propre. Les mécaniques de jeu ? Bien huilées, mais pas transcendantales. Le système de combat tape juste, sans surprise. L’immersion, elle, vacille.
Côté accessibilité, rien à redire. Tutoriels limpides, UI intuitive, difficulté ajustable. Le joueur est pris par la main. Peut-être un peu trop ? On cherche, on trouve, on avance. Tout roule. Peut-être trop bien.
Graphiquement, l’univers est somptueux. Lumières dynamiques, saisons changeantes, panoramas qui soufflent. Mais cette beauté plastique masque une direction artistique sage. Le moteur fait le job. Les animations, elles, frôlent parfois l’automate. Et ces feuilles volantes buguées… pas de quoi hanter tes nuits, mais ça jure.
Et le son ? Bande-son discrète, épurée, presque zen. Le sound design accompagne, jamais n’envahit. Les doublages japonais ajoutent de la matière, là où la VF reste fonctionnelle. Musique, ambiance sonore, tout est calibré. Trop, peut-être.
Le scénario ? Correct. Une histoire qui se laisse suivre, sans éclat. Écriture propre, narration linéaire, mise en scène efficace. Mais ce n’est pas elle qui t’empêchera de dormir. Une fresque, pas une tragédie.
Durée de vie solide. Campagne généreuse, contenu secondaire bien dosé. Pas de révolution, mais du contenu. Rejouabilité modeste. Vaut-il son prix ? Oui, si tu aimes les mondes ouverts à cocher. Non, si tu veux être surpris.
Assassin’s Creed: Shadows est un bel épisode. Peut-être trop sage. Il séduit, mais ne grave pas sa lame dans le marbre. Tu joues, tu t’amuses. Puis tu passes à autre chose.
Note : 7/10
Un jeu qui maîtrise ses ombres, mais peine à y projeter une légende. Pas un chef-d’œuvre. Pas un naufrage. Juste une silhouette, dans la brume.