Une merveille vintage, dont l'ambiance supplante largement les défauts

Un jeu plutôt méconnu, adapté de l'univers du fameux Howard Philip Lovecraft. A fortiori, un survival-horror, mon genre fétiche. De surcroît, en grande partie inspiré de ma nouvelle favorite, Le Cauchemar d'Innsmouth. Même si en réalité, outre Le Cauchemar d'Innsmouth, on retrouve de nombreux éléments empruntés à une autre nouvelle : Dans l'abîme du temps.


Le jeu narre l'histoire de Jack Walters, un privé des années 20. L'archétype du privé d'ailleurs. Ce dernier, après une enquête qui a mal tourné en 1915 auprès d'un culte sataniste, est resté enfermé dans un asile pendant 6 ans, période dont il ne conserve aucun souvenir. De nouveau sain après son internement, il accepte en 1922 une enquête simple : retrouver un jeune épicier disparu dans la ville côtière d'Innsmouth, Massachusets. Sauf que cette enquête va aussi partir en couille puisque Jack va s'apercevoir que la ville d'Innsmouth, entre la décrépitude et la xénophobie, est franchement inhospitalière, voire complètement malsaine. Et ce n'est que le début...


Ceux qui ont lu les nouvelles ne seront dépaysés et comprendront vite a quel type de menace ils ont affaire, puisque c'est une adaptation extrêmement fidèle des écrits d'HPL. A tel point qu'on retrouve exactement les mêmes situations et qu'avoir lu les nouvelles devient un atout pour certains passages. L’hôtel, la rencontre avec Zadok, le jeune épicier... les puristes comprendront bien vite de quoi il en retourne. L'histoire est une perle. Une petite merveille de scénario qui se dévoile petit à petit dans les péripéties et les divers écrits glanés ici et là (en mode RE). D'une simple enquête de routine, l'ampleur va monter au fur et a mesure, et bénéficie de l'incroyable mythologie d'HPL, parfaitement respectée.


L'ambiance est aussi l'autre gros point fort du jeu. Il doit énormément au son, de la musique aux voix, qui sont parfaites. Niveau immersion, on est donc a fond dedans, on se croirait vraiment déambuler dans les rues dégueulasses d'Innsmouth. Les graphismes font un peu mal aux yeux aujourd'hui pour ceux habitués à la HD, mais on apprécie la bonne diversité des lieux et la décrépitude qui les anime tous : Innsmouth, l'affinerie, le récif du diable, le bateau, la cité sous marine, etc...


Le gameplay nous propose un jeu à la 1ère personne, armé si besoin est, avec les commandes classiques au clavier : sauter, s'accroupir, interagir, recharger, etc... Le système de santé nécessite de bosser un peu, puisqu'on dispose de plusieurs types d'objet de soin correspondant chacun a un type de blessure (bandages, points de suture, etc. pour les coupures, hémorragies, etc..), et qu'il faudra les utiliser a bon escient sur les endroits touchés. Les blessures ont un impact sur le jeu. Blessé au pied, on boite, blessé au bras, on vise mal, hémorragie, on perd de la vie en continu. Et le système de santé mentale vient parachever le tout. En effet, trucs trop trash, ennemis surgis d’innommables pandémonium sans âge, endroits liés au culte de Dagon, tout cela peut faire perdre la raison au joueur. La vue se brouille, les commandes répondent mal, et si on ne fait rien, Jack finit par se flinguer... Les armes vont du plus minable (pied de biche) au plus efficace (mitrailleuse).


En fait, deux gros points noirs a déplorer. Environ a la fin du premier quart du jeu, le gameplay bifurque fortement, et ce qui était un jeu d'enquête malsain devient un survival horror plus classique. Pourquoi pas, sauf que les phases de shoot se transforment parfois en gros carnage au shotgun et a la Thompson, ou on dézingue les ennemis par pack de 12. Le jeu aurait gagné a rester un "jeu a énigmes" je pense, quit a raréfier énormément les phases d'échanges de coup de feu.
Et le second... le jeu est vraiment, vraiment, vraiment chaud. En temps normal c'est une qualité mais là c'est vraiment dur, de quoi te décourager. Certaines phases d'infiltration relèvent de la dextérité la plus poussée doublée d'un timing précis, et il faudra beaucoup de persévérance devant certains passages (la fuite de l'hôtel, purée...). Et bien entendu, on ne peut pas sauvegarder quand on le souhaite, il faut trouver des symboles qui font un peu office de checkpoint, ce qui rend certains passages à la limite de l'impossible.


Bref, à la frontière entre Silent Hill et Resident Evil, pour ce qu'il coûte aujourd'hui je le conseille vivement aux fan de survival-horror, qui y trouveront leur compte. Sachant qu'il faut s'armer de patience et de courage pour venir a bout des mystères de Lovecraft...

Cage
8
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le 9 févr. 2019

Critique lue 240 fois

Cage

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