Castle Crashers
7.1
Castle Crashers

Jeu de The Behemoth (2008PlayStation 3)

Si vous êtes un lecteur assidu de GamerObs depuis longtemps, vous ne manquerez pas de me faire remarquer que le jeu en question dans cet article, Castle Crashers, a déjà été testé sur notre site en 2008. Loin de moi, d’ailleurs, l’idée de concurrencer l’excellente description qu’en avait fourni à l’époque Darkwizard, que je salue bien bas au passage. L’objectif, ici, est de proposer aux joueurs étant malencontreusement passés à côté de ce titre, comme ce fut mon cas jusque récemment, de (re)découvrir cette petite perle, véritable coup de cœur pour moi, dont je me devais de vous faire part immédiatement. Une sorte de rattrapage, en somme. En outre, le test de Darki concernait la version XBLA, tandis que nous nous intéresserons aujourd’hui à la mouture PS3, sortie quand même près de deux ans après celle de la console Microsoft (même si le jeu est quasiment identique).


Bref, trêve de justifications. La seule et unique raison de l’élaboration de ce test est que je mourais d’envie de l’écrire. Vous constaterez d’ailleurs l’utilisation, inhabituelle dans mes articles, de la première personne du singulier, soulignant la totale subjectivité de ces quelques lignes, au contraire de la recherche de neutralité que je privilégie usuellement. Aujourd’hui, plus que jamais, c’est le cœur qui parle, bien plus que l’objectivité rédactionnelle. Mais entrons sans plus attendre dans le vif du sujet ; vous n’avez probablement pas cliqué sur ce lien pour lire un roman parlant de moi, votre Humble Narrateur. Castle Crashers, donc, est un beat’em all sorti sur les plateformes de téléchargement de Sony et Microsoft, réalisé et édité par le studio The Behemoth, lequel avait déjà signé le très original Alien Hominid.


Ayant nécessité trois ans de travail, le jeu se présente à la fois sous la forme d’un hommage et d’une parodie envers les beat’em all célèbres des années 90, comme Double Dragon, BattleToads, mais surtout des titres heroic-fantasy tels que Donjons et Dragons Arcade ou encore Golden Axe, dont Castle Crashers reprend certaines recettes tout en les sublimant. C’est un jeu d’arcade jouable jusqu’à 4, en co-op sur le mode Histoire, en arène, ou dans un mode original de volley-ball plutôt fun que ne comportait pas la version 360. Vous le trouverez pour une quinzaine d’euros, et vous comprendrez rapidement au fil de ces lignes que l’investissement en vaut largement la chandelle. Ces présentations faites, étudions à présent ce chef-d’œuvre dans le détail…


Commençons, si vous le voulez bien, par le background. Alors que votre avatar est joyeusement en train de festoyer au château, entouré de ses compagnons d’armes et d’accortes bougresses, un soldat de la garde royale fait irruption dans la grande salle de bal, blessé à mort, et trépasse sous les yeux de l’assemblée. Aussitôt, les forces armées en présence se ruent à l’extérieur, sur le pied de guerre, tandis qu’un infâme félon profite du chaos ambiant pour s’emparer du joyau royal… ainsi que des quatre princesses. Ni une ni deux, vous vous précipitez dans la bataille avec la ferme intention d’en découdre et de récupérer les damoiselles si peu courtoisement subtilisées... Vous me direz, ce scénario ne vaut pas tripette, et je vous répondrai que, fidèle à l’esprit global du jeu, il est en parfaite adéquation avec son sujet, à la fois évocation dénigrante de moult scénars héroic-fantasy bateaux, et clin d’œil à ce qui fait le charme du genre, à savoir la dépravation teintée d’un semblant de courtoisie.


Et c’est là que réside une des grandes forces de ce jeu, cette dualité entre humour et violence déjà évoquée par Darwizard dans son test. Très comique, le soft ne manquera pas de vous faire sourire en de nombreuses occasions, que ce soit au niveau des expressions faciales, des réactions des personnages, des musiques, des situations cocasses (comme lorsque les animaux de la forêt se défèquent dessus en entendant approcher un monstre géant), ainsi que des multiples références à d’autres œuvres dont est parsemé Castle Crashers. Mais derrière cet aspect mignon et rigolo se cache un jeu violent (comme tout ce qui touche au thème de l’héroic-fantasy et du médiéval), où le sang coule à flot et où le champ de bataille est régulièrement parsemé de membres coupés ou d’habitations réduites à néant. Dès lors, vous ne pourrez que rester admiratif devant la maîtrise des concepteurs, capables de montrer les pires atrocités tout en les désamorçant au moyen d’un aspect comique et d’une mise en scène adorable… Du grand art.

C’est donc tout naturellement que nous allons aborder à présent l’aspect technique de Castle Crashers. Là encore, applaudissons des deux mains (et des pieds pour ceux suffisamment talentueux pour le faire) la quasi-perfection constatée quant à la réalisation du jeu. Les graphismes s’avèrent à la fois simplistes et d’une redoutable efficacité. Semblant avoir été dessinés à la main par un gamin, avec ces traits épais et irréguliers qui font tout leur charme, ils n’en présentent pas moins des couleurs extrêmement agréables à l’œil, des personnages (principaux et secondaires) en Super-Deformed mignons tout plein, et des décors variés d’un stage à l’autre, encore une fois inspirés des endroits qu’on trouve habituellement dans les beat’em all (forêt, usine technologique, ascenseur, paysage de lave, etc.). Ajoutez à cela une bonne flopée de mini-boss plus déjantés les uns que les autres, des boss variés dont certains emplissent aisément la moitié de l’écran, ainsi qu’un affichage très RPG des dégâts à chaque attaque, et vous comprendrez que le titre est d’un très haut niveau de qualité visuelle.


L’audio n’est pas en reste. Les divers sons (cris, impacts, grognements, etc.) sont impeccables, et les musiques, tantôt épiques, tantôt d’une rafraîchissante originalité bucolique, rythment à merveille votre progression, et certaines mélodies risquent de vous trotter dans la tête des heures après la fin de votre session de jeu. Enfin, niveau animation, contrairement à bon nombre de beat’em all du genre, poussifs et assez lents (normal, vu leur âge, aussi), Castle Crashers est vif, nerveux, la sensation ressentie en frappant l’ennemi ou en faisant usage de magie (plus spécialement à haut niveau) est très gratifiante, bref, le tout bouge de manière impeccable, d’autant que la mise en scène est palpitante ; des mini-vidéos viennent fréquemment vous montrer le développement de l’histoire. Une réalisation globale nickel, donc, dont les seuls légers points négatifs qu’on pourrait évoquer seraient les lags occasionnels et la confusion éventuelle en cas d’action soutenue avec un nombre de joueurs et d’ennemis élevé affichés à l’écran. Rien de bien gênant en somme ; que serait un beat’em all digne de ce nom sans un brin de chaos visuel ?


Mais venons-en à présent à ce qui décide de la qualité d’un titre en dépit de toutes les prouesses techniques qu’il peut mettre en avant : le gameplay. Comme pour le reste, les deux mots à retenir sont « simple » et « efficace ». Au début du jeu, vous aurez le choix entre quatre chevaliers aux couleurs et compétences magiques différentes (poison, feu, électricité, etc.), mais au fur et à mesure de votre progression, vous pourrez débloquer plus d’une vingtaine de personnages jouables, tous plus hétéroclites les uns que les autres. Une fois votre choix effectué, vous voilà parti pour un beat’em all à l’ancienne, avec déplacement vers la droite en démontant des hordes de malandrins, et des phases de jeu variées qui éloignent agréablement la monotonie : échapper à un monstre géant sur le dos d’un faon, descendre une rivière sur une bûche en vous défaisant autant que faire se peut des ennemis présents, monter sur un animal d’attaque (comme dans Golden Axe, oui)… A l’instar de tout bon jeu du genre, vous aurez l’opportunité de ramasser au long de votre route diverses armes abandonnées ou cachées, lesquelles altèreront votre force, votre défense, votre magie ou votre vélocité. A vous d’embarquer ce qui correspond le plus à l’évolution de votre personnage (nous reviendrons sur le sujet dans quelques instants).


Les actions disponibles sont très simples d’accès : un bouton d’attaque normale, un pour l’attaque puissante, un pour le bouclier, un pour le saut, plus l’utilisation d’objets secondaires ou de pouvoirs magiques. Le tout se retient très facilement, et la prise en main est immédiatement gratifiante. Au fil de votre progression, vous gagnerez éventuellement de nouvelles combinaisons de coup. Sachez également que chaque joueur peut être accompagné d’un familier, petit animal trouvé au détour d’un chemin ou ramassé à la fin d’un combat, lequel vous suivra comme votre ombre et influera sur vous de manière différente en fonction de celui que vous recueillez (rapidité pour nager, pouvoirs magiques plus puissants, attaque sur les ennemis, la liste est longue). C’est mignon, mais reconnaissons que la plupart ne sont pas d’une efficacité effarante… Ça fait simplement partie de ces petits plus qui rendent Castle Crashers si original et attirant.

Enfin, pour conclure notre petit tour d’horizon concernant cette merveille vidéo-ludique, penchons-nous, Ô lecteur, sur le contenu du titre. On l’a déjà évoqué, outre le mode Histoire sur lequel nous nous sommes étendus abondamment, vous aurez le droit de participer au jeu de volley-ball (sympa mais pas indispensable) ou au mode arène, dans lequel vagues après vagues d’ennemis vous tomberont sur le râble. Tout ceci est jouable à plusieurs, et mentionnons d’ailleurs le fait que, si longtemps après la sortie de Castle Carshers, l’on trouve encore aujourd’hui suffisamment de monde sur les parties online pour se défouler en groupe, ce qui est, selon moi, un signe de la qualité du titre, et de son potentiel de rejouabilité. En effet, élément que nous n’avions pas encore abordé, Castle Crashers se paye le luxe d’intégrer un aspect RPG à son gameplay, à travers l’acquisition de points d’expérience gagnés au combat, lesquels vous permettront, à chaque montée de niveau de votre perso, de répartir quelques points de compétences sur quatre caractéristiques disponibles : force, agilité, santé et magie. Autant vous le dire tout de suite, même si l’aventure en elle-même ne dépasse finalement pas les 10 heures de jeu en traçant tout droit (bonne chance quand même pour certains stages…), la durée de vie est rendue colossale par ce système d’évolution, qui vous incite à rejouer encore et encore tous ces niveaux si agréables afin de leveller votre personnage, et même de faire progresser plusieurs personnages à la fois pour le fun : un bourrin, un mago, un plus équilibré, etc. Comme le niveau max est de 99, vous comprendrez aisément combien ce jeu peut vous tenir en haleine pendant des jours et des jours ; car, oui, ne soyez pas dubitatifs, les joueurs niveau 99 que vous croiserez online sont loin d’être rares...

Conclusion : A la croisée de la parodie et de l'hommage respectueux à l'heroic-fantasy, à ses codes, à ses ambiances, à ses ennemis démesurés, Castle Crashers est un titre solide en tout point : graphismes, atmosphère, humour, maniement, durée de vie, etc. A peine la partie entamée, on est immédiatement sous le charme de ce jeu complet et privilégiant le plaisir de jouer. Extrêmement addictif, épique, comique, brutal, envoûtant, les adjectifs sont légion pour qualifier ce chef d'oeuvre vidéo-ludique, duquel il est très difficile de décrocher une fois pris dans ses filets. Considéré, pour ma part, comme l'un des 5 meilleurs beat'em all de tous les temps, Castle Crashers ne s'adresse pas qu'aux nostalgiques d'une ère révolue ; il parle à toute personne amoureuse de jeu vidéo, et de développeurs de talent. Pour une quinzaine d'euros seulement, vous découvrirez un des meilleurs titres de la plateforme de téléchargement, voire, osons le dire, de la console elle-même... Rien que ça... La prochaine production de The Behemoth, BattleBlock Theater, sera-t-elle de la même trempe ? L'avenir nous le dira...
Jean-Philippe_E
9
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Créée

le 10 janv. 2014

Critique lue 235 fois

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