Coup de coeur à contrecoeur !
A contrecoeur, car ce jeu m'a déçue. Surtout au début. Mes premières impressions ont franchement contrarié mes attentes. En effet, j'attendais beaucoup de ce jeu d'Atlus : l'atmosphère atlusienne si particulière, une ambiance à couper au couteau, des personnages plutôt travaillés, un scénario bien ficelé.
Sur tous ces points j'ai été très déçue, donc. Les personnalités des personnages sont présentées d'une manière très superficielle et il est donc difficile de s'y attacher sans vraiment y mettre du sien et extrapoler (et cela vaut surtout pour Katherine et Catherine). Ce d'autant plus que les personnages sont assez triviaux et que leurs conversations sont d'une platitude (et souvent d'une beaufitude) à pleurer ("wêêê les femmes elles pensent qu'à nous passer la corde au cou" ; "wêêêê c'est dans la nature des hommes d'être infidèles"... J'essaie déjà d'éviter d'avoir à entendre ces beaufiseries "dans la vraie vie", c'est pas pour les retrouver dans mes divertissements...)
Le propos du jeu est donc hyper androcentré et hétérocentré - et il aurait pu en être autrement, par exemple en évitant d'étaler des clichés sexistes sans réelle remise en cause par le jeu lui-même via le contexte (bon, un peu quand même) ou les autres personnages (très très légèrement, peut-être). La crise de la trentaine, la peur de l'engagement, la fuite des responsabilités, la maturité sentimentale, ce sont des thèmes très intéressants (et qui concernent les femmes aussi, hein) que j'aurais voulu voir traités avec un peu plus de finesse et de... maturité, justement. Là, j'ai eu l'impression de voir un gros agrégat de clichés, parfois assez puants, comme ils peuvent être conçus dans la tête des ados dont l'éducation sentimentale/romantique/érotique/sexuelle se limite aux poncifs de la culture populaire (bien que le jeu cite également quelques "philosophes" pas si amis de la sagesse que ça, notoirement misogynes (Schopenhauer, Rousseau) et/ou détracteurs du mariage).
Au début du jeu, les relations hommes-femmes (et en particulier les relations Vincent-K/Catherine) sont présentées d'une façon très malsaine, je trouve : uniquement sous l'angle du devoir social (Katherine) et du désir, de l'érotisme (Catherine). Avec Vincent, il est très peu question de sentiments. L'amour laisse parfois passer un petit rai entre les interstices, à la fin, mais sa présence n'est jamais plus palpable qu'un fantôme. C'est très dommage. Un peu de profondeur dans les sentiments, ça aurait fait tout l'intérêt du jeu niveau scenario. J'ai vraiment l'impression que le fond a été bâclé.
Bon, alors, pourquoi ai-je mis une si bonne note ?
Essentiellement parce que malgré ces défauts extrêmement pénibles, j'ai fini accro au puzzle game (mais j'ai joué en mode facile, c'est peut-être pour ça). J'ai beaucoup apprécié le gameplay d'une manière générale, même si les phases sociales, assez inconsistantes, manquaient d'intérêt pour les raisons évoquées ci-dessus.
Mention spéciale à l'OST, notamment les arrangements de morceaux célèbres qui vous soutiennent pendant que vous construisez les escaliers de l'Enfer. Les musiques des différents stages donnent la pêche sans lasser ni accroître le stress, ce qui est vraiment bienvenu quand on recommence le niveau pour la 99e fois (j'exagère un peu) et qu'on doit réfléchir au chemin à construire alors qu'on a un truc super monstrueux, super méchant et super rapide qui nous colle au cul et menace de nous transpercer/tronçonner/découper/écraser.
Bref, un jeu que je conseille. C'est une expérience à vivre, à mon avis.
A éviter toutefois pour les ados un peu cons qui ont déjà une vision biaisée et malsaine des relations "amoureuses".
EDIT : Je baisse la note à 6. Je trouve sa note moyenne trop haute, et certains commentaires assez incompréhensibles. Faut vraiment être peu exigeant pour trouver le traitement du thème central "intelligent" et "mature". O_o