Je vous ai déjà fait le coup de l'introspection l'année dernière avec le récit de mes aventures sur Cauldron II, je continue donc logiquement avec le premier volume de cette série halloweenesque. (Même si l'année dernière j'avais presque attendu noël : la preuve.)
Comment ça c'est pas logique dans cet ordre ? Mais voyez-vous, si Cauldron II a été vraisemblablement mon premier jeu vidéo, j'ai découvert le premier opus bien plus tard, l'année suivante.
Voyez-vous, être un joueur Amstrad CPC à l'époque voulait dire que vous alliez bouffer de la compilation par kilos, au moins autant que de copies faites maison, même pas sous le manteau, à l'époque le piratage était absolument admis et presque obligatoire sur ce support. Pour ce Cauldron, soyez rassurés, c'est la voie légale qui m'a mené à y jouer, au sein d'une compilation Ocean tout à fait honnête qui comportait son lot de hits, comme on disait. Cette compilation je l'ai même eue en double plus tard (car livrée avec le pack incroyable qui comprenait le fameux tuner TV du CPC + le radio réveil dont le design moderne et chic s'incluait à l'ensemble + le meuble de bureau ! ) et même en triple après l'achat d'un carton de jeux d'occase et puis finalement en quadruple ! Autant vous dire que j'ai de la cassette de rechange au cas où !
Bon, mais mettons nous dans l'ambiance, comme de coutume avec un titre de l'année :
https://www.youtube.com/watch?v=dRHetRTOD1Q
(j'ai toujours eu l'impression qu'il répétait "une salade, une salade, une salade" au moment du refrain)


Et oui, j'ai découvert Cauldron en 1987, deux ans avant la naissance du Cornflake Poilu, la même année que l'opération de la prostate de Reagan, c'est vous dire la profondeur de cette critique introspective.


Vu le point auquel j'avais été enthousiasmé par la suite de cette histoire, j'étais impatient de découvrir comment tout cela avait commencé. On apprenait alors sur une musique très sympathique et enlevée que cette fois nous allions être dans la peau de la sorcière, déterminée à réunir les ingrédients nécessaires à la confection d'un sortilège qui ferait d'elle la reine des sorcières. Il va donc falloir quitter sa confortable petite chaumière blottie dans les bois et parcourir le vaste monde à pieds et surtout en volant sur son balai pour réunir tous les objets magiques si convoités.
Le vaste monde est très bien rendu, en fait, Cauldron est un jeu d'exploration en monde ouvert ! Incroyable ! Pas de stages ici, au lieu de cela un succession de décors allant de la forêt à l'océan en passant par l'inévitable cimetière, les collines peuplées de plantes carnivores et les volcans pas avares en boules de feu tournoyantes. Ces décors bouclent, une fois tout traversé on se retrouve en effet de nouveau auprès de la chaumière. C'est assez malin et on a immédiatement un sentiment de liberté.
Et on a aussi immédiatement un sentiment de "on va en chier".
Car déjà, c'est mauvais signe, on voit près du score un nombre de vies hallucinant : 9 ! Neuf vies sur CPC ça ne veut pas dire que le jeu est sympa, non, ça veut dire que les développeurs ont finalement eu pitié de vous.
Déjà, pour parcourir ce monde, la sorcière va surtout utiliser son balai volant dans des phases de shoot ramollo. Eviter les ennemis n'est pas trop compliqué, et on peut également les shooter avec de la poussière magique (ils réapparaissent néanmoins au bout d'un court moment) . MAIS ça coûte de la magie, et la magie, c'est la vie ! Littéralement, la sorcière part avec 99% de magie, chaque seconde passée lui retire un point, tirer sur un ennemi lui en coûte deux, se faire toucher lui en retire d'avantage, etc. On peut heureusement refaire le plein entre chaque section de paysages grâce à des sources de magie au sol ou dans les airs.
On peut donc voler ! Ah planer sur un balai, sentir le vent dans ses cheveux verts, humer la brise marine, oui, mais il faut aussi décoller et atterrir ! Et là pas le droit à l'erreur ! Pour prendre son envol comme pour se poser, il est essentiel de trouver une surface parfaitement plane. Le moindre arbuste, petit caillou ou motte de terre et la sorcière part en saut périlleux et meurt ! Si, après trop de temps sans se recharger ou à force de se faire toucher elle tombe à 0% de magie, elle meurt ! Si elle touche un obstacle en vol ou touche l'eau, elle meurt !


Et ça c'est juste les phases sympas.
Car au cours de ses voyages, la sorcière va trouver des clefs, avec celles-ci, elle peut ouvrir les portes qui mènent à des niveaux façon plate-forme, c'est là qu'elle pourra trouver ses fameux ingrédients. Une fois que vous aurez ouvert une porte, dites-vous bien qu'il ne vous reste pas plus de deux minutes à jouer, deux minutes après lesquelles le CPC va lui aussi découvrir un sentiment de liberté en volant à travers la pièce, que vous ayez 9 vies ou pas. Le contrôle au joystick est calamiteux quand il s'agit de sauter, du coup le jeu s'est dit qu'il allait imposer une précision au pixel, à la frame. Une plate-forme mouvante exige une dextérité qui n'est pas de ce monde (d'ailleurs il faut continuer à avancer au rythme de la plate-forme car sinon la sorcière reste sur place), et le pire, c'est que cette fois la sorcière ne peut plus shooter de la magie, le bouton du joystick sert à sauter, si la sorcière touche certains des ennemis, elle ne perd pas un peu de magie, elle meurt ! Si elle tombe de trop haut, elle meurt ! Si elle touche la lave, bien-sûr de la lave, elle meurt ! Elle meurt ! Elle meurt ! ELLE MEURT ! Tout le temps ! Espérer compléter un de ces niveaux est vain ! Et en plus, si vous avez gagné un objet, il faut ressortir par le même chemin ha ha ha c'est formidable ! C'est une horreur, je n'ai jamais réussi un seul de ces niveaux.
Et en plus il y a une subtilité. Le dernier objet que la sorcière doit récupérer est le balai d'or, il se trouve dans une caverne hantée par une citrouille bondissante qu'il lui faut poursuivre. Arrivé au dernier tableau de cette caverne, la citrouille au sourire bonhomme devient grimaçante, se rue sur la sorcière et, elle meurt ! Sauf si elle avait déjà trouvé tous les objets auparavant. Bon courage !


Heureusement, le jeu est joli, c'est du bon CPC. Les sprites sont clairement définis, la sorcière est très mignonne sur son balai et les décors sont très bien rendus. On note des problèmes d'affichage typiques du CPC, les sprites se superposent et la sorcière se confond avec la lune omniprésente dans le décor nocturne ou se confond avec les arbres lorsqu'elle se promène en forêt, pas très élégant. La musique du début est sympathique mais absente durant le jeu car remplacée par des bruitages basiques. Le son émit quand la sorcière part en vrille suite à un mauvais atterrissage ou décollage finit par donner envie de prendre son balai et de le lui coller dans le... non, il n'y a qu'un bouton d'action, on ne peut pas hélas.


Qu'en garder ?


Le jeu a une certaine réputation sur CPC, il avait remporté un Tilt d'Or, il a certainement impressionné les jeunes joueurs de l'époque, comme moi, et mérite un coup d'oeil pour l'histoire. Cependant, sa difficulté est tellement crispante, ses contrôles et sa jouabilité sont tellement mal étudiés qu'ils m'ont fait passer en mode berserk maintes fois malgré mon flegme légendaire. Pourquoi on s'acharnait comme ça ? Je pense que l'ambiance particulièrement réussie y était pour beaucoup, le fait de pouvoir se balader comme on voulait poussait à essayer d'en voir un peu plus et voilà tout.
Cauldron II sera plus abordable (oh mais la citrouille aussi va crever et crever et crever ne vous inquiétez pas) et si je devais vous conseiller un jeu sur le même thème sur la même machine, tournez-vous vers un Sorcery, ça vous fera du bien.


https://www.youtube.com/watch?v=EUob_y0HH64

I-Reverend
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Collection Amstrad CPC ou la Nuit des Temps et Les meilleurs jeux vidéo avec une héroïne

Créée

le 31 oct. 2015

Critique lue 618 fois

4 j'aime

I Reverend

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