Chameleon
Chameleon

Jeu de Silver Wish Games et 1C Company (2005PC)

La clémence du temps qui passe.

Trouvé au hasard alors que je farfouillais à la recherche d'un obscur jeu ps2 aperçu dans une vidéo, Chameleon attira mon attention, car contrairement à la plupart des jeux d'infiltration surfant sur la mode des Splinter Cell, Metal Gear et consorts et depuis complètement oubliés, celui là avait pas l'air tout claqué. Un titre qui aurait eu sans doute un peu plus de visibilité s'il n'avait pas été cantonné à trois pays pour sa distribution. Vous pouvez aujourd'hui le trouver sur internet en abandonware. Et s'il n'est pas vraiment une gemme cachée dont la qualité est à la hauteur de l'injustice de son lancement, il ne mérite pas d'être complètement oublié.


Chameleon est donc un jeu d'infiltration et d'action vous mettant dans la peau d'un agent secret dont j'ai oublié le nom, parti se venger du meurtre de ses parents en zigouillant terroristes, paramilitaires et gardiens de nuit ayant le malheur de se trouver sur son passage. Un scenar qui sent bon le nanar et qui pourrait sans doute s'apprécier en tant que tel si tout était du niveau du dialogue final avec le méchant, d'une merveilleuse connerie, mais qui se résume en général à des dialogues d'espionnage sans intérêt autre que justifier vos déplacements autour du globe. Le doublage correct du héros vient relever la barre, immédiatement alourdie par tout le reste du cast qui lisent leurs lignes un peu à l'arrache. Ça ajoute au charme on va dire.

En revanche, l'atmosphère du titre vaut le détour et vient compenser un peu les errances de la narration. Les environnements sont variés, soignés (autant que faire se peut sur un moteur de 2002) et vivants, le tout accompagné d'une musique plutôt chouette, même si très standard pour le genre. De l'Irlande pluvieuse au soleil de Cuba, d'une prison sécurisée aux wagons d'un train lancé à pleine vitesse, le jeu multiple les ambiances et nous vend ici sa fiction d'espionnage bien mieux qu'à travers son écriture. Je reprocherais quand même les passages au Moyen Orient, comme toujours accompagnés d'une musique un brin limite et de barbus flanqués d'un AK, mais bon, c'est quand même pas aussi craignos que dans Hitman 2 (de 2002).


Bien sûr, le gameplay reste l'élément le plus important du jeu. Fidèle à son titre, chameleon est un jeu un peu fourre-tout dont la forme changera pas mal en fonction des 17 missions qui composent l'aventure. La plupart d'entre elles vous lâchera sur une carte de taille respectable pour accomplir différents objectifs sans vous faire repérer, souvent sous peine de game over. Le système de jeu ne fait rien de neuf et est assez rudimentaire. L'IA des garde est basique, la gestion du son peu présente et l’interactivité avec l'environnement inexistante en dehors des scripts. Impossible par exemple de péter une lampe. Vous passerez donc le plus clair de votre temps à passer d'une zone d'ombre à une autre (vous rendant quasiment invisible aux yeux des gardes) en planquant les corps des gonzes qui regardaient du mauvais côté. Une bonne liberté d'approche aurait pu compenser ce système un brin trop simpliste, mais le jeu s'avère la plupart du temps très dirigiste. Il y a souvent une seule solution envisagée, même dans les maps plus ouvertes. Vous aurez parfois l'option de plus ou moins bourriner et quelques cartes permettent quand même une certaine marge de manœuvre, mais on reste dans une formule assez rigide, d'autant plus que les objectifs de mission doivent être accomplis dans un ordre précis, et que l'échec en cas d'alarme est courant. Dis comme ça, ça a l'air un peu nul, mais le jeu s'avère quand même assez sympa à parcourir. Déjà parce dirigiste ne veut pas forcément dire inintéressant (même si un peu vieillot). Trouver le bon chemin vers votre prochain objectif, élaborer et exécuter votre plan pour rapidement vous débarrassez des gardes, tout cela peut être satisfaisant si les niveaux sont bien construits et Chameleon parvient assez régulièrement (pas toujours) à vous mettre face à des situations relativement intéressantes et inédites, à défaut d'être complexes. La plus grande force du jeu est d'ailleurs sa variété. Comme évoqué plus haut, le jeu varie l'architecture des niveaux (où les pnj ne vous seront pas toujours hostiles d'ailleurs), tente vraiment de proposer des moments uniques (des fois c'est bizarre, il n'y a qu'une seule séquence de conduite dans tout le jeu) et tend parfois vers l'action, pour la forme. Les fusillades sont pas hyper agréables à prendre en main sans être atroces, et sont assez courtes. Enfin, je pense qu'il est important de noter que le jeu est assez facile. Là ou d'autres titres peuvent devenir frustrants, surtout ceux qui provoquent un échec si repéré Chameleon n'est pas très compliqué à comprendre ni à traverser, grâce à ses ennemis peu vigilants, son design simple et un système de sauvegarde libre (je vous conseille de vous servir des quicksave sans retenue, ça deviendrait sans doute frustrant inutilement sans). Chameleon est donc un titre souvent plus rigide encore que le premier Splinter Cell, loin d'être aussi riche, mais dont l'exécution compétente et la variété en font un titre honnête et agréable à parcourir qui, s'il ne fait rien de mieux qu'ailleurs, ne se moque pas non plus du temps du joueur.


Même s'il n'avait pas subi une sortie catastrophique, Chameleon n'aurait sans doute pas réussi à se faire une place en 2005. Il faisait face à des alternatives bien plus connues et surtout mieux fichues, alors qu'il n'avait pas grand chose pour se démarquer. A cette époque, être un jeu d'infiltration juste correct à l'ambiance réussie n'était pas suffisant. Mais presque vingt ans plus tard, alors que le genre a depuis longtemps passé son heure de gloire et que les classiques ont été retournés quinze fois, il pourrait faire l'affaire.

val990
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le 2 nov. 2023

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