Cold Fear
6.1
Cold Fear

Jeu de Darkworks et Ubisoft (2005PlayStation 2)

Avec un studio de développement au nom de Darkworks, il semble évident qu’il ne va pas se destiner aux petites fleurs sous ciel bleu. Cette petite équipe française fut responsable d’un survival-horror, qui, bien qu’un peu oublié, n’est pas sans intérêts. Cold Fear, tel est nom, est sorti chez nous le 4 mars 2005 sur PS2 et Xbox, puis PC.


Contrairement à ce que sa chevelure blonde et son physique pourrait faire croire, Tom Hansen n’est ni mannequin, ni skateur ou surfeur, il est garde côte américain. Sa dernière mission est de monter à bord d’un baleinier russe, le « Eastern Spirit », coincé au milieu d’une féroce tempête et qui ne donne plus de signes de vie. En plus d’un climat particulièrement hostile, Hansen devra faire face à des marins russes déboussolés et des cadavres revenus à la vie à cause d’étranges petites créatures logés dans leurs têtes, les exolets. Pas de doutes, s’il règne un climat sinistre, ces petites bêtes n’y sont pas étrangers du tout. Hansen va tenter de survivre, de comprendre et de se débarrasser ces étranges bébêtes dangereuses, en explorant ce bateau mais aussi une plateforme de forage tout aussi inquiétante. Brave Hansen. Et rencontrer au passage quelques personnages secondaires très secondaires, dont une jolie Russe.


Évidemment, Cold Fear emprunte beaucoup au maître étalon, Resident Evil. Des salles, des cadavres, des traces de sang et autres trucs glauques un peu partout, des portes fermées à clé, des munitions limitées, des zombies de temps à autres, des documents à consulter qui enrichissent la trame, des effets de surprise souvent déjà vus (ce qui ne veut pas dire que le joueur ne se fera pas avoir à nouveau), des salles de sauvegarde espacés, etc. Le fan de la série de Capcom ne sera pas dépaysé dans les structures du jeu. Le jeu reprend même l’une des principales nouveautés de Resident Evil 4, sa caméra à l’épaule. Mais ici il est possible de se déplacer en visant et c’est un vrai régal, qui rend la maniabilité bien plus souple et réactive que le chef d’œuvre de la concurrence.


C’est plus pratique contre les ennemis qui hantent les lieux. Le joueur n’en rencontrera guère de différents. Pour les morts vivants le seul moyen de les arrêter est une balle dans la tête. Sinon, ils se relèveront inlassablement. Mais l’ennemi dont il faut le plus se méfier est l’exolet. (Dé)logé de certaines têtes de zombies ou se promenant dans les salles, il peut soit attaquer à distance soit reprendre possession d’un autre cadavre encore avec sa tête. Il y a encore quelques ennemis mais le gros des troupes est constitué des cadavres des marins russes revenus à la vie et des exolets. Dommage aussi qu’il y ait si peu de boss pour égayer la partie.


Pour éradiquer cette vilaine engeance, la panoplie d’armes que le joueur trouvera en cours de route ne sera pas de trop. Là, aussi, beaucoup de classiques, même s’il est difficile de bouder son plaisir un bon fusil à pompe dans les mains. Signalons tout de même le plus original, le lance-appât, qui permet de faire diversion en lançant un appât attirant les zombies. Un petit explosif dans le tas et l’épuration ethnique se fait sans problèmes de conscience. Lors de phases un peu musclées un tir dans la tête bien ajusté reste la meilleure solution. Le jeu est d’ailleurs clairement orienté action, même si l’ambiance et les quelques petits effets de surprise ne laissent jamais le joueur serein.


Si Cold Fear peine à se différencier de la saga zombiesque de Capcom dans sa façon de jouer, le jeu est largement plus convaincant pour son univers et sa réalisation. La première partie, sur le bateau, est très impressionnante. Le baleinier russe subit les assauts d’une violente tempête en même temps que le joueur. Dans les zones exposées au vent, celui-ci est fortement ralenti, voire trébuche lors de grosses bourrasques et doit faire attention aux éléments qui se balancent au fil du vent. De même, il doit prendre garde aux vagues qui s’abattent sur le pont, s’il ne veut pas être emporté par celles-ci. En ajoutant le roulis constant du bateau (ce qui ne facilite pas les choses lorsqu‘un ennemi est dans le viseur) et le joueur a constamment l’impression d’y être. Il ne manque plus que l’odeur de mer et l’humidité dans les vêtements.


Cette immersion est grandement favorisée par la qualité de la réalisation technique du soft. L’environnement, tout en 3D, dispose de textures travaillées et d’un nombre de polygone conséquent. Les personnages, Hansen en tête, en bénéficient aussi. Les animations du blondinet sont tout autant soignées, il n’y a pas d’accroc. Les développeurs lui en ont même offerts un bon paquet. Ainsi Hansen cherche constamment un bon équilibre si le bateau tangue de trop. De même, si une forte bourrasque lui fait face, il s’avance un peu courbé, le bras gauche tentant de protéger le visage. Et malgré l’effort que doit demander pour la console les phases en extérieur avec les différents éléments du décor, les personnages, les vagues venant s’écraser sur le pont et la forte pluie, le jeu ne ralentit jamais et reste fluide. Un travail sur la réalisation pleinement soigné qui contribue à l’immersion du jeu.


Par contre, si la réalisation reste au top pour la deuxième moitié du jeu, dans la plateforme de forage, cela se fait au détriment de ce qui faisait le charme de la première partie. Finie l’excitante impression de lutter contre la tempête, Hansen est dès lors presque constamment enfermé dans l’infrastructure, presque en sécurité. L’esthétique de la plateforme ne peut pas rivaliser avec le travail effectué pour celui du bateau, le lieu est ainsi trop commun, trop déjà vu. Quant à la construction de la progression, elle devient peu intéressante car beaucoup plus linéaire et prévisible, alors qu’il était facile d’être un peu déboussolé sur le bateau russe. Darkworks a voulu varier un peu, dommage que cette bonne idée sur le papier conclut le jeu sur cette note de déception, comparé à l’expérience des premières heures de jeu.


Évidemment, en reprenant le cahier des charges classique du survival horror, Darkworks n’a pas omis de réaliser un jeu court, qui s’achève en moins d’une dizaine d’heures. Le consommateur qui aurait apprécié le jeu et voudrait prolonger l’expérience aurait de quoi se sentir blasé. Tout au plus pourra-t-il refaire l’aventure dans un mode de difficulté supérieur ou dénicher les quelques armes (mal) cachés. Difficile de ne pas blâmer l’éditeur/producteur Ubisoft, plutôt coutumier de cette paresse, alors que le concurrent Resident Evil 4 se montrait plus généreux.


Le jeu est sorti peu de temps après le mastodonte de Capcom. Il ne pouvait pas lutter contre le raz-de-marée médiatique du jeu. Et pourtant, même si Cold Fear s’inspire beaucoup de Resident Evil 4, il le fait de bien belle façon. Et ne serait-ce que pour sa réalisation convaincante et sa première partie, Cold Fear avait de quoi s’imposer dans le panthéon du genre, malgré la concurrence féroce.


Une adaptation ciné avait été envisagée par Touchstone Pictures mais les faibles ventes n’ont pas vraiment encouragé le projet à aller plus loin. Dommage, l’univers du jeu aurait pu faire un excellent film avec de bons moyens.

Créée

le 18 oct. 2010

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SimplySmackkk

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