L'invention d'un genre unique

S'il vous faut en essayer un c'est celui-là!

En effet cet add-on n'était pas vraiment considéré comme une extension à sa sortie mais comme un jeu à part entière, il était fourni avec sa boite et son livret, vous n'aviez pas besoin d'avoir joué ni même de posséder le 1er opus et la difficulté des 8 missions proposées était bien assez corsée pour que vous en ayez pour votre argent.

Cette dernière considération est d'ailleurs un euphémisme, je n'ai jamais pu le finir et aucun membre de mon entourage non plus, "terminer les jeux" ce n'était pas un impératif à l'époque et nous jouions évidemment à bien d'autres choses.

Toutefois ce jeu m'a toujours fasciné, bien plus que le 1er Commandos d'ailleurs: les missions sont longues, travaillées et mémorables, la difficulté est tellement élevée que la satisfaction obtenue en cas de réussite est indescriptible, les graphismes étaient extraordinaires comparées aux textures baveuses de la N64 (les plans fixes ça aide) et le gameplay était bien entendu unique et original bien que parfois laborieux il faut l'avouer.

Cependant ce qui me plait le plus dans ces "vieux Commandos" c'est que vous ne pouvez pas utiliser d'armes à feu, le pistolet est plus que faiblard et vous déclencherez automatiquement l'alarme, la moindre patrouille supplémentaire s'avérant être un calvaire à gérer.

En général lorsque vous vous ferez repérer c'est très simple, vous chargerez immédiatement votre dernière sauvegarde pour tenter d'améliorer votre approche.

Cette sensation de stress et ces mécaniques punitives disparaitront malheureusement sur le Commandos 2 par la suite, les espagnols de Pyro ayant évidemment voulu proposer un jeu plus accessible au grand public, en vous autorisant notamment à planifier des embuscades avec des armes à feu beaucoup trop efficaces à mon sens.

Les patrouilles n'étaient dans cette logique plus un problème pour peu que vous ayez tout de même préparé vos hommes et ramassez suffisamment d'armes et de munitions.

Sur ce "Sens du devoir" ce n'était bien entendu pas possible, des armes à feu vous ne pouvez pas en ramasser et une fois découverts vos hommes meurent à la vitesse de la lumière.

Déjà la 1ère mission (le phare) vous imposait un sacré défi même pour un joueur qui s'était essayé au 1er opus, ceci étant principalement dû au fait que vous ne bénéficiez pas de l'espion (vous voyez tout de suite la différence...) et qu'il était très difficile de progresser en restant à couvert.

En ce sens rien que cette 1ère mission vous demandera de déployer des trésors d'ingéniosité: il faudra déloger les sentinelles en hauteur avec le sniper, utiliser intelligemment le harpon du marin sur les soldats hors de portée du couteau, lancer des pierres pour détourner l'attention ou encore balancer des paquets de clopes afin d'attirer vos ennemis. Vous pourrez même assommer, ligoter et capturer ces derniers pour vous en servir justement comme "espion temporaire" dans une zone toutefois limitée, ce qui constituait une nouveauté appréciable sur cet opus.

En résumé c'est extrêmement pointu car évidemment ce n'était pas un jeu d'handicapés comme Fallout ou Baldur's Gate, toutes vos initiatives sont réalisées en temps réel c'est à dire qu'il vous faudra apprendre au moins les raccourcis claviers essentiels pour vos actions qui reviennent le plus souvent (sortir le couteau avec W, ramasser un corps, le coup de poing etc...). Il faut savoir en effet qu'il n'y avait pas encore "d’icônes contextuelles" vous permettant d'agir facilement sur vos adversaires et vous aviez donc très souvent tendance à paniquer et à vous emmêler les pinceaux sous contrainte temporelle.

La 2ème mission est d'ailleurs également phénoménale (le zoo!) où vous disposez cette fois-ci de l'espion déguisé en gardien, vous pourrez donc descendre dans l'enclos pour piquer les lions et ainsi ne pas vous faire bouffer si vous aviez la naïveté d'y aller avec le béret vert...

Bref tout est génial et il ne s'agit même pas ici de "nostalgie", ce jeu est encore tout à fait jouable aujourd'hui et je dirai même qu'il était le meilleur dans ce registre jusqu'aux récents Shadow Tactics/Desperados III des prodiges allemands de Mimimi Studios.

Le cap à franchir sur ce Commandos serait peut-être d'ailleurs relatif à la 4ème mission (le chemin de fer, mon dieu...), nous nous étions tous arrêtés là à l'époque, c'est un peu l'équivalent du temple de l'eau sur Ocarina of Time...

Toutefois je ne désespère pas et j'ai bien l'intention de le finir un jour, je suis bien venu à bout du 2ème en le reprenant 10 ans plus tard donc pourquoi ne pas le faire sur celui-ci!