Conker's Bad Fur Day
8.1
Conker's Bad Fur Day

Jeu de Rareware et THQ (2001Nintendo 64)

Il voulait simplement rentrer chez lui et embrasser sa femme

Conker’s Bad Fur Day, c’est l’histoire de Conker, un écureuil roux alcoolique et avide d’argent tentant de rentrer chez lui après une soirée bien arrosée dans un bar. Bref, c’est le genre de jeu complètement débile nous faisant voyager dans un univers imaginé par des mecs sous acides.
Cependant, il faut savoir qu’à la toute base du projet, le personnage Conker était destiné à un jeu pour enfants (et pour le coup, au vu des images, c’était vraiment enfantin). Ce jeu, c’était Twelve Tales. Rare avait pris des années à le faire, mais à chaque fois, une chose les empêchait de sortir ce jeu. Concurrence avec le légendaire Mario 64, sortie de Banjoo-Kazooie. Nintendo, voulant éviter que leur console, la N64 soit définitivement ancrée dans les jeux enfantins, avoue ne plus vouloir sortir Twelve Tales. Et pourtant, ce jeu proposait une chose bien nouvelle à son époque, la capacité aux personnages d’avoir des émotions sur leurs visages.
J’imagine que les mecs de Rare ont dû bien se bourrer la gueule après cette nouvelle qui aura gâchée deux ans de travail (apparemment, le jeu est encore enfoui dans les archives de Rare, mais personne n’a vraiment envie de ressortir ces douloureux souvenirs). Alors les mecs de Rare se disent :
« Nintendo ne veut plus de jeu pour gosses ? Bah on va leur faire un jeu pour adulte ! ».
Résultat, Conker’s Bad Fur Day sort avec un ton radicalement différent de Twelve Tales. Malgré un succès critique, louant les qualités graphiques quasi-révolutionnaires à son époque, CBFD Bad Fur Day ne rencontre pas le succès voulu aux USA et Nintendo n’a pas voulu sortir le jeu en Europe et au Japon. Une autre boîte de distribution finit par l’éditer en Europe sous la pression de nombreuses pétitions. Cependant, Conker ne fût jamais traduit en français (donc si vous voulez y jouer, assurez-vous de bien comprendre l’anglais).
Alors que vaut réellement Conker’s Bad Fur Day ? C’est énorme ! Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est un des meilleurs jeux auquel j’ai joué, mais CBFD va me marquer pour un bon bout de temps. Ce que je trouve d’énorme dans ce jeu, c’est qu’il dévie tous les codes du bon sens pour nous pondre un jeu à l’humour gras, violent et pipi caca. Et pourtant, ça marche du tonnerre. Bon, après, c’est mon type d’humour, mais CBFD m’a fait mourir de rire. Entre le Great Mythy Poo, les êtres de feu que je devais éteindre avec ma pisse, le petit dinosaure qui me prendre pour sa maman, le troll géant au p’tit pénis (son secret), l’argent qui m’insulte, l’abeille qui veut baiser un tournesol, en bref, l’univers de Conker est débile, mais cohérent.
Oui, tout dans CBFD est cohérent. L’univers part dans tous les sens et on peut y trouver des choses complètement surréalistes, mais ça a toujours sa place dans l’univers et on y croit.
Le personnage de Conker est quant à lui génial. J’ai adoré le suivre dans ses mésaventures. Que ce soit sa voix, l’animation du personnage, les dollars qui s’affichent sur ses yeux quand il croise de l’argent, ou encore ses répliques irrésistibles : « oui, je sais je suis génial » ou encore « de toutes les personnes que je n’aime pas, je me retrouve dans la même salle qu’eux ». Une sorte d’anti-héros attachant qui ne désire qu’une chose, rentrer chez lui et embrasser sa femme (et pour le coup, il est vraiment amoureux). Et même si vers la fin, Conker nous dégoute de par ses choix et ses maladresses (il oublie quand même de ressusciter sa femme quand l’occasion se présente), il n’empêche qu’on l’aime Conker.
Un autre truc génial dans CBFD, c’est qu’il propose un gameplay varié et innove constamment. Allant de la plate-forme 3D des plus basiques, il propose par exemple d’incarner une chauve-souris (qui chie sur des villageois pour les assommer), ou encore de poursuivre des voleurs sur un skate volant dans une séquence absolument dantesque (référence à Retour Vers le Futur 2). On pourra également contrôler un tank, ou manier des mitraillettes dans l’incroyable niveau de la guerre (même si c’était vraiment dur).
Le jeu propose même des fois des moments intenses, comme le passage où il faut éviter les tirs d’ours en peluches lors d’un débarquement rappelant l’intro du Soldat Ryan.
Ah oui j’oubliais, CBFD est plein de références cinématographiques. Termaintor, Matrix, Alien (le dernier boss est un Xenomorphe), Apocalypse Now (« The horror »), Soldat Ryan, the Godfather, et le plus réussi, Orange Mécanique.
Je regrette simplement que le jeu ne nous dirige pas beaucoup. Car CBFD est un open wolrd (eh oui, vous pouvez circuler où vous voulez), et il arrive qu’on se retrouve pendant une heure à tourner en rond sans savoir où aller pour continuer l’aventure. Du coup, on se retrouve à fouiller un peu partout pour qu’une cinématique se lance afin de poursuivre le périple de Conker. Et des fois, bah ça casse le rythme.
Je regrette aussi une chose, le méchant le King Panther. A vrai dire, il n'est pas si présent. Il manque un méchant réellement marquant qui représente un danger constant pour Conker. Le Great Mythy Poo est plus marquant alors qu'il n'apparaît qu'une fois, pareil pour le troll jaune.
Mais dans l’ensemble, Conker’s Bad Fur Day, c’est une œuvre assez dingue qui ne ressemble à aucune autre. Un jeu qui détruit tous les codes du jeux vidéo et qui en joue (Conker finit par s’adresser directement au programmeur du jeu en brisant le 4em mur). En bref, jamais vous ne retrouverez un jeu aussi barré que Conker’s Bad Fur Day et pour le coup, il faut y jouer pour comprendre sa réputation.

Créée

le 21 août 2017

Critique lue 451 fois

James-Betaman

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