J'avais très envie d'adorer ce jeu. Vraiment très envie, depuis le moment où j'ai appris son existence, après l'E3. Il me faisait de l'oeil, du pied, tout le corps s'y mettait ! Mais la sauce n'a finalement pas vraiment pris. Pas suffisamment, en tout cas.

En trois lignes, Contrast raconte l’histoire de Didi, une petite fille dont le père est parti et dont la mère part travailler au cabaret toutes les nuits. Mais chaque nuit, Didi s’évade en douce avec son amie Dawn pour aller la voir. Dawn, l’amie imaginaire selon les adultes, est le personnage que Contrast nous propose d’incarner, en découvrant et closant un arc de cercle dans les vies de Didi, sa mère et son père.

Le concept de Contrast est excellent. Jouer avec les ombres, disparaître dans la lumière pour mieux reparaître là où et quand il faut, ça me plait énormément. Et ce point-là du contrat est plutôt très bien rempli.
Le scénario quant à lui a tout pour plaire : bien ficelé, poétique, offrant quelques scènes très sympathiques. Peut-être pas assez poussé, cependant.
La découverte de l'environnement est assez agréable également, avec ses ruelles, son ambiance jazzy (on notera deux très bonnes chansons - malheureusement, il faudra s'en contenter : la bande son est loin d'être aussi exceptionnelle que certains l'ont prétendu ; la plupart des musiques sont correctes mais n'ont rien d'exceptionnel et, surtout, elles ne sont pas suffisamment présentes pour affirmer que la bande son est teeellement immersive), son côté fantastique...

Mais on touche déjà là à une faiblesse du jeu : l'ambiance est bonne, oui, mais les graphismes ne sont ni très détaillés, ni spectaculairement beaux, et ils se révèlent au final assez vides et raides. Quelques artworks sont très beaux, et puis la plupart des murs sont désespérément lisses et jaunes, Didi et Dawn, quoique très jolies, ont une coiffure est des habits figés. Comme Dawn est, avec Didi, le seul personnage visible physiquement, les rues, les cafés, les théâtres, les places sont vides. Pas un froissement, pas un bruit, rien ne vient troubler la quiétude de la nuit que la voix de Didi et les conversations que l'on doit expressément écouter. J'aurais aimé entendre, par exemple, des réflexions de passants, des conversations de comptoirs, des toux, des vieilles qui s'étonnent de voir une gamine dehors à cette heure indue, je ne sais pas : un peu de vie ! Et j'aurais aimé voir les fauteuils se creuser sous le poids des protagonistes en pleine discussion. Mais soit, ce n'était visiblement pas le parti des développeurs, et je trouve ça fort dommage, tant les possibilités étaient nombreuses pour faire de l’expérience vidéoludique une véritable immersion, plutôt qu’une vague recherche guidée et superficielle.

J’ai également eu quelques mots tendres envers la caméra, relativement énervante par moments dans ses focus par défaut. Quant au gameplay, les sauts manquent parfois de précision (parfois c’est dû à la caméra…), et c’est un petit peu frustrant de refaire le même saut trois fois de suite parce que quand ça veut pas, ça veut pas. (Mais je vous rassure, ça reste assez rare.)

Enfin, si l’histoire, l’onirisme, le mystère y sont, on ne peut que déplorer la brièveté du jeu. Ca fait des années que je n’avais plus vraiment joué à un jeu vidéo, et je n’avais jamais vraiment joué à un jeu sur PC, or malgré mon manque de repères et d’habitudes, j’ai terminé le tout en 4h – en plus j’ai amplement vagabondé, dans un monde en fait assez restreint. Bon, pour le coup je ne peux pas dire qu’on ne m’avait pas prévenu, toutes les critiques le signalant, mais ça reste vraiment trop court. Surtout pour 15€. Alors quand, comme moi, vous avez en plus acheté l’édition collector à 20€, ça laisse vraiment sur sa faim. (Ne faites pas cette erreur : à part les 2 chansons susmentionnées directement accessibles, il n’y a rien de bien intéressant là-dedans.)

Contrast, c’est l’histoire d’un jeu que j’avais follement envie d’aimer, mais qui n’est finalement pas du tout à la hauteur de mes attentes.
Jeolen
6
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le 16 janv. 2014

Critique lue 320 fois

2 j'aime

Jeolen

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