Cuphead
7.9
Cuphead

Jeu de Studio MDHR (2017PC)

On va direct aborder les points qui font couler beaucoup d'encre sur ce jeu, en premier, j'aimerais qu'on parle du style du jeu qui a une GUEULE DE OUF.


A part le premier level de Mickey Mania, et peut être d'autres jeux que tout le monde a oublié, le parti pris années 30, c'est pas un truc qu'on a vu souvent dans le milieu, alors quand Cuphead a lâché son premier trailer, il était légitime de se demander pourquoi, tellement ça claque.
Non mais c'est vrai, pour un jeu en 2D (oui c'est pas entièrement en 2D mais vous m'avez compris), ça parait être une inspiration évidente qui peut marcher du tonnerre.


Et les types du Studio MDHR ont fait un véritable travail d'orfèvre à ce niveau, avec des animations sur papier comme a l'ancienne, où chaque détail visuel s'inspire directement des dessins animés de l'époque. Alors oui, la date du jeu à été repoussée, mais quand on voit le résultat final, on à bel et bien affaire à une vision d'artiste qui à mérité son temps de gestation.


Et puis comme y'a pas que les yeux, ils sont allés enregistrer un vrai orchestre pour la musique au lieu de se dire "balek on y va a coup de MIDI". A l'ancienne comme les chips.
La musique est toujours raccord et entraînante, et certains morceaux sont vraiment excellents. Le thème de King Dice, qui sied au perso comme un gant et passe crème dans les oreilles est un des exemples que je donnerais.


L'univers de ce jeu est tout bonnement superbe, et je pense honnêtement pouvoir dire qu'on est devant un des jeux les plus marquants, au moins du point de vue artistique, depuis un bon moment. Toute la troupe de persos de Cuphead est charismatique, Cuphead et Mugman en deviennent (presque) aussi iconiques que Mario et Luigi, King Dice et le Diable respirent la classe malsaine, et les boss ont tous une identité qui leur est propre. Même si on finit par détester ces enflures, difficile de leur en vouloir tellement ils ont de la gueule quand on les découvre. On sent que tout le casting à été créé d'abord sur le papier et le gameplay en découle en suite.



The trials and tribulations of Dean Takahashi



Et on en vient au deuxième point de discussion, le gameplay. (Vous avez vu cette transition subtile ? Je sais, impressionnant.)


Y'a eu beaucoup de bruit autour d'un journaliste qui a mis plus de temps qu'il n'en fallait pour finir LE TUTO. Comme dans tout ce qui se passe dans ce monde peuplé de gros nerds sensibles, c'est parti en couilles très vite, avec d'un coté les journos outrés qu'on remette en question leur crédibilité, et de l'autre les élitistes à deux balles qui font du gatekeeping, et toutes les opinions entre. Comme l'assassinat de François-Ferdinand, la vidéo de M. Takahashi à mis le feu aux poudres d'un conflit qui va bien au delà, mais en moins badass.


Oui, on peut avoir un regard critique sur quelque chose sans en maîtriser tous les codes. J'en suis aussi, je galère comme une fiente sur plein de jeux, Cuphead compris, mais je suis juste un random qui lâche son avis sur internet. On peut apprécier un film sans avoir la moindre notion de cinéma, on peut bander sur un solo de guitare sans savoir en jouer. La différence c'est que ce monsieur bosse dans le milieu depuis 25 ans, et c'est la que le bat blesse.


Je vais pas m'étaler sur huit paragraphes, y'a assez de débat là dessus sur les intertubes, mais si on demandait à un illettré de pondre une review du dernier livre en vogue, on pourrait émettre certains doutes. Bah la c'est pareil.



"This match will get red hot !"



Revenons en à nos moutons : Oui, Cuphead est hardcore sa mère. Et je peux comprendre pourquoi ce pauvre homme en a autant chié sur le premier niveau (pas que le tuto, mais le premier Run & Gun du jeu, attention).


Cuphead racontes les mésaventures de Cuphead et Mugman, qui ont voulu se la jouer rainman au casino, et ont merdé sur la fin en misant leur âme. On est tous passés par la, le coup classique. Pas super joisses à l'idée de filer leur dû a El Diablo himself, our lord and savior Belzebuth leur propose de récupérer les âmes de divers endettés du monde d'Inkwell.


Comprenez par la que le jeu va majoritairement consister à casser la gueule d'une floppée de boss pour récuperer leurs âmes.




Et même si on part plutôt sur une belle falaise à angle droit que sur une courbe de difficulté traditionnelle, derrière cette suée se cache un gameplay varié sauce boss rush, entrecoupé de "Run & Gun" qui ressemblent plus a du side-scroller classique (en plus pimenté, ofc).


Notre ami Tête de Tasse (spéciale dédicace au Québec) passe aussi par des phases aériennes qui font écho aux bons vieux shmup, on est pas non plus sur du bullet hell japonais, mais ça reste foutrement difficile.


Cuphead adopte clairement la formule du Die & Retry : le défi est relevé, et il faudra se casser les dents à plusieurs reprises pour venir à bout des obstacles. Pas de chichis, on se viande, on fait start-bas-ok et on repart pour un tour de manège piégé jusqu'à ce que le glas de la victoire retentisse.


La encore, je peux comprendre l'argument du "meuh c tro dur", effectivement, si vous avez pas trop le temps de jouer, c'est peut être assez peu recommandé de passer ce court instant supposé vous apporter du plaisir à prendre un coup de seum sur Cuphead. Mais cracher sur ce jeu juste parce que vous puez du cul, c'est pas acceptable. Au pire vous le prenez sur Steam, et si vous sentez dans les deux heures que vous avez pas le temps pour ces conneries, vous vous faites rembourser.




Oui, il va probablement falloir s'y reprendre à un paquet de fois pour venir à bout de tel ou tel truc, souvent d'une phase à l'autre sur un même boss. Mais en apprenant les patterns, et en variant ses approches, notamment sur l'utilisation de différentes armes et bonus à équiper, on en vient à bout. Le plasir de la victoire peut varier de "Enfin !" à "OH PUTAIN OUI NIQUE BIEN TA GUEULE FILE MOI TON ÂME JE VEUX PLUS TE VOIR".


(Expérience soumise à conditions selon votre degré de stabilité mentale.)



Random Access Misery



Et même si dans l'ensemble, le défi est équitable, je vais évoquer le gros point noir du jeu, qui est l'aspect un peu RNG de certaines parties. La plupart du temps, quand tu meurs, c'est parce que t'as été plus ou moins une merde, mais sans le sentiment de t'être fait entuber. La défaite est cuisante, mais juste. Or, certains boss ont des éléments aléatoires qui peuvent vite devenir très chiants.


Je vais prendre l'exemple de Grim Matchstick, le dragon qui a une tête de vicos, qui est un des plus gros coupables de ce RNG faisandé. Le placement des nuages, qui sont les seules plateformes où vous placer, puisque le combat se déroule dans les airs, peut vous sauver tout comme il peut niquer votre run complètement. Et comme si c'était pas assez galère, y'a une phase avec des flammes qui sautent elles aussi sans réelle logique, ce qui m'a fait RQ comme un enfant. Pas glorieux, mais comme c'est pas entièrement ma faute sur ce coup là, j'ai une excuse.


Et c'est un problème qui se retrouve un peu partout, des fois un boss va cracher trois trucs au lieu de deux, ou le balancer avec un délai inhabituel, ce genre de conneries.
On va pas dire que ça tue le jeu, loin de là, certains diront même que ça fait parti du piment, mais ça reste un poil relou.




Y'a aussi le nombre de trucs qui se passent en même temps, même si le jeu est joli, ça manque parfois un peu de clarté. Suffit d'utiliser une arme comme le boomrang pour mettre un bordel pas possible sur l'écran. La aussi c'est pas gravissime, mais quand il faut faire un jump+dash avec précision, ça peut être pas mal de voir où on va, surtout si on s'équipe du bonus Smoke Bomb.


En particulier contre ce bâtard de Beppi et ses trouzmille trucs à esquiver.




Le système de parry, qui permet de remplir sa jauge d'attaque spéciale en tentant une manoeuvre de finesse sur certains objets marqués d'une couleur rose, est une très bonne idée... Mais dont l'exécution peut être assez périlleuse puisque c'est pas de ouf précis comme le reste de notre arsenal. Du coup des fois tu veux faire le boy et charger ton spécial vite fait, et en fait tu perds une vie inutilement comme un gros boloss. Oups.



Nique les rageux



Mais mis à part ces deux trois écueils, les aventures de notre ami en porcelaine (je pense, si ça se trouve c'est un vieux goblet en plastique) offrent une expérience assez exceptionnelle qui vaut franchement le détour.


Cuphead est souvent comparé à Dark Souls (comme 3/4 des jeux qui offrent un minimum de challenge, d'ailleurs, mais c'est un autre débat), mais je pense qu'une analogie avec Hotline Miami serait plus appropriée ici.


Hotline Miami a en partie contribué à l'émergence du mouvement retrowave-80s-whatever, avec son identité artistique poignante qui vient saupoudrer un jeu au gameplay simple mais punitif.


Et j’ai les mêmes vibes en jouant à Cuphead, l'impression d'avoir affaire à un truc qui va marquer son territoire et laisser une impression qui dure dans le monde vidéo-ludique. J'espère sincèrement que Cuphead aura le même impact, avec le boulot qui a été apporté par MDHR pour fignoler la bête, c'est tout ce que je leur souhaite.




A l'heure où j'écris ces lignes, le jeu a passé la barre du million de ventes, ça fait quand même pas mal de gens qui aiment souffrir sur un jeu qui a l'air tout mignon vu de loin. Mais c'est surtout la preuve qu'on peut faire un jeu à succès si on a de bonnes idées, sans devoir tenir la main du joueur h24.


Je suis pas la à clamer "git gud" au tout venant, je vais surement pas m'emmerder à compléter tous les niveaux au rang S, j'ai déja donné sur Hotline, mais putain, c'est quand même pas trop demander un peu de challenge.


Avec une industrie qui cherche de plus en plus à se casualiser pour appâter le chaland, ça fait du bien de voir un jeu qui s'en bat les couilles comme il faut et arrive quand même à s'en sortir commercialement.



"A Knockout !"



Verdict : 9 verres de lait sur 10, parce que j'ai toujours des flashback en mode Vietnam et que je suis rancunier, mais en vrai on frôle la perfection.

PfzBlacky
9
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le 14 oct. 2017

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PfzBlacky

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