Réclamé par une cohorte de fan souhaitant voir débarquer le phénomène Souls sur leur bécane de nantis, Dark Souls premier du nom a fait une entrée fracassante dans un catalogue Steam qui manquait alors terriblement d'ARPG masocores dans des univers de Dark Fantasy.
Publié dans un écrin particulier baptisé Prepare to Die Edition, la version PC incluait un contenu supplémentaire, temporairement exclusif, accordant plus d'importance au veilleur des Abysses.
Plus qu'une référence à Inigo Montoya, ce sous-titre sonnait comme un avertissement sur les heures difficiles à venir. Mais au-delà de la difficulté intrinsèque de l'aventure, je pense que personne n'imaginait devoir se battre contre les carences techniques d'un portage fainéant et particulièrement faisandé. Devenu célèbre à cette occasion, le modeur Durante publiait quelques jours plus tard une rustine providentielle, parvenant à sauver les meubles et paradoxalement la mise à un studio et surtout son éditeur, visiblement plus enclins à remplir leurs tiroirs-caisses que de déployer un véritable contrôle-qualité sur leurs produits.
Malgré le déblocage des résolutions et du framerate et la possibilité de modder le jeu pour lui permettre d'afficher des textures et des assets dignes d'un jeu du 21° siècle, le matériau de base restait un douloureux problème, auquel il fallait ajouter divers problèmes et bugs naissant de l'application de cette série de bricolages.
L'absence de véritable support technique officiel pour un portage aussi indigent en dit long sur le travail abattu et des moyens investis.


Résolu à ne plus commettre la même erreur, From Software développera ses prochains titres sur PC avant de les porter sur console. Il fallait au moins ça pour rassurer tous ces acheteurs mécontents.
Le moins que l'on puisse dire c'est que si techniquement Dark Souls 2 et 3 ne décrochent pas la mâchoire, le seuil d'acceptabilité est largement atteint, garantissant des expériences à mille lieues du cauchemars qu'a pu être le portage de l'opus fondateur.


La ressortie d'une version remastérisée pour le PC et les consoles de la génération actuelle (qui n'avaient jusque là connu que les deux derniers volets) n'est donc pas particulièrement étonnante.
Ce qui l'est encore moins c'est la douloureuse, qui, même réduite de moitié pour les possesseurs de la précédente version du jeu sur Steam, est une pilule bien difficile à avaler. On a pourtant déjà toussé pour l'upgrade Scholar of the First Sin mais Namco Bandai semble nous inviter ici à repasser à la caisse pour au choix nous faire acheter une seconde fois ce que nous pensions acheter la première, ou payer une mise à jour que nous étions largement en droit d'attendre "gracieusement".
Et c'est malheureusement tout ce qu'il faut espérer de cette Remastered Edition. En dépit des annonces assez claires sur le contenu de cette nouvelle version, j'aurais grandement espéré un véritable remake tirant parti du travail abattu sur le moteur et les assets de Dark Souls 3. À quelques shaders près, quelques jolis effets (les flammes, la fumée, les rayons, les ombres), quelques textures dignes de 2018 et une profondeur de champ vraisemblablement améliorée, ce remaster sera assez pingre. Dark Souls reste un jeu de 2011, sa technique déjà désuète alors ne faisant plus aujourd'hui illusion. Mais se balader à Blighttown en 4K avec un solide 60 fps a de quoi effacer quelques douloureux souvenirs. Côté gameplay, les bugs qui faisaient le bonheur des speedrunners semblent avoir été corrigés au bénéfice de nouveaux qui ne manquent pas de déclencher des torrents de sel en PvP. En définitive, la seule véritable amélioration de gameplay réside dans l'arrivée d'une option de multi-utilisation des objets, qui fera le bonheur des collectionneurs d'âmes qui tremblaient d'avance à l'idée de s'adonner à d'interminables allez-retours dans leurs inventaires.


Mais malgré son manque évident d'ambition, Dark Souls Remastered n'en reste pas moins la meilleure version disponible à ce jour pour se délecter de ce que je considère comme l'un des tout meilleurs jeux de ces dix dernières années.
Si les petits nouveaux auraient tort d'hésiter une seconde, les vieux briscards devront quant à eux trancher entre une certaine dose d'amertume et l'envie de re-découvrir cette pépite dans les meilleures conditions possibles.
De mon côté j'espère simplement que les mods abonderont pour cette nouvelle version également, garantissant d'approfondir un peu plus le lifting et que l'on bénéficiera surtout d'un véritable suivi cette fois-ci...

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le 28 mai 2018

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Yves_Signal

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