Une bien curieuse sensation se dégage après le grand final. Est-ce le dépit? l'effarement? ou au contraire le nirvana vidéo-ludique, la béatitude ultime du gamer? A moins qu'il puisse s'agir comme ça était le cas pour moi, d'une frustration profonde provoquée par l'impression d'avoir entraperçu quelque chose de grand, très grand, mais de n'avoir réussi à capter l'entier charme du soft, son essence la plus profonde.
On se retrouve avec un titre génial, bourré de bonnes idées mal abouties et mal amenées, cinglé et invariablement irritant. J'aimerai pouvoir lui pardonner ses nombreuses tares et les crises de rages que m'ont fait subir ses trop nombreuses injustices; Bug injuste, mort injuste, perte injuste, bref, ce jeu est un parfait outil pour cerner ses limites et il risque de régulièrement vous mettre à l'épreuve. Serez vous capables de prendre sur vous, de vous soumettre à ces incessantes, lentes et agaçantes phases de gunfight contre des morts vivants pachydermiques, tout ça pour la joie de poursuivre la trame scénaristique et de s'immiscer toujours un peu plus dans l'univers? En tout cas, vous ne le regretterez pas, mais y laisserez un peu de votre calme et de votre sérénité. Ce jeu épure son public, ne laissant que les partisans y vouant un véritable culte, seul eux auront le courage suffisant pour terminer le jeu.
C'est là ou le bas blesse, j'ai fait beaucoup de concessions mais n'ai pas l'impression d'avoir tant gagné au change, comme ceux qui y ont trouvé une oeuvre quasi-divine qui transcende les limites de son propre média. Deadly Premonition est indubitablement une oeuvre follement ambitieuse, et ça, ça donne beaucoup d'espoir quant au futur du JV, pour autant, j'y avais placé de grosses attentes dont la plupart n'ont pas été étanchées, c'est le danger de vouer un amour certain à une chose avant d'avoir pu l'expérimenter. Je garde malgré la déception une grande tendresse pour le jeu, qui non content de m'observer rager comme un porc en temps voulu, a su me ravir par ses grandes qualités incontestables, son imagination, son sens du récit, le soin apporté à l'ambiance et la finesse avec laquelle sont dessinés les caractères des protagonistes.
Le jeu a une âme, c'est certain. Sur le coup, je ne l'emploie pas à la légère. Vous la sentirez planer en dehors de vos séquences de jeu, après le final, et y repenserez avec mélancolie. Le jeu laisse son empreinte et comme j'ai pu le lire sur une autre critique, ne laisse clairement pas indifférent.
NOTE: La conclusion, on en voit pas le bout -elle dure bien 2 heures- mais elle est vraiment dingue, rien que pour ça je recommande le jeu. Ca part dans tous les sens, on a tendance à s'y perdre mais elle laisse beaucoup d'ouverture sur quelques pans du scénario, et surtout y a une putain d'implication émotionnelle du spectateur comme rarement vécu auparavant.