Deep Fear
7.1
Deep Fear

Jeu de Sega AM7 et Sega (1998Saturn)

On a parfois tendance à l’oublier, son immense succès sur la PlayStation l’ayant presque de facto affilié à la console de Sony, mais Resident Evil est également sorti sur Saturn ! Cependant, lorsqu’est annoncé le futur Resident Evil 2 au cours de l’année 1997, la machine de Sega est déjà très largement sur le déclin (notamment en Occident), ce qui pousse Capcom à purement et simplement boycotter la bécane pour se concentrer sur la version PS1, plus prometteuse financièrement parlant. Et comme l’ironie est une dame à la vertu aléatoire, le jeu finira par également sortir sur N64…et sur DreamCast.


Bref, les seuls couillonnés dans l’histoire étaient les malheureux possesseurs de Saturn… Lesquels, pour satisfaire leur dose de survival-horror, n’avaient pratiquement que la série des D à se mettre sous la dent…et faut avouer que ça ne rassasie pas des masses ! Fort heureusement, c’était sans compter sur feu-Sega AM7 (Shinobi, Phantasy Star, Streets of Rage…et plus tard Skies of Arcadia), réquisitionné pour offrir à ses aficionados une alternative crédible au ténor du genre, exclusive à la machine : Deep Fear. Point de zombis décharnés ni de manoir crasseux ici, une menace bien moins folklorique nous attend à 300 mètres de profondeur…


Il y a 40 ans, une capsule avec un chimpanzé à son bord fut envoyée dans l’espace afin d’étudier les effets des rayons cosmiques sur un être vivant (SPA powa). Déclarée perdue, elle est finalement revenue d’elle-même, et s’est échouée dans le Pacifique, non loin de la Big Table, un immense complexe sous-marin abritant entre autres choses un important centre de recherches. Récupérée par un petit sous-marin nucléaire, le Sea Fox, elle est finalement remorquée jusqu’au complexe. En ouvrant la capsule, les scientifiques font une incroyable découverte : le singe est toujours vivant, en état d’hibernation avancé, mais surtout ne semble pas du tout avoir vieilli ! Une aubaine pour la science qui, si elle arrivait à comprendre le phénomène, pourrait résoudre un des problèmes majeurs liés à l’exploration spatiale…


Évidemment, c’est là que tout part en cacahuètes (sinon Deep Fear se limiterait à sa cinématique d’intro) : les amarres du Sea Fox se détachent mystérieusement "toutes seules", et le sous-marin finit par armer une torpille qu'il lance directement dans le bâtiment où est stocké le régulateur d'oxygène ! Pour parachever le tout, certains membres du personnel commencent inexplicablement à muter en d'horribles créatures morbides et mortelles… Ce sera à nous, John Mayor, secouriste de notre état et apparemment imunisé contre ce qui semble être un virus mutagène, de tenter de remettre de l'ordre dans tout ça…


Pour ce qui est des bases du gameplay, quiconque a tâté de la saga de Capcom retrouvera vite ses marques, que ce soit le contrôle du 36 ton... euh du personnage, la visée automatique épargnant nombre de crises de nerfs ou encore une gestion de l’inventaire très similaire. Deep Fear amène cependant quelques featurettes interessantes, dont une primordiale : la possibilité de se mouvoir tout en visant l’ennemi. Ouaip, comme dans Resident Evil 6, mais 14 ans plus tôt…


Le jeu se déroulant dans les fonds marins, il faudra également faire attention au taux d’oxygène de certaines pièces, sous peine de mourir d’asphyxie, en activant un module dans la-dite pièce (s’il y en a un), ou en balançant une grenade à oxygène. On peut aussi s’équiper d’un masque O2, qu’il faudra penser à recharger de temps en temps ; un masque qui sert d’ailleurs à traverser les endroits complètement inondés, dans lesquels on avance au ralenti, contrairement aux ennemis…qui sont heureusement rarement plus de 1 lors de ces phases-là…


Si l’ensemble du doublage est tout juste correct, même pour l’époque (il y a bien 2-3 erreurs de casting), Deep Fear propose un environnement sonore globalement très bon, qui met bien dans l'ambiance. Les musiques savent se faire discrètes, tantôt atmosphériques, tantôt oppressantes, tantôt…absentes, ce qui permet de profiter d’effets sonores convaincants, donnant vraiment l’impression d’évoluer dans les profondeurs abyssales. Un peu à la BioShock, on "ressent" la relative fragilité de l’édifice, avec les gouttelettes d’eau qui fracassent le sol metallique dans un bruit assourdissant, ou encore l’air qui se faufile dans les systèmes d’aération. L’humidité des lieux en est presque "palpable"…


Côté visuel, à l’instar de son modèle, les décors sont représentés en 2D précalculée avec des angles de caméra fixes, dans lesquels John, pnjs et abominations sont modélisés en 3D. Ça manque un brin de diversité (rien ne ressemble plus à un couloir metallique qu’un autre couloir metallique) mais c’est plutôt joli (et surtout cohérent), avec notamment des jeux de lumières bien foutus. La 3D en revanche… allez, ça reste franchement acceptable, en particulier pour la bécane reine de la 2D. Faut juste ne pas mettre le jeu en concurrence avec Resident Evil 2 ou Dino Crisis


Dans sa globalité, Deep Fear est donc un très bon jeu…mais pas forcément le meilleur des survival-horror ! Il propose en effet un game design trop friendly, qui peut ruiner l’expérience de jeu si on la surexploite : on peut retourner à tout moment dans les armureries et pharmacies pour faire le plein de munitions, de grenades à oxygène et de sprays de soin, qui sont dispensés à l’infini ! Le côté "survie" en prend alors un sacré coup, surtout si on y additionne les chargeurs démesurément extensibles, même avec des gros calibres comme le fusil à pompe…


Au final, malgré son titre excellemment bien trouvé, Deep Fear ne fout absolument pas les jetons, et ça la fout un peu mal quand on se réclame du "survival-horror" ! On a bien quelques sursauts, du style un monstre qui tombe du plafond, mais comme on est toujours blindé de munitions et de soins, on se venge dans la seconde qui suit de cette éphémère surprise en lui rentrant dans le lard… Bref, pour vraiment profiter de Deep Fear, il faudra alors soit s’auto-restreindre, soit considérer le jeu pour "ce qu’il est vraiment" : un shooter très sympa dans un milieu claustro original…

Wyzargo
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le 8 mai 2017

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