DmC: Devil May Cry
6.9
DmC: Devil May Cry

Jeu de Ninja Theory et Capcom (2013PC)

Alors que la saga Devil May Cry avait effectué un passage en demi-teinte à la génération HD avec son quatrième épisode, voilà que Capcom décide tout simplement de rebooter sa série de beat'em all 3D survolté et d'en confier le développement à Ninja Theory, à qui l'on doit les "bien mais pas top" Heavenly Sword et Enslaved. Pari risqué, d'autant plus que le studio anglais fait preuve très tôt d'une surprenante audace lors de la publication des première images du jeu. Le nouveau Dante est plus jeune que jamais et, grand sacrilège... brun. Alors que la plupart des fans prennent ce relooking pour un affront personnel, d'autres se montrent intrigués par cette volonté de changement. Personnellement, je suis un peu partagé entre les deux sentiments. Mais bon, en tant qu’aficionado de la série (enfin, surtout du premier et troisième épisode), impossible de faire l'impasse sur cet opus, ne serait-ce que par pure curiosité.

La cinématique d'intro peut laisser planer un certain doute mais une fois la manette en main, pas de doute possible : on joue bien à un Devil May Cry. On retrouve le système de combo bien connu basé sur le timing, on fait voler les ennemis d'un revers d'épée avant de les cribler de plomb, le plaisir est tout de suite présent. C'est nerveux, jouissif comme avant, et l'opposition ange/démon apporte une petite touche d'originalité bienvenue. Car oui, Dante n'est plus un humain demi-démon comme à la belle époque mais mi-ange mi-démon. Carrément. Et il n'y a pas que ses origines qui ont changé. Le fils de Sparda n'est plus le dandy débordant de classe que l'on connaissait mais une jeune racaille émo-punk. Son caractère n'est pas très éloigné de celui du jeune Dante de DMC3, mais le changement reste brutal. Ça fait mal au début, puis on s'y habitue. Finalement je trouve qu'il s'en sort mieux que son frangin Vergil, qui lui est devenu une espèce de petit bourgeois coincé. C'était pas la peine d'en faire autant pour marquer la différence entre les deux frères, mais bon. Pourquoi pas. Kat, une ado goth-bonnasse pratiquant la sorcellerie complète le trio des personnages principaux. La coopération entre cette dernière et Dante constituera d'ailleurs une composante essentielle de DmC, puisque Kat, en tant que médium, sera le lien entre le monde réel et les limbes dans lesquelles évolue Dante. Je ne détaillerais pas ici car je conseille plutôt de le découvrir en jouant, mais la façon dont les deux mondes se superposent est vraiment bien foutue. Car si j'adhère moyennement au design des personnages, difficile d'en dire autant de celui des décors. Non seulement le level design est des plus inspirés, mais le jeu fourmille de trouvailles graphiques époustouflantes. Et s'il y a un terrain sur lequel je n'attendais pas ce jeu, c'est bien sur celui de l'originalité visuelle. Pourtant, on en prend plein la vue et certains partis pris sont vraiment couillus. La direction artistique ne fera certainement pas l’unanimité mais elle mérite d'être saluée. On appréciera aussi le bestiaire tout neuf. Du côte de la bande son, si je me serais bien passé de la dubstep, je dois avouer que l'ensemble est plutôt efficace. A noter que pour la première fois, la série propose un doublage français, et il est de qualité. Les dialogues ne volent pas bien haut, mais sont étonnamment crus. Entendre ce nouveau Dante déverser un flot incessant d'insultes sur ses ennemis avant des les trucider provoque un certain plaisir coupable.

Au final, les défauts de ce reboot sont malheureusement les mêmes que ceux que la série se trimbale depuis le premier épisode : scénario inintéressant, aventure très courte, phases de plate-forme hasardeuses, et surtout ces foutus problèmes de caméra. Même les animations ne semblent pas avoir évoluées en 12 ans, et paraissent bien éloignées des standards actuels. On regrettera aussi la facilité déconcertant du jeu en mode normal, alors que la série était réputée pour être particulièrement exigeante. Dans ce DmC on enchaîne les rangs S sans forcer, on ne meurt que très rarement, et de toute façon les checkpoints sont tellement nombreux que l'on en vient à se questionner sur l'utilité des orbes jaunes. Même les boss n'offrent aucun challenge, et c'est d'autant plus dommage que les affrontements sont joliment bien mis en scène. En revanche j'ai plutôt apprécié le remplacement du lock manuel par ce verrouillage automatique intelligent qui fonctionne à merveille. Un dernier mot sur le portage PC pour terminer sur un bon point. Non content d'être irréprochable, il rend le jeu largement supérieur à ses homologues console en terme de finesse graphique et surtout de fluidité. Ça fait toujours de plaisir de voir le soin nouveau que porte Capcom à ses versions PC. Espérons que l'arrivée de la nouvelle génération de consoles de salon ne change pas la donne...

Contre toute attente et malgré quelques ombres au tableau, ce reboot de Devil May Cry est une franche réussite. Et après un chapitre final qui remet les choses en ordre tout en préparant le terrain pour une suite, on ne peut que souhaiter que Ninja Theory continue sur sa lancée, impatient de voir comment cette nouvelle série va évoluer.

Créée

le 3 févr. 2013

Modifiée

le 5 févr. 2013

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Attichit

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