DmC: Devil May Cry
6.9
DmC: Devil May Cry

Jeu de Ninja Theory et Capcom (2013PlayStation 3)

L'annonce de l'alliance avec Ninja Theory pour le développement du "Devil May Cry 5" a été une surprise pour beaucoup de gens. Le plus douloureux fut la découverte d'un trailer montrant un Dante "transfiguré" qui au lieu d'être vu comme un hooligan rebelle et caractériel, fut perçu pour la plupart comme un personnage au look emo vomitif. Un fait qui condamna ce jeu aux yeux d'une grande partie du grand public avant même qu'il montre ses tripes.
Faisant son petit bonhomme de chemin avec l'aide de Capcom pour son système de combat, le développement du jeu continue doucement sans se soucier des critiques véhémentes et gratuites envers ce "reboot" de la licence originelle.
Nous allons constater ensemble ce qu’il en est manette en main.

D for DmC :
L’histoire se déroule dans une société contemporaine ou les démons régissent, à l’abri du regard des hommes, le quotidien de ceux-ci. Le monde est partagé en deux dimensions, la « réalité » et les limbes. Les créatures démoniaques peuvent exister dans les deux et ils se servent « d’éléments » dans leur dimension pour asservir/influencer les hommes et les plier à leur volonté. Une société secrète se faisant appeler l’Ordre, se sert de tous les médias mis à leur disposition pour tenter de faire entendre raison aux êtres humains. Mais cette approche pacifique commence à montrer ses limites. Elle rentre alors en contact, par le biais du personnage de Kat, avec un Néphilim (Mi-ange/Mi-Démon) insoumis, amnésique et rebelle qui se prénomme Dante. Sa capacité à pouvoir passer d’un monde à l’autre et ses qualités de combattant en font le candidat idéal. Il devra alors détruire des lieux et des figures importantes qui sont les piliers de cette machination imaginée et contrôlée par Mundus. Dans cette lutte, Dante apprendra des choses sur son passé et devra faire des choix dont dépendra l’avenir de l’humanité.

« It’s a go go not cry cry » Cherry Darling
La vraie force de ce reboot, c’est sa direction artistique cohérente et la maturité qui en découle. La superposition des limbes et de la réalité rappelle un peu celle du purgatoire et du monde des hommes de Bayonetta. Quelle ironie ! L’élève a donc fini par apporter un petit quelque chose au maître. Les influences occidentales offrent à ce soft un côté beaucoup plus « purulent» et sale que pour ses prédécesseurs. Les limbes sont un amas de choses peu ragoûtantes ou de décors « brisés » et chaotiques offrant un visuel plus qu’efficace. Le design des ennemis est tout aussi « sympathique ». Poupées désarticulées sécrétant un liquide noirâtre, embryon difforme et gigantesque, robots équipés de scies circulaires contenant dans son estomac vitré une tête de bébé…Ce musée des horreurs compose le bestiaire malsain de ce DmC montrant encore une fois cette esthétique plus violente et moins « japanisante ». Même si on est fan de l’ancienne philosophie de la licence, ce petit bol d’air pertinent et maitrisé est loin d’être désagréable. La variété des différents niveaux traversés et l’ambiance particulière qui se dégage de chacun d’entre eux agrémentent vos péripéties d’un renouvellement permanent. Originaux au possible, les levels vont aisément de la fête foraine dévastée, où vous faites vos armes, à la boite de nuit chic mais glauque « made in limbes ». Ils distillent tous une atmosphère particulière magnifiée par une bande son qui tape toujours juste. Noisia et Combichrist sont présents sur la celle-ci pour un résultat aussi excitant que terriblement dans les tons du soft de Ninja Theory/Capcom. Par contre, l’un des rares bémols de ce jeu, c’est de souffrir de la comparaison avec le un et le trois et de proposer un manque de challenge pour les initiés aux canons de la licence. C’était déjà le cas pour le quatrième opus. Après comme c’est coutume dans la série des Devil May Cry, pour tirer toute la quintessence du gameplay et faire les combos les plus impressionnants qui soient, il faut quand même de la pratique et un minimum syndical de skill. L’impudence du « nouveau » Dante est un vrai régal et agrémente le tout de son humour acerbe et irrésistible. Tous les protagonistes de la série à la sauce « English » se parent d’une dimension psychologique bien sympathique qui sans révolutionner quoique ce soit propose, tout de même, une approche différente plutôt dépaysante et inhabituelle.

Les démons se cachent pour mourir.
Le gameplay porte les stigmates du savoir-faire de Capcom en ce qui concerne le passif de la licence. Le switch d’armes en temps réel hérité du troisième opus, le Stinger, le Million Stab et autres coups auxquelles sont habitués les « pratiquants » de Devil May Cry, permettent toujours de faire mumuse avec les adversaires en en prenant plein les mirettes. Le petit truc en plus, c’est de pouvoir swicher au choix, et en plus de Rébellion, entre des armes lourdes et lentes (les armes démoniaques) et des armes légères et rapides (les armes angéliques). Autant dire que cela dépendra de vos préférences en tant que joueur. Par contre certains ennemis exigent l’utilisation de l’un ou l’autre pour pouvoir leur infliger des dégâts. Il y a également un élément inspiré du Devil Bringer de Nero dans le quatrième opus de la série qui vient s’ajouter à une liste déjà assez exhaustive. Un grappin vous permettra, selon que vous portez une arme angélique ou démoniaque, de vous projeter en avant ou d’attirer l’adversaire à vous afin de continuer vos enchainements. Cela vous aidera également dans des phases de plates-formes plus présentes que dans les anciens opus. Bien évidemment, ce DmC ne déroge pas à la règle et propose plusieurs armes à feu déblocables en plus des mythiques Ebony & Evory. Chacune proposant son maniement plus ou moins différent et brutal. Il en va de même pour les armes démoniaques et angéliques. Vous en débloquerez plusieurs qui feront échos à certaines déjà rencontrées dans la série. Ce qui offre une autre dimension aux combos du Dante de ce reboot, c’est les animations de ses différents coups. Elles donnent aux coups plus d’amplitude et une impression de puissance et de force qui tranche un peu avec la maitrise parfaite et la mise en scène nerveuse de son itération nippone. En ce qui concerne les défauts, on a déjà évoqué la grande accessibilité et le manque de difficulté, mais ce qui dérange le plus dans ce DmC, c’est le fait qu’ils aient supprimé le lock manuel au « profit » d’un lock automatique anecdotique qui nous fait souvent rager de frapper le mauvais adversaire comme dans GoW ou autres beat’m all occidentaux faisant appel à ce système. Et enfin une suppression qui ne manque pas plus que ça mais qu’il est important de noter, l’absence des styles de Dante qui ont été implantés à partir du trois, à savoir : le Tricster, le Royal guard, le Gunslinger et le Swordmaster (mention spéciale au Quicksilver, au Doppleganger et au DarkSlayer). Le gameplay suffisamment complet s’en tire brillamment sans trop de mal, mais autant le dire ici afin de prévenir les fans de la première heure.


Des monts et merveilles : DmC est un reboot de Devil May Cry pertinent et enivrant qui renouvelle un peu la série en la parant d’un habillage tout autre qui brille par sa maturité et sa profondeur. Avec ce projet ambitieux, Ninja Theory prouve qu’ils sont doués pour nous proposer des univers cohérents et envoutant. Associé au charisme de la licence originelle le résultat est plus qu’appréciable.
Roxassanctuary
8
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les petites merveilles de ces derniers mois. et Claques dans la tronche et beat'm all comme on les aime !

Créée

le 28 juil. 2013

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Roxassanctuary

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